Stéphane Rochon, CFA, spécialiste en stratégie – Actions
Richard Belley, CFA, spécialiste en stratégie – Titres à revenu fixe
Irtiza Naqvi, associé
Comme nous l’avons souvent dit, du point de vue du marché, le produit intérieur brut (PIB) s’apparente à de l’histoire ancienne. Nous avons tout de même été surpris des chiffres publiés aux États-Unis au premier trimestre, avec une diminution de 1,4 % du PIB réel. Comme le précise l’équipe des Études économiques BMO : « L’économie fait toujours montre d’une certaine résilience, mais le rapport du premier trimestre indique que la croissance devrait commencer à ralentir cette année et l’an prochain, principalement en réaction à la hausse des taux d’intérêt. Malgré la contraction, la Réserve fédérale américaine n’aura d’autre choix que de relever énergiquement son taux directeur en mai pour contenir l’inflation. »
Même si le marché américain, en particulier les valeurs technologiques à multiple élevé, est extrêmement survendu – ce qui peut se traduire par des rebonds temporaires vigoureux –, nous pensons toujours que le spectre de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt sont de puissants vents contraires qui nuiront pendant un certain temps aux rendements potentiels des actifs.
Il reste que le contexte actuel favorise clairement une courbe des taux (de plus en plus) plate, et que celle-ci pourrait fort bien s’inverser en raison du durcissement de ton de la Réserve fédérale américaine et de la Banque du Canada, qui relèveront leurs taux à court terme plus rapidement pour lutter contre l’inflation. S’il est vrai que le S&P 500 et le S&P/TSX se comportent mieux au cours des périodes où la courbe des taux s’accentue, certains secteurs produisent des rendements intéressants même lorsque la courbe s’aplatit, comme en ce moment.
En général, il s’agit toutefois soit de secteurs défensifs et peu sensibles à l’économie (produits de consommation, soins de santé, services d’utilité publique), soit de secteurs liés aux produits de base lorsque l’inflation est problématique.
Cette évolution, combinée au plafonnement de la dynamique de l’économie – et des bénéfices des entreprises –, nous conforte dans l’idée que les investisseurs devraient adopter une répartition de l’actif et une répartition sectorielle plus défensives. Au début avril, nous avons réduit de 5 % la pondération recommandée en actions américaines pour la première fois en 10 ans et augmenté d’autant la part des liquidités. Le S&P/TSX devrait continuer de surperformer pendant encore un certain temps, puisque la composition du marché canadien (nous détenons une proportion beaucoup plus forte d’actions des secteurs de l’énergie et des matériaux de base) offre une bonne résistance à l’inflation et que notre marché affiche toujours une décote avantageuse par rapport au S&P 500.
À un niveau plus élémentaire, nous continuons de privilégier les sociétés de qualité, qui affichent une croissance et un pouvoir de fixation des prix suffisants pour compenser les effets toxiques de l’inflation. Comme nous l’avons indiqué, les valorisations prennent de plus en plus d’importance dans ce contexte; nous déconseillons donc fortement aux investisseurs d’acheter des actions à un prix excessif (de nombreuses valeurs technologiques américaines demeurent à nos yeux surévaluées, même si elles ont perdu beaucoup de terrain).
Plafonnement probable de la dynamique économique américaine, avec d’importantes implications pour les secteurs
Il devient de plus en plus clair que la dynamique économique plafonne. L’activité économique reste robuste, mais le rebond de l’après-COVID est en grande partie chose du passé. Les investisseurs doivent se montrer beaucoup plus sélectifs dans ce contexte pour faire de l’argent sur le marché. Même si nous ne prévoyons pas de récession en 2023, le risque d’en subir une a considérablement augmenté.
Forme de la courbe des taux et rendements sectoriels
Les investisseurs devraient s’intéresser à la forme de la courbe des taux, puisqu’ils auront ainsi de bien meilleures chances de comprendre les fluctuations des actions sur plusieurs années.
Le marché produit les meilleurs résultats lorsque la courbe des taux est plus accentuée. Les secteurs les plus performants dans ce contexte sont surtout cycliques. Lorsque la courbe de taux est plate, le marché a tendance à stagner. Les secteurs les plus performants dans ce contexte peuvent être cycliques ou défensifs. Lorsque la courbe de taux est inversée, le marché peine généralement, les secteurs les plus performants dans ce contexte étant tous défensifs.
Selon nos conclusions, il faut privilégier les secteurs défensifs traditionnels comme les fiducies de placement immobilier, les services d’utilité publique, l’alimentation, les boissons, les produits pharmaceutiques et l’équipement médical.
À notre avis, certains titres dans ces secteurs devraient afficher un rendement supérieur, notamment CAP REIT, Altagas, Boralex, Coca-Cola, Procter & Gamble, Wal-Mart et Pfizer.
Nous continuons pour le moment de préférer les produits de base aux actions américaines
Les actions américaines restent chères à l’heure actuelle, compte tenu de l’évolution très préoccupante de l’inflation, qui accélère les hausses de taux d’intérêt.
À l’inverse, les produits de base bénéficient d’une conjoncture favorable, non seulement sur le plan technique, mais aussi en raison de l’agression russe, ainsi que des niveaux de valorisation toujours très faibles et des remboursements de capital potentiels de nombreuses sociétés des secteurs de l’énergie, de l’agriculture et des métaux.
Situation technique – Russ Visch, CMT, analyste technique
Mesuré à partir du creux de mars 2020, le marché haussier cyclique dure maintenant depuis 25 mois. Depuis plus de 70 ans que le S&P 500 existe, un marché haussier cyclique dure en moyenne 30 mois lorsque l’indice s’inscrit dans une tendance haussière séculaire, comme c’est le cas actuellement.
L’histoire suggère que le cycle actuel tire à sa fin, ce que démontrent amplement les performances sectorielles des dernières semaines. En particulier, certains secteurs traditionnellement défensifs commencent à surperformer.
Les marchés des titres à revenu fixe deviennent plus intéressants, du moins d’un point de vue relatif
À l’heure où l’inflation atteint des sommets de la dernière décennie (6,7 % au Canada, 8,5 % aux États-Unis), on ne peut pas dire que des taux obligataires de 3 % ou 4 % en moyenne soient attrayants, surtout en termes de rendement réel (hors inflation). L’inflation donnant à l’heure actuelle peu de signes de plafonnement, et les banques centrales étant déterminées à resserrer vigoureusement leur politique pour la maîtriser, qu’est-ce qui pourrait rendre les obligations intéressantes à l’heure actuelle?
Nous reconnaissons que certains facteurs d’incertitude continuent de militer contre l’ajout de titres à revenu fixe ou l’allongement des échéances des portefeuilles. Outre les pressions sur les prix et les salaires, le conflit persistant entre la Russie et l’Ukraine, la sixième vague de la COVID-19 et le risque que les banques centrales aillent plus loin que les marchés ne s’y attendent pourraient faire grimper les taux d’intérêt encore plus haut.
Les placements obligataires semblent de nouveau présenter certains avantages, dont les suivants : 1) le marché a déjà intégré une bonne partie du resserrement monétaire; 2) les investisseurs peuvent encore s’attendre à toucher plusieurs mois d’intérêts cette année et 3) ils peuvent réinvestir à des taux plus attrayants. À cela s’ajoute la sensibilité globalement moindre des obligations aux taux d’intérêt, ainsi que les taux obligataires plus élevés qu’il y a quatre mois, ce qui offre une protection supplémentaire si les taux d’intérêt continuent d’augmenter à court terme.
La « tempête parfaite » provoquée par la montée des taux et l’élargissement des écarts de crédit fait que les taux de la plupart des segments des titres à revenu fixe dépassent les ratios dividende/cours des actions. Ainsi, les taux des obligations de sociétés n’ont jamais été aussi élevés depuis la crise financière.
L’inflation et les taux obligataires n’ont peut-être pas encore atteint leur point culminant, mais nous croyons que les investisseurs sont mieux placés aujourd’hui pour atténuer ce risque. Ce n’est peut-être pas encore le moment d’augmenter sensiblement les placements en titres à revenu fixe, mais ce n’est certainement pas non plus le moment de les réduire ou de les vendre.
Comme c’est le cas pour toute stratégie de restructuration, il est important de commencer tôt, afin non seulement de tirer un meilleur rendement de la nouvelle structure, mais aussi de trouver des possibilités de la rendre fiscalement plus rentable.
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