Il a été prouvé que les femmes gagnent un salaire inférieur à celui des hommes. Toutefois, il y a des choses que celles-ci peuvent faire pour prendre les choses en main lorsqu’il s’agit de viser la parité au travail. Voici plusieurs stratégies et conseils pour aider les femmes à faire progresser leur carrière, à négocier un meilleur salaire ou à obtenir d’autres avantages sociaux ou avantages liés à l’emploi.
Il ne fait pas de doute que les femmes gagnent moins que les hommes. L’écart varie selon l’âge, le secteur d’activité, l’endroit et la méthode de mesure, mais la plupart des estimations le situent dans une fourchette de 10 à 25 pour cent, pourcentage qui augmente pour les femmes autochtones, handicapées, racialisées ou nouvelles arrivantes.
Ce qui est moins clair, c’est la raison pour laquelle ce problème persiste. Selon une explication courante, la faute revient principalement aux femmes elles-mêmes, qui ne demandent pas la rémunération qu’elles méritent. Dans leur livre paru en 2003, Women Don’t Ask: Negotiation and the Gender Divide, Linda Babcock et Sara Laschever citent une étude portant sur les titulaires d’une maîtrise en administration des affaires récemment diplômés de l’université Carnegie-Mellon. Seulement 7 pour cent des femmes avaient cherché à négocier leur salaire de départ, comparativement à 57 pour cent des hommes, ce qui leur avait permis d’obtenir près de 4 000 dollars de plus, en moyenne, au titre de la rémunération. Investi à un taux de rendement modeste de 4 pour cent, ce montant vaudrait plus de 60 000 dollars après 25 ans. Et c’est sans compter les autres augmentations de revenu négociées au fil du temps.
Comme cette statistique et d’autres du même genre continuent d’être communiquées, ce qui se perd le plus, ce sont les explications systémiques qui la sous-tendent : les femmes apprennent à ne pas se mettre en avant et sont punies lorsqu’elles le font, y compris lorsqu'elles plaident en faveur d’une meilleure rémunération1. De plus, selon des recherches récentes, les femmes demandent aujourd’hui une augmentation de leur rémunération à peu près aussi souvent que les hommes, sauf qu’elles ont 25 pour cent moins de chances de l’obtenir2.
« De nos jours, il semble qu’aucune négociation ne soit autorisée pour un nouvel emploi », affirme Celeste, une professionnelle des réseaux établie à San Diego, en Californie, qui travaille dans le secteur par intermittence depuis plus de 23 ans. « Peut-être est-ce le stade où j’en suis dans ma carrière et dans ma recherche d’emploi, mais cela n’a pas encore été présenté comme un sujet de dialogue. C’est plutôt à prendre ou à laisser. »
Ce qu’il faut demander, et comment le demander
Dire aux femmes qu’elles n’ont qu’à agir davantage comme des hommes n’est pas la solution pour combler le fossé en matière de rémunération. Or, pendant que nous travaillons sur les changements systémiques nécessaires, il faut que les femmes comprennent mieux ce qu’elles doivent demander et comment elles doivent le demander.
Fotini Iconomopoulos est conférencière, formatrice et auteure du livre Say Less, Get More: Unconventional Negotiation Techniques to Get What You Want. Elle a passé plus de dix ans à enseigner les techniques de négociation et la communication, et notamment à conseiller ses clientes sur la façon d’obtenir la rémunération qu’elles méritent.
« Les études et les données empiriques nous montrent que les femmes sont traitées différemment quand vient le temps de négocier. Nous devons donc être plus futées, explique Fotini Iconomopoulos. Il nous faut aussi envisager la rémunération avec créativité, car le salaire n’est qu’une composante de celle-ci – on ne peut pas rembourser un prêt hypothécaire autrement qu’avec les fonds qui se trouvent dans notre compte bancaire – mais il existe des moyens, outre le salaire, d’accroître notre patrimoine. »
Elle recommande de commencer par tenir compte des dépenses courantes ou occasionnelles que l’entreprise peut prendre en charge. Pensons aux frais de stationnement, de transport et de bureau à domicile, y compris les frais d’utilisation d’Internet et du téléphone cellulaire. Si l’on tient compte de l’impôt sur le revenu, une personne doit gagner plus de 100 dollars pour payer une facture de téléphone cellulaire du même montant – alors que son entreprise a peut-être droit à des tarifs dégressifs sur le volume ou à des incitatifs fiscaux avantageux.
Elle peut également négocier des fonds pour les études ou la formation, qu’il s’agisse d’indemnités pour les conférences, de certifications professionnelles ou de l’obtention d’une maîtrise en administration des affaires. « Beaucoup de choses, du point de vue du développement personnel, vous aideront non seulement à économiser de l’argent, mais aussi à faire progresser votre carrière. »
Avancement professionnel
Du point de vue de l’avancement professionnel, il y a aussi des éléments non financiers vraiment importants à prendre en compte, comme le titre de poste. « Si vous devez quitter l’organisation un jour ou si vous souhaitez obtenir une promotion à l’interne, c’est le titre du poste que vous occupez qui détermine votre point de départ », explique Fotini Iconomopoulos. Elle recommande également de se demander quel type d’accès l’on aura à des projets intéressants et dans quelle mesure l’on sera mise en contact avec des mentors et des parrains potentiels. « Toutes ces choses vous aideront, tant sur le plan qualitatif que sur le plan quantitatif, à faire progresser votre carrière et, espérons-le, à vous faire gagner beaucoup plus d’argent bien plus vite. »
Certains employeurs pourraient hésiter à vous donner le titre ou le salaire que vous demandez jusqu’à ce qu’ils vous aient vue en action. C’est un problème que Fotini Iconomopoulos observe plus souvent chez les femmes que chez les hommes – les hommes sont souvent embauchés en raison de leur potentiel, les femmes en fonction de la preuve de ce qu’elles ont fait – et elle recommande de riposter en demandant une prime d’entrée en fonction. « C’est une excellente façon de combler le fossé, puisqu’il n’y a pas à s’engager pleinement par rapport une rémunération plus élevée. »
Approche de la négociation
Selon Fotini Iconomopoulos, votre approche de la négociation repose en grande partie sur votre instinct. « Vous devez connaître la personne à qui vous avez affaire et savoir quel est le bon moment pour négocier », dit-elle, ajoutant qu’il y a des lignes directrices générales à suivre en cas de doute. Il peut être plus facile d’aborder certains éléments, comme les titres de poste, avant d’autres (pensons à l’ensemble des avantages sociaux). « Il est très courant que le salaire soit abordé dès le début de la conversation; on ne devrait donc pas hésiter à le faire. Si on vous a fait une offre, ou si vous savez que l’entreprise tient vraiment à vous embaucher, c’est à ce stade qu’il serait approprié de discuter de tous ces détails supplémentaires. »
Selon votre secteur d’activité, il pourrait exister des normes établies en matière d’avantages, mais considérez-les comme un point de départ. « Même si je recommande aux gens de faire leurs devoirs pour comprendre ce qui constitue la norme dans leur secteur, de sorte qu’ils obtiennent au moins le strict minimum, ne laissez pas cela vous limiter en ce qui concerne ce que vous devriez demander, explique Fotini Iconomopoulos. Ce n’est pas parce que c’est normal dans le secteur des services-conseils, mais que ça ne l’est pas dans le secteur manufacturier que vous ne pouvez pas demander un salaire ou que vous ne l’obtiendrez pas. »
Elle a des conseils similaires pour ce qui est du niveau d’ancienneté. « Habituellement, plus vous avez d’ancienneté, plus vous pouvez obtenir d’incitatifs à la signature supplémentaires, car vous allez laisser derrière vous une sécurité d’emploi importante. Vous devez réfléchir à ce que l’entreprise peut faire pour réduire au minimum ce risque, explique Fotini Iconomopoulos. « Pensez à la rémunération, aux avantages sociaux dès l’entrée en fonction et non pas au terme d’une période d’essai – toutes les choses qui peuvent s’ajouter à votre bilan et très bien représenter des coûts standards pour l’entreprise. On s’attend à ce que ces éléments soient évoqués davantage pour des postes de cadre supérieur, mais il n’est pas impossible qu’ils le soient pour des postes inférieurs. »
Diane3 a travaillé 20 ans dans le secteur de la publicité, à Toronto et à l’étranger. Il n’est pas rare de changer d’agence tous les deux ou trois ans, que ce soit pour acquérir de l’expérience sur de nouveaux clients ou pour gravir les échelons; elle est donc passée par le processus plus d’une fois. Elle aborde maintenant chaque offre comme une négociation et reconnaît que les entreprises ont la marge de manœuvre nécessaire pour contourner leurs propres règles, surtout lorsqu’il s’agit de postes plus élevés.
« J’ai demandé plusieurs fois que l’on renonce à la période d’essai de trois mois pour avoir accès immédiatement aux avantages sociaux de santé, explique Diane. Et lorsque j’ai commencé à occuper mon poste actuel, l’indemnité pour usage de véhicule personnel et la place de stationnement faisaient partie de l’ensemble standard d’avantages sociaux – sauf que je ne conduis pas. J’ai donc négocié une carte de métro à la place. »
Adapter l’offre à ses besoins est une tactique qu’elle recommande aux gens. « Je regarde toujours s’il y a des avantages que je ne pourrai pas utiliser, et je réfléchis à ce que je pourrais négocier à la place », explique Diane. Son bon jugement lui vient de l’expérience, mais c’est en parlant ouvertement avec ses amis et ses mentors qu’elle a le plus appris sur ce qu’il faut demander et sur la façon de réussir ses négociations. C’est l’approche que Fotini Iconomopoulos recommande à tous.
« La plus grande ressource que nous avons, ce sont les gens, affirme-t-elle. Le hic, c’est que les gens sont très mal à l’aise de parler de salaire. » Pour surmonter cet obstacle, elle suggère de rédiger soigneusement vos questions en termes plus généraux, notamment : « À quoi vous attendez-vous d’une personne de mon niveau d’expérience au sein de cette organisation ou de mon secteur d’activité?
« Sans ces conversations, je crains que, même avec Google, Glassdoor et toutes ces ressources, il nous manque une pièce très importante du casse-tête pour amener les femmes là où elles méritent d’être, explique Fotini Iconomopoulos. Il y a des gens merveilleux qui veulent vous voir réussir, alors faites appel à eux, posez-leur de bonnes questions, et vous ne serez pas bloquée par certains des obstacles mis sur votre chemin. »
Pour en savoir plus, adressez-vous à votre professionnel en services financiers de BMO.
1« Why Don’t Women Promote Themselves? » Knowledge@Wharton, 17 février 2020. https://knowledge.wharton.upenn.edu/article/why-dont-women-promote-themselves/
2« Research: Women Ask for Raises as Often as Men, but Are Less Likely to Get Them. » Artz, Benjamin, Goodall, Amanda et Oswald, Andrew J., Harvard Business Review, 25 juin 2018. https://hbr.org/2018/06/research-women-ask-for-raises-as-often-as-men-but-are-less-likely-to-get-them
3Le nom de la personne a été modifié pour les besoins du présent article.
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