Nous sommes tous d’accord : ce qui fait la beauté d’une œuvre d’art a quelque chose de subjectif, alors qu’un placement fructueux n’a rien de subjectif. En réalité, art et investissement ne sont pas incompatibles, et l’achat d’œuvres d’art s’avère l’un des moyens les plus gratifiants de faire croître un patrimoine.
De la créativité dans les placements
Comme quand on entre au Musée d’Orsay pour la première fois, l’idée d’acheter des œuvres d’art pour son portefeuille de placements peut sembler intimidante, surtout pour quelqu’un dont ce n’est pas la passion. Il est donc utile de réfléchir d’abord à la façon dont vous pouvez tirer parti de l’art dans votre portefeuille. Quand vous aurez compris, il est probable que la passion commencera à vous gagner, vous aussi.
Au cours des dernières décennies, l’idée que l’art ne se limite pas à la décoration des murs de la maison s’est répandue. Cela s’explique en partie par l’évolution de la définition de l’art et par la meilleure compréhension de son potentiel sous ses diverses formes. Le marché s’est élargi au-delà de ce que nous définissons maintenant comme l’art classique, comme les peintures, les sculptures et les antiquités, et comprend maintenant des articles de mode, des objets physiques comme des meubles haut de gamme, des articles de loisir et, plus important encore, l’art numérique.
Depuis l’avènement de l’art sur Internet au début des années 1990, nous avons assisté à la montée des œuvres d’art numérique, comme les sites web, les jetons non fongibles, l’art de la réalité augmentée et même l’art biotechnologique, comme le montre la sculpture fluorescente de lapin transgenre d’Eduardo Kac. En 2021, l’œuvre Everydays de Beeple : the First 5,000 Days, collage de 5 000 images numériques, a été vendue pour 69 millions de dollars – devenant le jeton non fongible le plus cher, et même l’une des œuvres d’art les plus chères jamais vendues par un artiste vivant. Comme le montrent ces exemples, le monde de l’art numérique connaît une croissance exponentielle et est incroyablement lucratif pour les artistes et les intermédiaires (galeries et maisons d’enchères).
Compte tenu de la quantité d’innovations entourant la création et la distribution d’œuvres d’art, il y a plus de possibilités que jamais d’en faire des placements, et ces possibilités sont en outre plus accessibles. Toutefois, il ne faut pas oublier qu’il est possible de consommer et de vivre l’art sans en avoir la possession physique. En effet, les œuvres d’art peuvent être achetées et vendues par l’intermédiaire de plateformes en ligne ou de chaînes de blocs. Elles représentent un nouveau type de capital numérique.
Les jetons non fongiques et les œuvres d’art numérique entrent précisément dans cette catégorie, car les transactions sont exécutées sous forme de monnaies numériques, qui peuvent être extrêmement volatiles. En raison des risques et des caractéristiques uniques associés aux cryptomonnaies, il existe un débat animé sur la façon de valoriser l’art numérique, dont la valeur peut augmenter ou diminuer considérablement au jour le jour. C’est la technologie fondée sur les chaînes de blocs qui a rendu possible la démocratisation de la collection et de l’investissement dans l’art numérique; il faut tenir compte des risques intrinsèques et externes.
Un patrimoine qui fructifie en fonction de vos goûts
Avant d’investir dans l’art, il faut avoir un objectif. Le style, les objectifs et les goûts personnels sont tous des facteurs importants pour une collection d’œuvres d’art. Du point de vue tactique, beaucoup de nouveaux collectionneurs commencent par des œuvres d’artistes émergents ou moins connus, dont la cote est habituellement moins élevée. Si vous adoptez une telle stratégie, vous espérez qu’un jour, l’artiste deviendra célèbre et que ses œuvres prendront de la valeur. Cette approche ressemble beaucoup à l’investissement dans une entreprise en démarrage. Parfois, elle fonctionne. Et parfois, non.
Tout comme vous pouvez consulter un conseiller financier, un planificateur financier, un comptable ou même un avocat avant de faire un placement important, il est préférable de ne pas vous aventurer dans le monde du placement en art sans les conseils d’un professionnel. Dans le cas des œuvres d’art en particulier, il peut être essentiel de faire appel à un conseiller artistique de confiance, un galeriste, un marchand d’œuvres d’art et un avocat spécialisé pour accroître la probabilité que le placement soit fructueux. Après tout, le marché de l’art est encore relativement peu connu et il peut être difficile de s’y retrouver.
Bien que les pressions en faveur de la transparence des prix se soient intensifiées pendant la pandémie, en même temps que l’augmentation du nombre de plateformes numériques qui facilitent les transactions à distance et réduisent les obstacles à l’entrée, des problèmes importants subsistent quant à la provenance, à l’authenticité, aux rapports sur la propriété, à l’assurance, à la cession des droits de propriété intellectuelle et aux droits de licence.
« Parce qu’il est de plus en plus facile d’acheter des œuvres d’art, le marché est en fait devenu encore plus risqué pour ceux qui ne bénéficient ni de conseils appropriés, ni de plan de collection bien pensé. Sur le plan stratégique, de nombreuses décisions doivent être planifiées avant la mise en œuvre, explique Sara Johnson, de l’équipe Planification de patrimoine, Clientèle à valeur nette élevée de BMO. « Chaque étape du processus de placement dans des œuvres d’art est essentielle pour rendre le collectionneur heureux et préparer sa réussite, en réduisant au minimum les complications liées à la revente ou à la succession. L’acheteur d’œuvres d’art doit soupeser soigneusement les détails de la transaction. Par exemple, qui devrait acheter (le collectionneur, sa fiducie ou sa fondation familiale), où et quand faire l’achat (dans une foire d’art, lors d’une vente aux enchères ou sur un marché de chaîne de blocs), quelles clauses concernant les transferts de propriété intellectuelle, la livraison et l’assurance ajouter au contrat, où entreposer les œuvres, quelles sont les taxes de vente, et plus encore. »
Art et planification successorale : les quatre S
Tout plan successoral concernant une collection d’œuvres d’art doit tenir compte de l’expérience du liquidateur dans ce domaine. On fait souvent appel à un agent compétent et bien informé pour participer au processus du testament et de la succession. Il peut faciliter la représentation et la gestion des œuvres d’art. Ainsi, ces dernières seront gérées de façon à assurer le maintien de leur valeur pour les bénéficiaires.
Il est important que le testament indique clairement si l’œuvre d’art doit être traitée comme un placement en capital ou comme un bien personnel, afin de ne pas induire en erreur le liquidateur, qui pourrait traiter les œuvres comme des biens personnels, avec les meubles et les bijoux, et les répartir entre les proches de manière inégale et émotive. En laissant des directives précises à votre liquidateur, vous éviterez les querelles familiales et les risques de baisse de la valeur.
Sara Johnson énonce quatre règles, les quatre S, pour le traitement des œuvres d’art dans un plan successoral :
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Sachez ce que vous possédez Procédez à une divulgation, à un inventaire et à une identification complets, avec une évaluation claire et raisonnable des œuvres d’art détenues. Cela devrait comprendre un rapport à jour sur l’état qui indique l’historique des dommages ou des rétablissements apportés aux différentes œuvres. En ce qui concerne les jetons non fongibles, vous devez obtenir des renseignements sur la plateforme informatique qui les contient et vous assurer qu’ils sont suffisamment protégés contre les pirates informatiques et les virus. Pour les œuvres qui sont prêtées ou louées à des galeries d’art, une liste complète avec des instructions très claires doit être tenue à jour pour éviter les problèmes plus tard.
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Sachez comment vous l’approprier Selon que l’œuvre est au nom d’une seule, personne ou qu’elle est en copropriété, dans une fiducie, une société ou une fondation, cela pourrait déterminer comment et à qui elle sera transférée. Par exemple, s’il s’agit d’une fiducie, le client pourrait avoir déjà décidé qui sont les bénéficiaires, alors que s’il s’agit d’une société de portefeuille, il doit non seulement planifier l’œuvre d’art elle-même, mais aussi le transfert des actions de la société.
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Sachez ce que vous voulez Il est essentiel de savoir ce que vous voulez qu’il advienne de vos œuvres d’art, et notamment à qui vous souhaitez les laisser après votre décès. Déterminez donc si vous pouvez ou devriez laisser vos œuvres sous forme de collection, les répartir entre les membres de la famille, les vendre à des tiers ou faire un don à des organismes à but non lucratif comme des musées.
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Sachez à qui confier la responsabilité Pour un plan successoral réellement personnalisé, il est particulièrement utile de savoir qui devra exécuter le transfert. Si l’approche adoptée est réfléchie et fait appel à la bonne équipe de spécialistes, les résultats pourraient être très positifs. Il doit s’agir de spécialistes qui comprennent l’histoire de la collection, les objectifs des collectionneurs et ce qui doit être mis en place pour protéger, administrer et transférer les œuvres d’art. Il arrive parfois qu’une collection nécessite un entretien après le décès et la planification des flux de trésorerie, surtout si l’œuvre se trouve à l’intérieur d’une fondation ou a été donnée à un musée.
Gestion des risques
Le marché de l’achat et de la vente d’œuvres d’art est une constellation de forces différentes. L’achat impulsif, ou l’attrait du prestige de voir son nom sur une carte dorée sous un tableau dans un musée font partie de l’émotivité qui s’y rattache. Sara Johnson a fait autant d’expériences qu’il y a de couleurs dans l’arc-en-ciel, bonnes, mauvaises et laides, qu’il s’agisse de « vendre à perte pour cause de difficultés financières, vendre par ennui, vendre pour surfer sur la vague de la popularité, faire un don à son décès pour offrir un allégement fiscal à la succession et vendre en cas de divorce ».
Pour chaque événement, l’évaluation de l’œuvre et l’analyse des conséquences fiscales (gains en capital, ou déduction d’impôt) ont été réalisées. Avoir la chance de créer un plan de désinvestissement et de cultiver le réseau d’amateurs d’art et d’experts est toujours une stratégie gagnante, même si la vente se fait dans des circonstances difficiles.
Les fonds d’investissement, les fonds communs de placement et les sociétés de propriété fractionnée sont très populaires. Ces placements à long terme permettent de placer des liquidités relativement modestes dans le portefeuille d’une collection d’œuvres d’art toute faite. Les fonds sont plutôt illiquides et sont parfois assujettis à des échéances préétablies, avec des rapports de diligence raisonnable exigeants et parfois coûteux pour les évaluations, mais ils existent et couvrent un créneau intéressant pour la diversification globale du patrimoine.
« La clé, c’est de maintenir l’exubérance passionnée des œuvres d’art dans un climat tempéré, rappelle Sara Johnson. Les passionnés d'art parmi nous croient encore en ce qu’a dit d’Annie Leibovitz : "Je me suis toujours plus plus intéressée aux photos que je prends qu’à leur marché. J’aimerais que les gens achètent ce qu’ils aiment, qu’ils s’en occupent et qu’ils en profitent, tout en ayant un œil sur la suite.” »
Miser sur le musée
Les caractéristiques les plus couramment associées à l’art d’investissement sont les œuvres originales dignes d’un musée (souvent des tableaux ou des dessins) d’artistes établis dont la valeur de l’ensemble de l’œuvre connue dans les ventes aux enchères augmente avec le temps.
« Avec la collection d’œuvres d’art de BMO, investir dans des œuvres d’art originales s’inscrit dans un engagement plus large, qui vise à soutenir la créativité artistique dans les milieux où nous sommes présents, explique Dawn Cain, conservatrice de la Collection d’œuvres d’art de BMO. Les œuvres d’art sont exposées dans les espaces de travail de la Banque, pour que nos employés et nos clients en profitent. Lorsque nous acquérons des œuvres d’art, nous sommes à la recherche d’œuvres novatrices qui suscitent la discussion et reflètent les idées, les médias et les histoires variés des artistes d’aujourd’hui, aux différentes étapes de leur carrière. La valeur marchande de certaines œuvres peut augmenter à long terme, et à mesure que nous gérons et adaptons la collection, nous prêtons ou donnons des œuvres à des organismes de bienfaisance et à des collections institutionnelles, ou nous en vendons pour financer de nouveaux achats. »
Savoir ce qu’il faut surveiller
Quand vous serez prêt à acheter des œuvres d’art comme investissement, choisissez des œuvres originales dont la provenance ou l’historique en collection est connu et qui sont certifiées par un conservateur accrédité comme étant en excellent état, en bon état ou en état stable. Si vous investissez dans des œuvres sur papier, assurez-vous qu’elles sont signées, en édition limitée et numérotées.
Demander conseil
Si vous êtes prêt à investir dans l’art, il est probable que vous avez déjà une certaine connaissance des arts et que vous explorez les possibilités qui s’offrent à vous. La prochaine étape devrait être de déterminer vos priorités de placement et la portée de votre engagement financier. Pour ce faire, vous devez tenir compte des artistes, des époques et des médias qui vous intéressent. Par la suite, il est préférable de consulter un professionnel en services financiers spécialisé en art. Celui-ci pourra élaborer une stratégie et un plan adaptés à vos besoins, afin que vous puissiez investir avec succès.
Pour en savoir plus, adressez-vous à votre professionnel en services financiers de BMO.
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