On dit sans hésiter que la santé mentale est synonyme de santé, mais pour les femmes, ce n’est pas si simple. Les femmes accomplies doivent souvent surmonter de nombreux défis et obstacles pour connaître des réussites professionnelles et personnelles. « Néanmoins, elle a persévéré », est devenu un cri de ralliement non seulement pour les féministes, mais aussi pour les femmes qui cherchent à obtenir un diagnostic médical auprès de médecins qui mésestiment leurs symptômes.
La santé mentale des femmes est constamment sous-estimée, sous-financée et, par conséquent, insuffisamment étudiée. Même si les femmes au Canada sont plus nombreuses à présenter des troubles de l’humeur et d’anxiété que les hommes, une étude récente a révélé que seulement 3 % des études portent explicitement sur les questions axées sur la santé des femmes.
Ce fait surprenant a été rapporté au début de l’événement sur la réussite et la santé mentale des femmes organisé récemment par BMO Gestion privée en partenariat avec womenmind, une communauté de philanthropes, de leaders éclairées et de scientifiques qui travaillent à combler les disparités entre les sexes en matière de santé mentale. L'événement présenté une conversation entre Sandi Treliving, administratrice du conseil d’administration de la fondation du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) et fondatrice de womenmind du CAMH, Dre Liisa Galea, titulaire de la chaire de recherche de la famille Treliving en santé mentale des femmes et scientifique principale au CAMH, Zoey Dash McKenzie, partenaire fondatrice de Public Ventures, et Dre Zubina Mawji, médecin de première ligne à Cleveland Clinic Canada.
BMO soutient les femmes depuis longtemps et a versé un don de 5 millions de dollars au CAMH à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale en 2023. Le don servira au Krembil Centre for Neuroinformatics du CAMH et à son nouveau Centre de recherche et de découverte, dont la construction commencera au début de 2024.
Cela a jeté les bases d’une conversation approfondie qui a suivi au sujet de la nécessité cruciale de faire avancer la recherche sur la santé des femmes et de la façon dont womenmind s’y emploie.
Accorder la priorité à la santé mentale des femmes
Sandi Treliving, l’une des fondatrices de womenmind, a souligné le fait que même si environ 40 % des scientifiques du CAMH sont des femmes, très peu d’études ont été menées en particulier sur la santé mentale des femmes.
« Ce qui m’a frappé, c’est que malgré toutes les initiatives progressistes du CAMH, comme dans tous les autres centres de recherche, nous étions en retard dans les études sur les femmes et le financement de la santé mentale des femmes », a expliqué Mme Treviling.
À la différence d’autres dons de la famille Treliving, Mme Treliving a précisé que ce financement provient officiellement des femmes de sa famille. Elle a impliqué ses filles, ses belles-filles et ses petites-filles dans la fondation afin de les sensibiliser à la philanthropie à travers ce don intergénérationnel. Elle les tient au courant de toutes les recherches qu’elles financent et les encourage à apprendre comment ce financement peut avoir une incidence sur les femmes partout dans le monde.
Zoey Dash McKenzie, de Public Ventures, a également parlé de l’importance de la philanthropie pour la progression de la fondation et de ses découvertes scientifiques, car le financement gouvernemental demeure limité : « Il existe beaucoup de merveilleux programmes à venir qui sont consacrés aux femmes et à leur santé mentale. Mais ils dépendent vraiment des contributions de philanthropes, car il y a beaucoup d’obstacles à l’accès aux subventions et aux marchés financiers privés en ce moment. »
Dre Liisa Galea, qui est la première titulaire de la chaire de recherche de la famille Treliving en santé mentale des femmes au CAMH, a déclaré que les lacunes dans la recherche sur la santé des femmes impliquent qu’il peut s’écouler jusqu’à deux ans de plus que pour les hommes avant que les femmes obtiennent un diagnostic pour plus de 900 maladies.
« Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles le diagnostic est retardé, a-t-elle expliqué. Mais l’une des principales raisons, selon moi, est que la plupart de nos connaissances médicales, y compris notre façon de diagnostiquer les personnes, sont fondées sur des recherches sur les hommes. Cela fait malheureusement en sorte que des symptômes chez les femmes soient considérés comme “atypiques”, alors qu’il ne s’agit pas de symptômes atypiques pour 50 % de la population. »
D’un tabou à l’autre
Bien que la question de la santé mentale soit de plus en plus abordée, la ménopause demeure un sujet tabou, a souligné Dre Zubina Mawji de Cleveland Clinic Canada. Et pourtant, elle a fait remarquer que tout compte fait, environ 40 % de la vie d’une femme se passe pendant et après la ménopause. Cela dit, de nombreuses femmes n’ont aucune idée de ce qui se passe dans leur corps, en particulier en ce qui a trait à l’interaction complexe entre les aspects mentaux, physiques et émotionnels liés à la ménopause.
« La ménopause peut vraiment perturber notre santé mentale, a expliqué Dre Mawji. Je ne pourrais vous dire le nombre de fois où j’ai entendu une patiente me répondre en soupirant : “D’accord, donc je suis normale”, après m’avoir énuméré tous les trente-six symptômes liés à la ménopause qu’elle ressentait. »
La ménopause et les années de la périménopause qui la précèdent se déroulent à une étape critique de la carrière de nombreuses femmes. Dre Mawji a estimé que jusqu’à 25 % des femmes en milieu de travail sont périménopausées ou ménopausées, et que la société n’est pas prête à discuter de ce qu’elles vivent pendant cette période.
« Je vois un bon nombre de femmes cadres au bureau qui me disent : “Je viens d’être promue à un poste de cadre supérieure et je n’arrive pas à remplir mes fonctions à cause de mes symptômes de ménopause”, a déclaré Dre Mawji. Elle a ajouté qu’il existe une réelle occasion de préparer la voie à la prochaine génération de filles et de jeunes femmes pour qu’elles accordent la priorité à leur santé physique et mentale, puisque les femmes sont les principales responsables des décisions quand il est question de la santé de leur famille.
En fin de compte, ce que nous devons retenir des quatre panélistes, c’est l’importance de prendre soin de soi, de la communauté et des connaissances (qui sont essentielles à la santé mentale des femmes), et le fait que la santé est en fait une richesse.
« Plus vous ferez partie de ces communautés et en apprendrez davantage sur la santé mentale et les renseignements accessibles, plus vous pourrez être fortes pour votre famille, vos amis et les membres de la communauté », a souligné Mme McKenzie.
Ressources
Centre de toxicomanie et de santé mentale
CAMH womenmind
Pour en savoir plus sur womenmind ou si vous souhaitez visiter les installations du CAMH, communiquez avec Múthoní Karíukí, responsable principale de la philanthropie et de la mobilisation, Fondation du CAMH.