Première cargaison de gaz naturel liquéfié pour LNG Canada : de bon augure pour les investissements au Canada
Maintien d’une légère surpondération des actions canadiennes et d’une légère sous-pondération des actions américaines
L’installation de LNG Canada en Colombie-Britannique a produit sa première cargaison de gaz naturel liquéfié destiné à l’exportation. Cet événement a des répercussions positives sur plusieurs fronts. Premièrement, il démontre que le Canada peut toujours construire des projets d’infrastructure d’envergure en respectant à peu près les échéanciers et les budgets établis en partenariat avec des sociétés privées. Deuxièmement, il diversifie nos exportations de gaz vers l’Asie et réduit notre dépendance à l’égard des États-Unis. Enfin, il s’agit d’un pas tangible vers l’atteinte de l’objectif déclaré du premier ministre Mark Carney, qui consiste à faire du Canada une superpuissance énergétique. Au bout du compte, après une « décennie perdue », le Canada pourrait redevenir attrayant pour les investisseurs internationaux et cela pourrait avoir des répercussions positives sur les tendances de croissance et de productivité à long terme. Comme nos lecteurs le savent, nous considérons que le retard de productivité du Canada par rapport à nos voisins du Sud est l’un de nos plus grands handicaps. La croissance de la productivité est l’un des Saint-Graal du rendement du marché boursier, car elle permet de contenir l’inflation tout en augmentant le taux de croissance potentiel et, par extension, la rentabilité des entreprises.
Nous commençons à voir des tendances encourageantes dans les prix des matières premières, en particulier les métaux précieux, le cuivre et le gaz naturel. Même si le pétrole a brièvement bondi en raison des tensions au Moyen-Orient, les perspectives fondamentales de l’offre et de la demande sont toujours relativement faibles. Dans l’ensemble, cependant, la vigueur des produits de base est historiquement associée à la vigueur relative du dollar canadien et de l’indice S&P/TSX. À ce stade-ci, notre conviction est plus élevée à l’égard de l’or et du gaz naturel, et les investisseurs pourraient envisager d’investir dans des actions de grande qualité dans ces secteurs (c.-à-d. un bilan solide, un faible coût de production, des actifs productifs dans des régions politiquement plus sûres et une forte génération de flux de trésorerie nets).
Risques liés à l’inflation
Bien que le rebond après le « jour de la libération » ait été impressionnant, le rendement de l’indice S&P 500 est nettement inférieur à celui de l’indice S&P/TSX et des actions européennes en dollars américains. Nous croyons que cette situation est attribuable à l’incertitude entourant les tarifs douaniers et au fait que le risque d’inflation demeure, surtout aux États-Unis.
Les tarifs douaniers ont jusqu’ici eu un effet plus modéré que ce que beaucoup attendaient (y compris nous), mais nous pensons qu’il est trop tôt pour crier victoire sur ce front. Les données sur l’inflation seront importantes pour les marchés au cours des prochains mois, car c’est à ce moment-là que les tarifs douaniers commenceront vraiment à être ressentis par les fabricants, les détaillants et les consommateurs. Le niveau élevé d’achats anticipés les a largement protégés jusqu’à présent, mais nous pensons que Walmart et d’autres sociétés n’auront d’autre choix que d’augmenter les prix de façon substantielle pour éviter que leurs marges bénéficiaires chutent. Tout dépendra de l’ampleur de l’augmentation. Autrement dit, le marché peut probablement digérer un plateau d’inflation de moins de 3 %, mais nous ne croyons pas que l’indice S&P 500 tient compte d’un pourcentage beaucoup plus élevé que cela pour le moment.
La réaction du marché obligataire sera également cruciale, les obligations américaines à 30 ans ayant déjà franchi l’importante barrière psychologique des 5 % plus tôt cette année, tandis que les obligations à 10 ans ont dépassé 4,5 %. Le marché de l’habitation éprouve des difficultés depuis un certain temps, mais notre règle de base est que les valorisations boursières sont touchées négativement au-dessus du niveau des 5 % (pour les obligations à 10 ans). La Réserve fédérale devrait rester sur sa position pour lutter contre l’inflation élevée attribuable aux tarifs douaniers pendant que l’économie ralentit, mais les marchés s’attendent à ce que les taux soient réduits de 50 points de base dans le courant de l’année. Au Canada, la BdC maintient également des taux stables pour lutter contre l’inflation malgré le ralentissement de l’économie, mais à chaque réunion, les dirigeants appuieront fortement leur décision sur le plus récent rapport sur l’IPC. Enfin, les écarts de taux au Canada sont revenus à des niveaux serrés sur plusieurs années en raison de la faiblesse des préoccupations liées au crédit.
L’inflation de la main-d’oeuvre pourrait être un autre moteur de l’inflation, mais sur une longue période. De nombreux chefs de file du secteur aux États-Unis considèrent déjà le manque de travailleurs qualifiés1 comme un risque d’entreprise important. Ce problème pourrait s’aggraver si les déportations2 continuent de s’accélérer. Cette situation serait particulièrement problématique dans les grands secteurs de l’agriculture, de la construction, des loisirs et des soins aux personnes âgées.
Les produits de base montrent des signes de vie
Perspectives du gaz naturel
Comme l’a fait remarquer Randy Ollenberger, analyste du secteur pétrolier et gazier de BMO Marchés des capitaux, les prix du gaz Henry Hub ont conservé leur élan depuis le premier trimestre de l’exercice 2025, la faiblesse des prix du pétrole leur ayant donné un certain coup de pouce. Au Canada, les prix de l’AECO demeurent déconnectés des autres points de référence, alors que l’on s’attend à ce que l’accélération la phase 1 de LNG Canada vienne puiser de manière significative dans les stocks élevés. En tenant compte des résultats du premier trimestre et des prix actualisés des matières premières à court terme, nous continuons à prévoir une solide génération de flux de trésorerie nets pour le groupe pétrolier et gazier canadien en 2025 et en 2026. À l’heure actuelle, nous prévoyons que notre groupe de couverture (à l’exclusion des titres restreints) générera des flux de trésorerie nets d’environ 28,4 milliards de dollars (rendement de 8,4 %) en 2025 et d’environ 27,6 milliards de dollars (rendement de 8,4 %) en 2026.
Plus important encore, les marchés du gaz américain et canadien devraient être sous-approvisionnés en 2026 si l’on tient compte des exportations de gaz naturel liquéfié. Cela devrait continuer d’exercer des pressions à la hausse sur les prix.
Perspectives pour l’or (de l’équipe Mines et métaux de BMO Marchés des capitaux)
En résumé, compte tenu des caractéristiques uniques de la demande, l’or a toujours nécessité un cadre différent pour l’analyse du marché. Cependant, certains facteurs ont été plus dominants que d’autres au cours de diverses périodes. L’or a toujours été en corrélation avec les taux réels, mais comme cette tendance est maintenant rompue, nous entrevoyons une nouvelle ère pour l’or. Selon nous, cette évolution sera définie par des changements mondiaux, dont le plus important est la volonté de plus en plus ferme de la Chine de dédollariser le commerce. Nous ne pensons pas que les systèmes financiers mondiaux soient totalement préparés à cette éventualité, et c’est pourquoi l’or est une fois de plus réintégré dans le système monétaire. Cette évolution est, selon nous, l’une des principales raisons pour lesquelles l’or s’est négocié avec une prime constante par rapport à la courbe des coûts au cours des dernières années. Les marchés financiers s’adapteront avec le temps et la nécessité d’acheter de l’or risque à nouveau de s’atténuer, mais pour les années à venir, nous nous attendons à ce que les marchés émergents soutiennent fortement les prix de l’or, en particulier parce qu’il n’y a pas de solution évidente au déficit des États-Unis.
Les sociétés aurifères ont toujours connu une érosion de leurs marges, mais les coûts se stabilisent, ce qui renforce l’optimisme quant à l’augmentation du flux de trésorerie net. C’est ce qui explique le rattrapage des rendements des actions aurifères, qui ont toujours été à la traîne des lingots.
L’équipe Services-conseils en gestion de portefeuille a récemment lancé un nouveau modèle quantitatif qui suit le momentum des ventes, des bénéfices et des flux de trésorerie nets (c.-à-d. l’augmentation des estimations des analystes). Il est intéressant de noter que sept des dix premiers titres de l’indice S&P/TSX sont des titres de métaux précieux. Historiquement, il existe une très forte corrélation entre l’augmentation du momentum (en particulier les flux de trésorerie nets) et le rendement des actions.
Analyse technique
Le mois de juin a été pour l’essentiel un non-événement pour les marchés boursiers nord-américains, les principales moyennes, telles que l’indice composé S&P/TSX et l’indice S&P 500, se situant à moins de 1 % de leur niveau de début de mois. À première vue, ce n’est pas formidable, mais dans l’ensemble, nous considérons que le chevauchement et la fluctuation houleuse des cours ne sont rien de plus qu’une pause très nécessaire après l’une des plus importantes reprises de 10 semaines de ces indices depuis les 25 dernières années. Notre modèle de prévision à moyen terme (qui mesure les tendances sur 3 à 6 mois et plus) demeure haussier et favorable à de nouvelles hausses, de sorte que toute faiblesse qui se manifeste pendant l’habituel « creux estival » de juillet ne sera probablement que temporaire et se traduira par de nouveaux sommets au cours du second semestre de l’année. Par exemple, les indicateurs de momentum hebdomadaires pour l’indice composé S&P/TSX et de l’indice S&P 500 demeurent « 4 sur 4 » haussiers après avoir donné de nouveaux signaux d’achat en avril à partir des niveaux de survente les plus élevés depuis le creux du marché baissier de 2022.
Parallèlement, le regain de confiance continue de se propager à tous les segments du marché, ce qui s’est traduit par la plus forte progression sur 10 semaines de notre indicateur de confiance composé en plus de 18 mois.
Tout compte fait, l’amélioration de notre modèle de prévision à moyen terme depuis avril est conforme au rendement de ces indicateurs au début de chaque marché haussier cyclique depuis la crise du crédit, inclusivement.
En ce qui concerne les prévisions de hausse, l’indice composé S&P/TSX a récemment rompu avec une habitude de regroupement de six mois, en dépassant la résistance à 25 875. Cette cassure a ouvert la voie à une cible haussière de 29 523. Les services financiers demeurent le secteur favori pour les nouveaux capitaux ici au Canada, qui sont tous sur le point de dépasser leurs récents sommets historiques ou qui les ont déjà dépassés. Du côté des marchandises, les actions de gaz naturel et les métaux précieux (tant l’or que l’argent) sont les plus attrayants, compte tenu de la forte hausse de leurs produits sous-jacents.
La principale résistance de l’indice S&P 500 réside dans son sommet du début de 2025, à 6147. Si ce seuil devait être rompu, il renouerait avec une tendance haussière à long terme qui ouvrirait la voie à une nouvelle cible de 7460. Les secteurs procycliques risqués (industrie, consommation discrétionnaire, technologie, services financiers) surpassent les secteurs moins risqués (santé, biens de consommation de base). C’est un phénomène courant pour cette phase du cycle, et nous nous attendons à ce qu’il se poursuive pendant au moins le reste de 2025.
N’hésitez pas à communiquer avec votre conseiller en placement de BMO Nesbitt Burns si vous avez des questions ou si vous souhaitez discuter de votre portefeuille.
1 Selon un rapport publié par Deloitte et le Manufacturing Institute à la fin de 2024, le secteur manufacturier pourrait avoir besoin de 3,8 millions de nouveaux travailleurs d’ici 2033. Environ 1,9 million de ces postes pourraient rester vacants si les pénuries de main-d’oeuvre actuelles ne sont pas résolues.
2 L’administration Trump a affirmé qu’environ 140 000 personnes avaient été déportées en avril 2025, mais selon certaines estimations, ce chiffre était d’environ la moitié. Ce chiffre n’est pas encore très élevé par rapport à la taille de la population active américaine de 170 millions de personnes, mais il mérite d’être surveillé.