En affaires comme au hockey, ce ne sont pas les défis qui manquent. L’ancien joueur étoile Martin St‑Louis, désormais entraîneur-chef des Canadiens de Montréal, en sait quelque chose. Ailier droit talentueux, il a remporté la Coupe Stanley et d’innombrables autres trophées au cours de sa carrière. Toutefois, ses débuts dans les rangs professionnels ont été loin d’être faciles. En fait, à sa première tentative d’entrer dans la grande ligue, il n’a pas été repêché…
De ce premier revers, il a tiré une importante leçon : toujours croire en soi, peu importe ce qui arrive. M. St-Louis a récemment fait part à BMO de ses réflexions sur la persévérance, la détermination et le leadership.
Premièrement, donner l’exemple
Pour l’entraîneur-chef, un bon leader doit d’abord donner l’exemple afin de mériter le respect de son équipe. « Le respect n’est jamais donné, il est toujours gagné », dit Martin St‑Louis. Dès le départ, il faut donner l’exemple en démontrant son éthique de travail et la façon dont on traite les autres. Une fois que vous avez gagné le respect de votre équipe, vous pouvez influencer les gens avec vos mots, car ils font confiance à la personne derrière ces mots et la respectent.
Bâtir sa culture, établir ses valeurs
Une culture forte, c’est la base du succès, selon Martin St‑Louis. « Tu peux avoir les meilleurs joueurs, si ton équipe ne s’appuie pas sur une bonne culture, tu vas seulement obtenir des petites poches de succès », dit-il.
À ses yeux, la culture s’articule autour de trois axes. D’abord, le respect. « C’est le point de départ. Tu dois traiter tout le monde de façon égale, souligne-t-il, que ce soit le jeune joueur qui gagne 7 millions ou le gars qui lave l’équipement. »
Vient ensuite la responsabilité envers l’équipe. « Tu as un travail à faire. »
Enfin, l’enthousiasme. « Pour moi, venir à l’aréna le matin au lendemain d’une défaite – quand tu t’es fait blaster par les journalistes la veille – et travailler fort sur la glace, c’est de l’enthousiasme. »
Selon lui, si une équipe a du talent et qu’elle adhère à cette culture, elle aura un succès beaucoup plus constant.
S’adapter à la génération montante
Comme bien des gens de sa génération – il a 49 ans –, Martin St‑Louis a grandi à une époque où l’autorité était rarement remise en question.
Aujourd’hui père de trois garçons, il constate que les choses changent. Les jeunes veulent comprendre pourquoi il leur demande de faire les choses de telle façon et pas de telle autre. « Donc malgré ma position de leadership, je dois convaincre mes joueurs chaque jour, je dois leur vendre mes idées pour qu’ils y adhèrent. Contrairement à mon époque, les jeunes ne sont plus motivés par leur crainte du coach. Par contre, une fois qu’ils sont convaincus, ils travaillent plus fort! »
Faire face au changement en restant concentré
Que ce soit au hockey ou dans le monde des affaires, on affronte inévitablement des vents contraires. Pour Martin St‑Louis, il n’y a qu’une solution pour y faire face : se concentrer sur ce qu’on peut changer sans trop s’attarder à ce qui ne dépend pas de notre volonté. « Si un joueur est blessé pendant un match, par exemple, je ne peux pas laisser la situation m’envahir. Ce qui est fait est fait. Et l’équipe doit continuer de jouer malgré tout. »
Sur un mur du vestiaire, l’entraîneur-chef a d’ailleurs accroché une affiche qui dit « Win the Day » [Traduction libre : À chaque jour sa victoire]. En d’autres mots, oui on peut apprendre d’hier et s’inquiéter du lendemain, mais il faut donner son maximum aujourd’hui. « Pour moi, il faut établir des objectifs à court terme fondés sur les évènements du passé, tout en gardant le cap sur le but ultime que l’on poursuit, quel qu’il soit. »
Régler un problème à la fois
Fidèle à lui-même, Martin St‑Louis poursuit d’un élan philosophique pour expliquer sa façon de continuer à grandir dans la vie. « Il ne faut pas écouter pour entendre, mais pour apprendre. Il ne faut pas regarder pour voir, mais pour apprendre, dit-il. Moi, la game me parle. Je l’écoute, je la regarde et j’apprends ce qu’il faut changer pour l’améliorer. »
Une fois qu’il a déterminé ce sur quoi il va agir, il identifie ses priorités, car comme il le dit lui-même, on ne peut pas tout faire en même temps. « Même si je sais qu’il y a trois ou quatre choses à régler, je choisis la plus importante et je m’y attaque. »
De plus, regarder son équipe agir lui parle. Il lui suffit d’observer ses joueurs : leur moral, leur comportement à l’entraînement, dans l’avion, à l’hôtel. « Je suis toujours à l’écoute pour savoir comment agir. Ont-ils besoin d’être rappelés à l’ordre ou de se faire dire qu’ils sont beaux et bons? Il faut s’adapter, parce que selon moi, toujours interagir avec eux de la même manière n’est pas très efficace pour atteindre tes objectifs. »