Participants :
Sabeen Saeed : Directrice générale régionale, Placements, BMO Gestion privée de placements
Douglas Porter : Économiste en chef et premier directeur général, BMO Groupe financier
Richard Belley : Stratège, Titres à revenu fixe et directeur de portefeuille, BMO Gestion privée
Brent Joyce : Stratège en chef, Placements, BMO Gestion privée de placements
Le 25 mai, BMO Gestion privée a tenu une séance virtuelle sur l’inflation et ce que l’avenir pourrait réserver. Cette discussion d’actualité a été animée par Sabeen Saeed, directrice générale régionale, Placements, BMO Gestion privée de placements, qui a commencé par présenter Douglas Porter, économiste en chef et premier directeur général, BMO Groupe financier, afin qu’il parle du contexte économique.
Prendre le pouls du secteur financier
M. Porter a ouvert la discussion en indiquant qu’il n’avait jamais été témoin en début d’année d’une conjoncture aussi complexe – et c’était avant la guerre en Ukraine. « D’un point de vue économique, l’invasion est venue bouleverser l’offre à l’échelle mondiale, ce qui a accentué les pressions sur l’inflation et freiné les perspectives de croissance », a-t-il fait part, ajoutant que ces perspectives de croissance plus faible ont conféré une nouvelle dimension à la situation.
L’incidence la plus importante pour les marchés financiers est l’augmentation des prix du pétrole, a poursuivi Porter. Malgré un recul mineur survenu récemment, la tendance est claire : le prix du baril de pétrole est passé de 90 $ à 110 $ après l’invasion, puis les taux d’intérêt à long terme ont grimpé davantage.
En outre, le taux de rendement particulièrement important des obligations a augmenté de plus d’un point de pourcentage en raison de l’inflation. À l’heure actuelle, les marchés boursiers affichent une faiblesse généralisée, notamment aux États-Unis. Le Nasdaq est pris dans un véritable marché baissier, tandis que le S&P 500 flirte aussi avec ce territoire.
Il faut noter que le dollar canadien a peu bougé depuis l’invasion – et même au cours des dernières années. Il a été remarquablement stable, a indiqué Porter. Le dollar ne réagit pas aux prix des produits de base. « Nous croyons que la devise devrait s’affermir au cours des prochains mois, plutôt que de s’affaiblir. »
Perspectives économiques
Les prévisions de croissance mondiale ont été révisées à la baisse, en grande partie à cause de la guerre en Ukraine. Les prévisions ont également été réévaluées en Europe et aux États-Unis, de même qu’en Chine, en réaction aux confinements sporadiques. L’économie canadienne devrait se porter relativement bien cette année et l’an prochain, selon M. Porter. Malgré les rumeurs de récession, il croit que les paramètres fondamentaux de l’économie canadienne sont plus solides que ceux d’autres pays. D’une part, nous avons dû composer avec certaines des restrictions les plus sévères liées à la COVID-19, et l’économie profite toujours de la réouverture. D’autre part, le Canada fabrique et exporte des produits semblables à ceux de la Russie.
Taux de chômage : Retour à la normale
La capacité du marché du travail à se rétablir complètement a été impressionnante, a continué Porter. Le taux de chômage est à son plus bas niveau en 50 ans et devrait baisser davantage. En fait, le taux de chômage de toutes les grandes économies industrialisées est proche, ou en bas, de ce qu’il était avant la pandémie. « C’est exceptionnel », a affirmé Porter, ajoutant que le taux de chômage au Canada était d’environ 5 %, et qu’il était inférieur à 4 % aux États-Unis. « C’est un exploit. »
L’inflation monte en flèche… pour combien de temps?
Comme revers de la médaille, toutefois, nous avons maintenant un marché du travail très serré qui exerce de fortes pressions à la hausse sur les salaires, ce qui contribue au contexte inflationniste très tendu. N’oubliez pas que l’inflation était un grave problème même avant l’invasion de l’Ukraine, s’établissant à 7 % aux États-Unis et à près de 6 % au Canada.
Bien entendu, la question de l’inflation est un phénomène mondial. Le taux d’inflation est de 9 % au Royaume-Uni, et il est également élevé au Mexique et au Brésil. L’inflation au Japon et en Chine, bien qu’elle soit inférieure à celle d’autres pays, demeure plus haute que d’habitude.
« J’ai tendance à être d’accord avec le point de vue selon lequel les problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement sont autant un symptôme qu’une cause », a déclaré Porter. L’inflation est attribuable aux politiques de relance, au cours de la pandémie, qui ont stimulé la demande bien au-delà de ce que la chaîne d’approvisionnement pouvait supporter. Pour corriger la situation, nous devons calmer l’effervescence de la demande, a-t-il ajouté.
Porter estime que l’inflation durera plus longtemps que ce que pensent d’autres prévisionnistes. L’abondance des possibilités d’emploi en Amérique du Nord fait augmenter les salaires, ce qui alimentera une partie des pressions inflationnistes. Les taux d’intérêt ne font que commencer à monter, a poursuivi Porter. « Il faudra une hausse assez importante des taux pour freiner l’inflation. »
La Fed a déjà procédé à des hausses de taux totalisant 0,75 point de pourcentage, et la Banque du Canada fait de même. Les deux taux directeurs devront monter au-dessus de 2 %, a-t-il soutenu. La bonne nouvelle, c’est que les taux d’intérêt à long terme ont déjà pris en compte ces hausses et que les taux obligataires à long terme les reflètent également.
Politique budgétaire
Autre point positif, selon Porter, c’est que les finances publiques s’améliorent à mesure que les revenus retournent aux niveaux prépandémiques. « Nous avons payé pour la pandémie en augmentant d’un cran le ratio de la dette au PIB d’Ottawa, mais nous espérons que ce ratio baissera au fil des ans. »
Richard Belley, stratège, Titres à revenu fixe et directeur de portefeuille, BMO Gestion privée, a parlé de la période difficile que traversent les investisseurs en obligations. « En prévision de la réaction énergique des banques centrales, nous avons vu les taux d’intérêt monter considérablement en peu de temps. » Il y a eu un mouvement à la hausse des courbes des rendements en Amérique du Nord, et plus le terme des titres est long, plus l’impact sur le rendement est grand.
Par ailleurs, les placements à court terme, comme les bons du Trésor, ont aussi été touchés par le choc des taux d’intérêt, ce qui a donné lieu à des rendements obligataires négatifs, chose que nous avons rarement vue en 40 ans.
Hausse des taux de rendement
La plupart des taux de rendement ont presque doublé à court terme. Initialement, la hausse reflétait les attentes du marché en matière d’inflation. Cependant, même si les attentes récentes vont au-delà de ce qui est respectable, 2022 est en réalité une période de hausse des taux de rendement réels (soit exclusion faite des attentes inflationnistes). Au Canada, les taux de rendement réels ont augmenté de plus d’un point de pourcentage – soit 100 points de base – en très peu de temps.
Une tempête parfaite
En plus des attentes inflationnistes et de la hausse des taux de rendement réels, l’élargissement des écarts de taux a provoqué un autre choc sur le portefeuille de titres à revenu fixe, affaiblissant la protection des investisseurs. Ces trois facteurs ont donné lieu à une tempête parfaite, a affirmé Belley, qui s’est traduite par le pire rendement jamais enregistré.
Mais nous devons nous concentrer sur les gains à long terme et sur les bons côtés, a soutenu Belley. Premièrement, malgré la faiblesse de l’évaluation des portefeuilles d’obligations, il n’y a pas eu de perte de capital permanente – par exemple, il n’y a eu aucun défaut majeur sur les marchés des obligations de sociétés. Deuxièmement, la hausse des taux d’intérêt est déjà prise en compte; le marché s’est ajusté à ce qui pourrait se produire. Essentiellement, donc, le pire est derrière nous, selon Belley. Troisièmement, les investisseurs ont encore plus de la moitié de leurs coupons d’intérêt à récolter cette année.
N’oubliez pas que les taux de rendement moyens sont de 3 % à 4 % supérieurs et que les taux des CPG ont augmenté considérablement et offrent certains des meilleurs taux à court terme depuis des années. Ces taux plus élevés devraient contribuer à atténuer l’incidence négative du rendement du portefeuille aujourd’hui et à l’avenir.
La hausse des taux d’intérêt et les primes de risque ont donné lieu à des taux de rendement, pour la plupart des titres à revenu fixe, qui sont maintenant plus intéressants que les dividendes d’actions. Bien entendu, a ajouté Belley, ce n’est pas le moment de liquider en partie ou en totalité ses portefeuilles de titres à revenu fixe ou de réduire son exposition globale.
Des jours meilleurs
Brent Joyce, stratège en chef, Placements, BMO Gestion privée de placements, a réitéré l’importance de prendre acte des événements récents. L’économie a beaucoup progressé par rapport au creux pandémique. La hausse des taux de rendement réels est un signe qu’elle n’a plus besoin des mesures de survie que les banques centrales ont fournies. Le revenu revient maintenant dans l’équation pour un segment important des marchés des capitaux : les épargnants.
« Des jours meilleurs sont arrivés », a avancé Joyce. Certes, la guerre, les défis de la chaîne d’approvisionnement et l’inflation continuent de causer des problèmes. Mais une forte demande n’est pas néfaste pour les investisseurs en actions, et les chaînes d’approvisionnement peuvent être réparées. Nous devons simplement ralentir et reprendre un rythme durable, car nous étions en situation de surchauffe, l’une des principales raisons pour lesquelles l’inflation est à un sommet.
Une faiblesse à la fois des marchés boursiers et des marchés obligataires est rare, selon Joyce. Mais n’oubliez pas que la croissance des bénéfices est le moteur de l’appréciation du cours des actions et que les bénéfices continuent de croître. Les dommages du premier trimestre ont corrigé une partie des déséquilibres au sein des actions et des obligations, une évolution que nous devrions accueillir favorablement en tant qu’investisseurs, a déclaré Joyce.
Enfin, le Canada profitera de la hausse des prix des produits de base, car les secteurs cycliques devraient continuer de dominer à court terme. Les perspectives de resserrement se poursuivront pour les portefeuilles de titres à revenu fixe, a indiqué Joyce. « Les actions peuvent continuer de bien se comporter malgré la politique plus ferme; les valorisations sont maintenant plus attrayantes. »
Vous pouvez regarder la discussion en entier ici : https://www.odysseyproduction.ca/live/bmoinflation/
Cette publication de BMO Gestion privée est présentée à titre informatif seulement; elle n’est pas conçue ni ne doit être considérée comme une source de conseils professionnels. Son contenu provient de sources considérées comme fiables au moment de sa publication, mais BMO Gestion privée ne peut en garantir ni l’exactitude ni l’exhaustivité. Pour obtenir des conseils professionnels concernant votre situation personnelle ou financière, adressez-vous à votre représentant de BMO. Les commentaires émis dans cette publication n’ont pas pour but de constituer une analyse définitive des conditions d’application de l’impôt ni des lois sur les fiducies et les successions. Ce sont des commentaires de nature générale, et nous recommandons au lecteur d’obtenir des conseils professionnels sur la situation fiscale qui lui est propre.
BMO Gestion privée est un nom de marque du groupe d’exploitation qui comprend la Banque de Montréal et certaines de ses sociétés affiliées qui offrent des produits et des services de gestion privée. Les produits et les services ne sont pas tous offerts par toutes les entités juridiques au sein de BMO Gestion privée. Les services bancaires sont offerts par l’entremise de la Banque de Montréal. Les services de gestion de placements, de planification de patrimoine, de planification fiscale et de planification philanthropique sont offerts par BMO Nesbitt Burns Inc. et BMO Gestion privée de placements Inc. Si vous êtes déjà un client de BMO Nesbitt Burns Inc., veuillez communiquer avec votre conseiller en placement pour obtenir plus de précisions. Les services de garde de valeurs ainsi que les services successoraux et fiduciaires sont offerts par la Société de fiducie BMO. Les entités juridiques de BMO Gestion privée n’offrent pas de conseils fiscaux. La Société de fiducie BMO et BMO Banque de Montréal sont membres de la Société d’assurance-dépôts du Canada.
MD Marque de commerce déposée de la Banque de Montréal, utilisée sous licence.
Tous droits réservés. La reproduction de ce document sous quelque forme que ce soit ou son utilisation à titre de référence dans toute autre publication est interdite sans l’autorisation écrite expresse de BMO Gestion privée.