L’heure du grand transfert de patrimoine est arrivée.
Alors que les plus jeunes baby-boomers atteignent maintenant la soixantaine et que les plus âgés approchent les 80 ans, bon nombre d’entre eux transfèrent maintenant leur patrimoine à la génération suivante, de leur vivant ou en raison de leur décès. Selon les informations recueillies, 84 000 milliards de dollars américains à l’échelle mondiale seront transmis aux générations futures au cours des deux prochaines décennies, y compris des placements, des biens immobiliers, des entreprises et d’autres actifs.
Le patrimoine est un sujet de discussion inconfortable pour de nombreuses familles. Selon un récent rapport de BMO, 59 % des Canadiens disent n’avoir eu aucun entretien sur l’établissement d’un budget, la planification financière ou d’autres sujets liés à l’argent pendant leur jeunesse. En même temps, 61 % des entreprises familiales n’ont pas de plan de relève écrit et officiel, et 29 % d’entre elles mentionnent la gêne à discuter de sujets délicats comme obstacle à la création d’un plan de relève1.
Le transfert d’une entreprise ou d’actifs importants ne doit pas être laissé au hasard. « J’ai vu certaines successions où les parents surprennent leurs enfants en les impliquant dans une copropriété à laquelle ils ne souhaitent pas forcément participer. Ils deviennent des partenaires par hasard plutôt que par choix, explique Shelley Forsythe, directrice générale, Planification d’entreprise familiale au Bureau de gestion familiale de BMO. Ils n’ont pas discuté des personnes qui pourraient vouloir devenir propriétaires de l’entreprise ou de la pertinence de partager le chalet familial. Vous devez avoir ces entretiens avant d’établir vos documents juridiques afin d’obtenir des renseignements et des commentaires et de gérer les attentes. »
Comment pouvez-vous avoir des discussions sur l’argent avec vos enfants adultes?
Créer un scénario avant la première réunion de famille
Tous les parents, en particulier ceux qui font partie d’une famille à valeur nette élevée, ont tendance à éviter les conversations avec leurs enfants adultes parce qu’ils ont peur de la confrontation ou de l’atteinte à la vie privée, ou parce qu’ils craignent que leurs enfants croient ensuite que tout leur est dû et perdent toute motivation, explique Mme Forsythe.
Beaucoup ne savent pas non plus par où commencer. Le processus peut débuter en prenant le temps de planifier et d’élaborer un scénario, qui peut être un document auquel ils peuvent se reporter lors de la première discussion. Lorsque vous élaborez ce scénario, réfléchissez aux messages clés que vous voulez transmettre à votre famille, explique Mme Forsythe. Expliquez clairement ce que vous voyez comme la raison d’être de votre patrimoine, votre POURQUOI et vos intentions afin d’assurer un dialogue ouvert. Si vous souhaitez obtenir une opinion objective sur votre scénario, demandez l’avis d’un conseiller de confiance.
Préparer le terrain pour la tenue des réunions
Chaque famille mènera ces entretiens différemment, mais c’est une bonne idée d’élaborer un code de conduite que tout le monde suit. Mme Forsythe le décrit comme un « ensemble de lignes directrices sur la façon d’interagir et de communiquer les uns avec les autres » et sur lesquelles tous les membres de la famille peuvent s’entendre. Le code peut comprendre les façons de se parler – sur un ton respectueux et non conflictuel, par exemple – l’importance de la confidentialité, les attentes à l’égard de la participation et plus encore.
« Vous voulez vous assurer que chaque personne se présente sous son meilleur jour et en étant sensibilisée », explique-t-elle.
Il est également important d’établir des objectifs pour la première rencontre et les discussions subséquentes afin de renforcer la communication, la confiance et les liens au sein de la famille. Élaborez un ordre du jour qui décrit l’objet et les objectifs de la réunion, et précise les sujets de discussion, d’information, de décision ou d’apprentissage. Envisagez également de créer un calendrier des prochaines réunions, même si la fréquence variera en fonction des relations familiales, de la région et de la complexité des actifs. Les réunions trimestrielles ou semestrielles sont courantes. Une retraite familiale annuelle peut également être une autre approche judicieuse.
« Les réunions peuvent être plus structurées et formalisées en fonction de la génération, de la taille et de la complexité de la famille, mais pour ceux qui débutent, il est bon de se réunir régulièrement et de s’exercer à le faire », dit-elle.
Amorcer l’entretien
Lorsque vient le temps de parler, vous n’avez pas besoin de vous lancer dans les chiffres tout de suite, explique Mme Forsythe. Amorcez la discussion en commençant par des sujets plus faciles.
« Parfois, il s’agit d’amener les parents à parler de leur relation avec le patrimoine et leurs valeurs pour les aider à réfléchir aux leçons qu’ils ont apprises et aux erreurs qu’ils ont commises », ajoute-t-elle. « Invitez-les à commencer à parler de ce qu’ils envisagent pour cet héritage et à dire s’ils ont des intentions sur plusieurs générations. Cela peut vraiment préparer le terrain pour la suite des choses. »
Il s’agit d’une stratégie particulièrement utile pour les familles dont les actifs ont déjà été transmis d’une génération à l’autre. Les familles peuvent parler de la façon dont le patrimoine a été créé au départ et de l’héritage que ces actifs ont déjà engendré.
« Les valeurs transparaissent dans ces histoires, et ce sont ces valeurs fondamentales qui sont vraiment utiles pour veiller à ce que tout le monde soit sur la même longueur d’onde », explique-t-elle.
Surveiller son langage
Toute personne ayant déjà participé à n’importe quelle discussion le sait : les mots comptent. Une mauvaise phrase peut faire dérailler une conversation et, selon ce qui est dit, nuire aux relations. « Restez positif et gardez à l’esprit le bien commun de la famille », indique Mme Forsythe. Elle suggère de conserver un langage neutre dans les scénarios initiaux, et d’éviter les mots accusateurs qui pourraient mettre quelqu’un en colère.
« Le langage est très important, car tout le monde a une définition différente de certains mots, précise-t-elle. Les différents enfants peuvent saisir des mots différents et leur donner des significations différentes. » C’est ici qu’un conseiller peut ajouter beaucoup de valeur. Il s’agit d’un intervenant objectif et neutre qui peut dire aux parents quels mots éviter dans un scénario ou aider à les atténuer.
Mme Forsythe se souvient d’une situation où elle travaillait avec une famille dont tous les membres (Génération 1 et Génération 2) travaillaient dans l’entreprise familiale, mais ne s’entendaient pas. Lors de la création de leur scénario, les parents voulaient parler de l’importance des relations familiales; cependant, une ligne suggérait que les conjoints des enfants avaient des racines et des modes de pensée différents. « Je leur ai immédiatement fait supprimer ce passage, se souvient-elle. L’objectif de la réunion n’était pas de discuter des différences concernant les conjoints. »
Discuter de philanthropie
Selon l’expérience de Mme Forsythe, les conversations sur les dons à des organismes de bienfaisance qui contribuent à changer les choses dans leur collectivité ou dans le monde sont un excellent moyen d’entamer des discussions sur les finances de la famille. La philanthropie est habituellement un sujet que tout le monde peut soutenir, et cela peut ouvrir la porte à des discussions plus générales sur l’argent. « La philanthropie est un outil très utile; vous vous habituerez à vous rencontrer, à discuter, à apprendre ensemble, à résoudre des désaccords et à prendre des décisions ensemble », explique-t-elle.
Idéalement, vous parlerez de l’importance des dons de bienfaisance lorsque les enfants sont jeunes afin que, une fois plus âgés, vous puissiez discuter ouvertement avec eux de vos intentions en matière d’héritage et de la façon dont la philanthropie pourrait être intégrée à votre plan directeur.
Dans le cadre du processus de don, les familles passent souvent en revue ensemble les portefeuilles de placement ou les actifs affectés à cette fin. « Les enfants acquièrent beaucoup de compétences financières en suivant ce processus, et les leçons de vie qu’ils tirent des dons de bienfaisance peuvent assurément servir lors du transfert de patrimoine. »
Éduquer
L’éducation financière est un autre élément clé de la discussion sur le transfert de patrimoine. C’est une chose de dire que vous allez recevoir un héritage, c’en est une autre d’être préparé et informé des responsabilités qui y sont liées. En tant que parents, vous pouvez établir des fiducies et demander à des fiduciaires de superviser la gérance des fonds, mais assurez-vous tout de même que vos enfants comprennent les notions de base du marché boursier, ce que signifie posséder des biens immobiliers, les répercussions fiscales, etc.
« L’éducation financière de vos enfants est l’un des plus grands cadeaux que vous puissiez leur offrir », explique Mme Forsythe.
Faire appel à un conseiller pour éduquer les membres de la famille aux rouages des finances est souvent une bonne façon de procéder. S’il s’agit d’un conseiller qui participe déjà au processus, c’est encore mieux. Il pourra non seulement transmettre des connaissances financières générales, mais aura aussi des renseignements propres à la situation familiale. Les conseillers peuvent également diriger les membres de la famille vers d’autres experts qui peuvent les aider en leur offrant une formation plus ciblée.
De toute évidence, ces entretiens comportent de nombreux aspects variables, mais les clés d’une discussion réussie sur le transfert de patrimoine sont la détermination, la planification, la préparation et la patience.
« Cela prend certainement du temps, affirme Mme Forsythe. Il n’y a pas de solution unique pour toutes les familles. La capacité d’avoir des entretiens sages peut grandement aider à ce que tout le monde en arrive à une compréhension commune – le pourquoi derrière le patrimoine. »
1 The North American Family Business Report 2023, Brightstar Capital Partners et Camden Wealth Limited.
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