Deux saisons. Deux participations consécutives à la grande finale des séries de la Coupe Stanley. Dans toute l’histoire de la LNH, seulement deux entraîneurs-chefs sont parvenus à remporter 80 victoires plus rapidement. Kris Knoblauch a sans aucun doute fait sa marque depuis son arrivée à Edmonton à titre d’entraîneur-chef des Oilers, en 2023.
À l’occasion d’un événement de BMO Gestion privée qui s’est tenu récemment à Edmonton, Kris Knoblauch a répondu aux questions de Tony Brar, reporter principal auprès de l’équipe et animateur pour la chaîne Oilers TV, sur la façon de réussir dans l’un des environnements les plus impitoyables de la LNH. « Son nom est déjà associé à 29 victoires en séries éliminatoires de la Coupe Stanley, a déclaré Tony Brar. Savez-vous à quel point il est difficile d’y parvenir en seulement deux saisons? »
Alors qu’il pense déjà à une autre participation aux séries qui le mènera jusqu’au championnat, Kris Knoblauch s’est remémoré son parcours depuis les ligues juniors, et il nous a fait part de certaines leçons en matière de leadership qui l’ont aidé à surmonter l’adversité et à gagner la confiance de son équipe, et nous a parlé de ce qu’il faut pour obtenir des résultats au plus haut niveau du hockey professionnel.
Allez toujours droit au but
Peu de choses sont aussi stressantes qu’une vague demande de rencontre de la part du patron. Kris Knoblauch comprend cela, alors il ne laisse pas ses joueurs dans le flou. Il les protège contre l’anxiété en faisant preuve d’« empathie tactique », une stratégie qui permet d’atténuer les tensions qui peuvent se développer dans les environnements sous pression. Cela signifie d’informer les gens de ce qui est à l’ordre du jour et de leur dire dès le départ que leur travail n’est pas menacé.
« Beaucoup de joueurs sont anxieux quant à leur situation au sein de l’équipe, en particulier pendant le camp d’entraînement, a-t-il expliqué. Avant de leur parler, je veux m’assurer qu’ils comprennent bien qu’ils n’ont pas à s’inquiéter de se voir retranchés du camp d’entraînement. Cette clarté bâtit la confiance. »
Par ailleurs, il communique fréquemment avec ses joueurs à l’occasion de ce qu’il appelle une réunion « Où est-ce que j’en suis? ». Ces discussions portent sur ce qu’un joueur apporte à l’équipe et sur les points qu’il peut améliorer, ce qui remplace l’anxiété par un sentiment d’utilité. Il a constaté que ces conversations vont beaucoup plus loin que le simple fait de communiquer des renseignements.
En ce qui concerne la rétroaction, Kris Knoblauch favorise la concision, en ne donnant que quelques renseignements exploitables au lieu d’une longue liste d’éléments. « Moins, c’est plus, selon lui. Si vous mettez l’accent sur tout, vous finissez par ne mettre l’accent sur rien. »
Faites appel à vos leaders
Le changement peut être déstabilisant, alors lorsque Kris Knoblauch veut mettre en place quelque chose de nouveau, il ne se présente pas devant l’ensemble de l’équipe pour l’annoncer. Il aborde plutôt le sujet avec ses capitaines, et se fie à eux pour transmettre le message. « J’ai obtenu beaucoup plus de succès en ne partageant l’information qu’avec un petit groupe de leaders, a-t-il expliqué. Ils sont plus réceptifs, et le changement se fait alors de façon beaucoup plus harmonieuse. »
Il s’assure également que ses meilleurs joueurs comprennent que leur attitude et leur éthique de travail donnent le ton pour tout le monde. « Je communique toujours leur importance pour la réussite de l’équipe, explique-t-il. Lorsqu’ils ne jouent pas au meilleur de leurs capacités ou ne fournissent pas assez d’efforts, cela ne les affecte pas seulement eux, mais aussi beaucoup d’autres joueurs. »
N’hésitez pas à faire appel à d’autres sources d’information
Il est naturel de faire confiance à votre instinct, mais les bons leaders savent quand le remettre en question. Kris Knoblauch admet que son premier instinct est d’être absolument sûr de lui avant de corriger le comportement d’un joueur. Mais cette prudence peut avoir des répercussions négatives. « Il peut être beaucoup plus efficace de corriger quelque chose sur-le-champ au lieu d’en faire un suivi deux jours plus tard. Si je me trompe, je pourrai toujours revenir en arrière et admettre que j’avais tort. »
Il se méfie tout autant de ses préférences, et dans une époque où tout est analysé, il a appris à se servir de données concrètes pour remettre en question ses hypothèses. « J’ai une préférence à faire jouer certains joueurs, a-t-il expliqué. Mais il est inestimable de disposer de cette source externe d’information, qui me dira si ma préférence pourrait ne pas être aussi bonne que je le pensais. Cela m’aide vraiment dans la prise de décisions. »
Apprenez à contrôler vos émotions
Axez vos efforts sur ce que vous pouvez contrôler. C’est ce que Kris Knoblauch aime rappeler à ses joueurs lorsque l’anxiété augmente. Il tente toujours d’adopter cette approche derrière le banc pour contrôler ses émotions, surtout lorsque les esprits s’échauffent ou que les décisions des arbitres ne lui plaisent pas, sachant que ses joueurs le regardent.
« Je crois que personne n’a jamais réagi positivement à un comportement irrationnel. Je sais également que je prends mes pires décisions lorsque je suis contrarié, a-t-il dit. En tant que leader, vous devez faire preuve d’émotion, mais vous devez faire très attention à la façon dont vous le faites. La ligne est ténue. »
Ses joueurs savent que sa porte est toujours ouverte, qu’il s’agisse de hockey ou de quelque chose de plus personnel. Si un joueur éprouve des difficultés sur la glace ou que sa vie à l’extérieur de la patinoire n’est pas satisfaisante, il s’efforce de lui venir en aide, sachant que les gens réussissent mieux lorsqu’ils se sentent soutenus. « Si l’on prend soin de la personne, si elle a confiance en elle, elle sera une bien meilleure personne et un bien meilleur joueur. »
Ce qui compte le plus pour Kris Knoblauch, ce n’est pas d’être sous les feux des projecteurs et d’être celui qui prend toutes les décisions. En fait, son objectif est de bâtir un groupe qui peut s’épanouir par lui-même. « C’est agréable de sentir que l’on a besoin de vous, a-t-il expliqué. Mais si vous faites vraiment du bon boulot, les membres de votre équipe peuvent fonctionner sans vous. »