Lorsqu’il est question de la santé mentale des femmes, nous avons certaines connaissances.
Nous savons que les éléments fondamentaux qui caractérisent les crises de santé mentale touchent de façon disproportionnée les femmes, qui présentent des taux plus élevés d’anxiété et de troubles de l’humeur que les hommes. Et nous savons que la santé mentale des femmes est sous-évaluée, sous-financée et sous-étudiée; seulement 3 % de la recherche en santé porte sur la santé des femmes en particulier (article en anglais seulement). De plus, nous savons qu’il existe un besoin impérieux de voir les chercheurs, les décideurs et les entreprises accorder la priorité à la santé mentale des femmes.
Mais nous ne savons pas toujours comment soutenir la santé mentale des femmes dans le cadre de la vie quotidienne.
Récemment, BMO Gestion privée a organisé un déjeuner-causerie à Calgary, en partenariat avec womenmind, une communauté composée de philanthropes, de leaders éclairés et de scientifiques qui travaillent avec la Fondation du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) afin de combler l’écart entre les sexes en matière de santé mentale (page en anglais seulement). L’animatrice June Zimmer, présidente régionale, Ouest du Canada, BMO Gestion privée, a donné le ton à la discussion : « À BMO, nous avons une riche tradition en ce qui a trait au soutien des femmes, a-t-elle dit. Nous savons que l’avenir dépend de la confiance des femmes en leur pouvoir d’agir. » Mme Zimmer a ensuite engagé une discussion inspirante et instructive avec les panélistes Sandi Treliving, membre du conseil d’administration de la Fondation du CAMH et donatrice fondatrice de womenmind, la Dre Seema Parmar, directrice des renseignements en matière de santé au sein de l’équipe des services-conseils de la Cleveland Clinic Canada, centre médical universitaire sans but lucratif, et Jenn Harper, fondatrice de Cheekbone Beauty, une marque autochtone de produits de beauté durables.
Chacune des femmes de la table ronde a raconté avec franchise sa propre expérience avant de faire des suggestions pratiques pour soutenir la santé mentale des femmes, qu’il s’agisse de membres de la famille, d’amis ou de collègues. Voici trois de leurs suggestions.
Comprendre les différences
Selon la Dre Seema Parmar, la plupart des gens ont encore beaucoup à apprendre sur les femmes et la santé mentale. En premier lieu, bien des gens ne savent pas que les hommes et les femmes ont une expérience très différente en ce qui a trait à la santé mentale. « En raison de nos hormones, l’interaction entre santé physique et santé mentale est quelque chose de très particulier aux femmes, a expliqué la Dre Parmar. C’est quelque chose que nous vivons toutes, et les choses fluctuent beaucoup. Nous constatons des variations dans notre forme physique, dans notre apparence, dans nos sensations, dans notre sommeil et dans nos humeurs. » Cette instabilité est l’une des principales raisons pour lesquelles les femmes ont toujours été exclues des recherches cliniques en matière de santé mentale, a-t-elle ajouté. De plus, elle est à l’origine d’une stigmatisation qui a fait en sorte que beaucoup de femmes se sont dit qu’elles n’avaient pas d’autre choix que de souffrir en période de crise.
Plus les gens s’informeront sur les causes, les symptômes et les circonstances entourant la santé mentale des femmes, plus celles-ci se sentiront à l’aise d’en parler et, surtout, de demander de l’aide. « Nous devons effacer la honte, a déclaré la Dre Parmar. Si nous continuons à nous cacher et à faire comme si de rien n’était, nous ne réussirons pas à comprendre quelles sont les solutions dont nous avons besoin. Et beaucoup de femmes n’obtiendront pas les soins dont elles ont besoin. »
Servez-vous de votre influence
Un des thèmes récurrents de la conversation a été l’importance de faire tomber les préjugés entourant la santé mentale des femmes et de demander de l’aide en milieu de travail. Jenn Harper a parlé de ses efforts en vue de mettre sciemment cela en pratique à Cheekbone Beauty. Dès les débuts de son entreprise, l’une de ses priorités a été de créer un environnement où les gens se sentiraient entièrement à l’aise de parler de ce qu’ils vivaient. « J’en ai fait une mission personnelle », a-t-elle expliqué.
Concrètement, cela l’a obligée à se renseigner sur la santé mentale au travail, à normaliser le fait que de nombreuses personnes sont aux prises avec ce problème et à modéliser la vulnérabilité. Laisser aller ses sentiments est quelque chose de très bien vu à Cheekbone Beauty; Jenn Harper n’hésite pas à pleurer au travail lorsqu’elle a une journée difficile, et elle considère comme un élément de fierté le fait que les membres de son équipe se sentent en sécurité de le faire, eux aussi.
« J’ai été élevée par une génération où on nous a dit d’avaler notre pilule ou de nous comporter comme des hommes, a-t-elle raconté. J’adore le fait que nous ayons changé cette mentalité. Il n’est pas nécessaire de se comporter ainsi à Cheekbone Beauty. »
En plus de créer des milieux de travail où les employés se sentent en sécurité et soutenus sur le plan psychologique, les leaders peuvent également calibrer la façon dont ils réagissent face aux femmes en difficulté au sein de leurs équipes. Pour Jenn Harper, le simple fait de poser une question telle que : « As-tu besoin que je t’écoute, ou as-tu besoin d’une solution? » indique à la personne qu’elle est soutenue et qu’elle est importante.
Joignez-vous au mouvement
L’ampleur et la profondeur de l’écart entre les sexes en matière de recherche et de traitement en santé mentale peuvent être déconcertantes. Par exemple, jusqu’à tout récemment, les femmes se faisaient régulièrement prescrire des antidépresseurs et d’autres médicaments qui n’avaient jamais été testés sur des sujets féminins (site en anglais seulement). C’est une situation intenable, selon Sandi Treliving : « Le moment est venu d’investir en nous-mêmes. Nous devons faire ces travaux de recherche. Nous ne pouvons pas continuer à être traitées avec des moyens archaïques. »
Mais changer des décennies de façons de faire imparfaites en matière de recherche et de traitement ne peut se faire en vase clos. C’est en partie ce qui a poussé Sandi Treliving à s’impliquer auprès de womenmind. Depuis son lancement en 2020, l’initiative a soutenu l’embauche de femmes scientifiques pour étudier la santé mentale des femmes, financé des subventions de recherche, mis sur pied des programmes de mentorat et de leadership et travaillé à sensibiliser les gens à la cause. En bref, il s’agit de tisser des liens entre ces différents éléments, de favoriser une meilleure compréhension et d’attirer l’attention.
« Nous voulons qu’un plus grand nombre de femmes se joignent à nous à mesure que nous apprenons, a déclaré Sandi Treliving. Nous créons un mouvement. Parce que le moment est venu. Il est plus que temps, vraiment. »
Ressources
Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH)
CAMH womenmind