Avec plus de 85 000 organismes de bienfaisance canadiens parmi lesquels choisir, même les donateurs chevronnés peuvent ne pas savoir par où commencer pour faire des dons. Que vous souhaitiez voir votre nom honoré sur une aile d’hôpital ou que vous préfériez faire des dons stratégiques plus modestes, le contexte peut sembler impressionnant.
C’est un défi familier pour Danielle Robinson, directrice générale nationale, Services-conseils en philanthropie à BMO Gestion privée. Mme Robinson passe la majeure partie de son temps à guider les clients tout au long des premières décisions qui aident à maximiser l’incidence finale de leurs dons. « Beaucoup de nos clients savent qu’ils veulent aider leur collectivité, affirme-t-elle. Ils ne savent tout simplement pas par où commencer. »
Pour tirer le maximum de vos dons de bienfaisance, voici quelques points à prendre en considération avant de faire un don.
Définissez vos objectifs
Les dons à un organisme de bienfaisance sont souvent très personnels, alors commencez par choisir une cause qui vous tient à cœur. Vous avez peut-être constaté un besoin dans votre collectivité ou vous voulez donner à une cause liée à la santé à la suite d’une urgence familiale. Définir vos priorités dès le début facilite le reste du processus. Lorsque Mme Robinson rencontre pour la première fois une famille qui souhaite soutenir une œuvre caritative, elle l’encourage à réfléchir à l’ampleur de son don, aux problèmes qu’elle souhaite aborder, à la zone géographique sur laquelle elle souhaite concentrer son action et à la question de savoir s’il vaut mieux soutenir un organisme communautaire local ou une grande fondation ou œuvre caritative bien établie.
Si vous envisagez de faire un don important, Mme Robinson recommande d’impliquer vos enfants et petits-enfants dès que possible afin de vous assurer que tout le monde est sur la même longueur d’onde. « Les dons de bienfaisance sont tellement personnels, affirme-t-elle. Il faut vraiment commencer par des choses qui vous passionnent. Cela pourrait vous aider de réunir les membres de votre famille pour connaître d’abord leur avis. »
Choisissez vos organismes de bienfaisance
Une fois que vous aurez trouvé une cause à soutenir, vous devrez décider quel organisme est le mieux placé pour tirer le meilleur parti de votre don. Avec un tel choix d’organismes de bienfaisance, il est important d’examiner de près comment ils sont gérés, explique Mme Robinson. En plus de vous assurer que l’organisme de bienfaisance est légalement enregistré et qu’il répond aux critères d’admissibilité de l’Agence du revenu du Canada, prenez le temps de vous assurer que vous êtes à l’aise avec la façon dont il est géré et dont il utilise ses ressources.
Il existe quelques sites Web qui peuvent vous aider à vérifier la conformité d’un organisme, sa santé financière et ses antécédents globaux. Le gouvernement du Canada facilite l’accès aux données financières et à d’autres rapports, mais vous pouvez également vous tourner vers des ressources supplémentaires, notamment CanaDon, CharityData et Charity Intelligence Canada.
À partir de là, l’évaluation devient plus nuancée. En effet, selon Mme Robinson, s’appuyer sur des mesures simples comme les ratios des frais généraux ne permet pas d’avoir une vision complète. De nombreuses dépenses qu’on peut qualifier d’administratives sont souvent liées à la prestation des programmes. Un organisme de santé mentale, par exemple, peut afficher des coûts de dotation élevés parce que des thérapeutes agréés offrent des soins de première ligne. Une évaluation complète implique l’examen des résultats antérieurs, des rapports annuels, des états financiers vérifiés et des déclarations T3010 de l’organisme de bienfaisance, qui brossent un tableau plus complet du fonctionnement de l’organisme. « Vous devez vraiment comprendre ce que fait l’organisme de bienfaisance, parce que les frais généraux à eux seuls ne disent pas tout, affirme-t-elle. Il faut examiner la situation dans son ensemble. »
Lorsque vous examinez les organismes, soyez à l’affût des signaux avertisseurs. Les organismes de bienfaisance qui évitent de répondre à des questions sur leurs résultats peuvent être confrontés à une rotation fréquente de leurs dirigeants. S’ils ne peuvent pas expliquer clairement comment les dons se traduisent par une incidence réelle, ils pourraient nécessiter un examen plus approfondi.
Bâtissez vos relations
Les relations les plus porteuses commencent rarement par les dons importants. Commencer par un don moins élevé est un bon moyen d’avoir une meilleure idée de la façon dont un organisme communique, gère l’argent et respecte ses engagements. Certains donateurs abordent la philanthropie comme un partenariat, et non comme une simple transaction ponctuelle, et augmentent ensuite leurs dons au fur et à mesure que leur confiance dans l’organisation grandit.
Une fois que vous avez la certitude qu’un organisme partage vos valeurs, vous pouvez envisager d’adopter une approche de « don basé sur la confiance ». Il s’agit de reconnaître que les organismes de bienfaisance qui font le travail savent habituellement ce dont ils ont le plus besoin. À mesure que les relations s’approfondissent au fil du temps, certains donateurs envisagent de prendre des engagements de legs, comme les contributions à des fonds de dotation, les possibilités d’attribution de nom ou les dons planifiés qui permettent d’étendre l’impact sur plusieurs générations. « C’est vraiment un processus d’établissement de relations, affirme Mme Robinson. Voir, c’est croire. Vous devriez visiter l’organisme, parler à ses dirigeants et apprendre comment votre don changera les choses. »
Réfléchissez à l’incidence
Il est également important de tenir compte du type de soutien que vous voulez offrir. Certains donateurs préfèrent les programmes qui produisent des résultats mesurables, tandis que d’autres donnent des fonds d’exploitation sans restriction, de sorte que les organismes de bienfaisance ont la possibilité de réagir à mesure que les priorités changent. « Les organismes de bienfaisance de plus petite taille ont généralement des budgets plus modestes, de sorte qu’un don de 10 000 $ aura probablement plus d’impact chez eux qu’ailleurs », affirme Mme Robinson.
Par exemple, vous pourriez travailler avec un organisme pour vous assurer que votre don de 10 000 $ est utilisé pour acheter de l’équipement sportif pour les familles dans le besoin, afin que vous puissiez voir votre don à l’œuvre. Vous pourriez également faire don de cette somme à un organisme plus important pour financer la recherche sur le cancer. Dans ce cas, vous aurez moins votre mot à dire sur la manière dont l’argent sera utilisé, ou vous ne verrez peut-être pas d’impact spécifique, si ce n’est le fait de savoir que vous soutenez une cause qui pourrait un jour avoir des retombées importantes. Les deux méritent votre soutien, mais le choix dépend de ce qui est le plus important pour vous.
Si vous souhaitez faire un don important, vérifiez également si l’organisme de bienfaisance est en mesure de le gérer. « Une somme d’argent considérable versée en une seule fois peut poser problème, explique Mme Robinson. Si vous avez l’intention de faire une contribution importante, vous devez discuter avec l’organisme pour l’aider à se préparer à la forme que pourrait prendre ce don. »
Au-delà des bonnes intentions, un don important à un petit organisme de bienfaisance ou à un organisme géré par des bénévoles peut poser des problèmes de gouvernance au niveau du conseil d’administration, qui doit déterminer la meilleure façon d’utiliser ces fonds, explique-t-elle. Cela peut aussi avoir une incidence sur l’argent et le soutien qu’il reçoit du gouvernement et d’autres personnes. Avant de faire un don important, mieux vaut avoir une conversation avec l’organisme et envisager de répartir les fonds dans le temps, suggère Mme Robinson.
Soyez stratégique
Pour les donateurs qui prévoient des contributions plus importantes ou continues, une structure adéquate peut faciliter la gestion de la philanthropie. Les fonds à vocation arrêtée par le donateur sont une excellente option. Vous pouvez ouvrir un fonds à vocation arrêtée par le donateur avec 25 000 $ et décider plus tard quels organismes vous voulez soutenir, explique Mme Robinson. De plus, l’argent fructifie en franchise d’impôt sur le compte, ce qui peut vous aider à avoir un impact encore plus important.
« Les fonds à vocation arrêtée par le donateur sont vraiment excellents pour quelqu’un qui souhaite s’engager dans une démarche caritative, affirme-t-elle. Si vous faites déjà des dons à plusieurs organismes caritatifs au cours d’une année, c’est une bonne solution, car il s’agit d’un compte qui vous permet de tout organiser. »
Les fondations familiales privées s’adressent aux donateurs disposant d’actifs importants et souhaitant s’impliquer davantage. L’établissement d’une fondation prend du temps et nécessite une gestion continue, mais vous permet de mieux contrôler la façon dont les dons sont structurés et distribués. « Une fondation privée est destinée aux personnes qui ont plus d’un million de dollars à investir dans la partie capital de la fondation, affirme Mme Robinson. C’est vraiment un atout pour les personnes qui ont l’intention d’octroyer des subventions stratégiques, à long terme et multigénérationnelles. »
Certaines familles choisissent de ne pas s’en tenir à leurs propres dons et de faire équipe avec d’autres donateurs. Un organisme appelé Fondations philanthropiques Canada aide à faciliter ces liens en organisant des conférences et des événements de réseautage tout au long de l’année. « C’est un excellent moyen de financer des projets plus importants, affirme Mme Robinson. Cela aide les donateurs à créer un héritage durable et à changer les choses de façon significative pour les causes qui leur tiennent le plus à cœur. »