Dans cet épisode, Sylvain Brisebois, premier vice-président et directeur national des ventes, BMO Gestion privée s’entretient avec Brian Belski, stratège en chef des investissements, BMO Marchés des capitaux, qui présente son point de vue sur le caractère inédit de 2020 et sur les défis qu’il faudra surmonter en 2021.
L’entretien se déroule en anglais uniquement.
Transcription:
Sylvain Brisebois : Bonjour à tous. Je m’appelle Sylvain Brisebois et je suis premier vice-président et directeur national des ventes de BMO Gestion privée. Je suis aujourd’hui accompagné de Brian Belski, un homme qu’il est inutile de présenter. Il s’agit bien sûr du stratège en chef — Placements de BMO Marchés des capitaux.
Brian, 2020 est enfin derrière nous — une année qui fut loin d’être normale pour de nombreuses raisons. Nous entamons une nouvelle année, et avec elle vient une nouvelle perspective sur les marchés et le monde qui nous entoure. Nous apprécions toujours votre point de vue sur l’avenir, mais cela est surtout vrai dans des moments aussi étranges et difficiles que ceux-ci. Merci de prendre le temps de nous faire part de vos réflexions aujourd’hui. Sur ce, commençons.
Les marchés se sont fortement redressés depuis mars 2020; cela a été bien documenté. En ce qui concerne les prévisions de bénéfices, croyez-vous que les marchés s’emballent?
Brian Belski : C’est une excellente question, et merci beaucoup de m’avoir invité.
Il existe une formule sur le marché, « Les actions mènent les gains, qui mènent l’économie », et je pense que beaucoup de gens ont eu du mal à s’y retrouver — avec cette, entre guillemets, déconnexion par rapport à « Main Street » et «Wall Street, ou « Bay Street », d’ailleurs. Et je pense que cela a eu une importance démesurée, car, encore une fois, nous traversons une période sans précédent. Je pense que les investisseurs doivent être conscients du fait que le retour à la normale dont nous avons tous cruellement besoin et que nous souhaitons vraiment voir en 2021 ne sera pas aussi facile qu’on le croie. Ce qui signifie que nous ne retrouverons pas notre vie normale aussi rapidement que nous le souhaitons et c’est ce que les marchés démontrent.
Je crois qu’il est dangereux de dire que les marchés s’emballent, surtout si l’on considère que les marchés nord-américains, particulièrement en 2020, ont connu plus de sorties nettes d’actifs que d’entrées, et que nous continuons à voir des entrées massives sur les marchés des titres à revenu fixe en Amérique du Nord.
Pour ce qui est de s’emballer, revenons à la formule : « Les actions mènent les gains, qui mènent l’économie ». Les actions font leurs prévisions typiques et traditionnelles en anticipant ce qui se passera. Mais, les gains pourraient en fait être bien plus importants que ce que la plupart des gens croient, et cela fait partie de notre avis sur la hausse des gains au Canada et aux États-Unis en 2021. Donc, si les gains s'acroissent encore, alors l’économie pourrait aussi s’améliorer, ce qui pourrait en fin de compte apporter une crédibilité supplémentaire à la solidité des actions.
Sylvain Brisebois : Fantastique. Compte tenu du temps disponible, je reviendrai vers la fin de cet enregistrement aux commentaires sur les objectifs et vos attentes pour 2021, mais je veux vous mettre un peu sur la sellette ce matin. Nous avons eu de nombreux appels avec vous pour parler des marchés généraux. Ce matin, si cela vous convient, j’aimerais discuter questions particulières et, à ce propos, je voudrais aborder la technologie 5G.
Nous allons assister à une croissance exponentielle de la demande de bande passante, et je me demande quels sont les implications de cette demande et votre avis sur le prix du cuivre sur le marché du câble à haut débit? L’appréciation récente du cuivre tient-elle déjà compte de cela? Avez-vous des commentaires sur cela?
Brian Belski : Excellente question. Vous savez, le cuivre n’est pas seulement une question de bande passante; comme j’aime à dire, il est un élément isolé de la technologie globale, qu’il s’agisse ou non de puces semi-conductrices ou même de Tesla, d’ailleurs.
Les métaux de base, et les métaux en général, sont donc un domaine où nous sommes optimistes depuis un certain temps; le cuivre a été l’un des métaux affichant le meilleur rendement jusqu’à présent en 2021. Et nous pensons que la croissance de la demande se poursuivra à l’image de ces autres facteurs fondamentaux, en ce qui concerne — eh bien, que vous le mentionniez ou non, en termes de 5G ou de solaire dans le « New Green Deal » que M. Biden va mettre en œuvre en termes d’énergie propre.
Je pense que la demande pour le cuivre est assez constante, et cet avis, soit dit en passant, est conforme à nos grandes stratégies concernant les produits de base chez BMO Marchés des capitaux. Nous pouvons constater que le prix du cuivre demeure élevé.
Sylvain Brisebois : Très bien. En parlant de produits de base, nous avons beaucoup parlé des véhicules électriques, et ils sont là pour rester. Pouvez-vous commenter la situation de cette technologie sur le marché et peut-être celle du le lithium, du nickel — et même le prix du pétrole, s’il est quelque peu délaissé?
Brian Belski : Eh bien, nous avons vu que le prix de WTI a été quelque peu rééquilibré ici, principalement en raison de facteurs faisant que l’offre commence à se resserrer un peu. En ce qui concerne les facteurs fondamentaux qui déterminent le cours du pétrole, nous pensons toujours que l’offre est supérieure à la demande, et nous pourrions donc assister à un léger recul. Et il y a eu, pour ce qui est des produits de base, peut-être certaines couvertures de position à découvert entre guillemets, car le prix a été poussé à la hausse.
Mais il est clair qu’avec cette notion de voitures électroniques et, encore une fois, d’énergie plus propre et autres, cela exercera, selon nous, une pression continue à la baisse sur le cours du pétrole. Mais il y a tout de même de grandes entreprises au Canada et aux États-Unis qui ont dépensé beaucoup d’argent pour des titres comme Suncor, CNQ et TransCanada (TC Énergie), et Enbridge a dépensé beaucoup d’argent dans la recherche sur les énergies renouvelables. Donc, encore une fois, ils seront à l’avant-garde dans certains cas.
Mais je pense que, encore une fois, nous verrons une diversification continue en termes de leadership sur les marchés, et donc le secteur des matériaux au Canada va jouer un rôle important en termes de nickel, d’argent, de cuivre, de batteries, etc.
Mais il ne s’agira pas seulement de nouvelles voitures et batteries; il s’agira d’une croissance mondiale synchronisée s’améliorant au cours des prochaines années, pas tant en 2021, Syl, mais je crois que, dans une perspective plus large, c’est ce que l’on prévoit pour les cinq à dix prochaines années.
Sylvain Brisebois : OK. Et les tendances pour les cinq à dix prochaines années seront également intéressantes dans le domaine de l’immobilier. Je pense que tout le monde peut reconnaître que le télétravail est là pour rester, sous une forme ou une autre. Aimez-vous les sociétés comme Colliers et Brookfield, et Cadillac Fairview, et comment les gérez-vous dans cet environnement, vu l’incertitude quant à ce que les cinq ou dix prochaines années pourraient vous réserver en matière de demande immobilière?
Brian Belski : Oui. Nous détenons encore des titres de Brookfield dans les portefeuilles que nous gérons pour la filière de la gestion de patrimoine au Canada. Une société bien gérée. Nous ne possédons pas ces deux autres titres, je ne peux donc pas parler de ceux-là en particulier. Mais, vous savez, on peut justifier, Syl, que vous allez commencer à voir de nouvelles contraintes de capacité qui mèneront ensuite à la reconstruction des bureaux. Nous aimons plaisanter sur tout le concept de bureaux ouverts et autres. Eh bien, nous pourrions voir un retour aux bureaux classiques, car les gens se sentent plus à l’aise dans un bureau traditionnel que dans un cubicule, ce qui entraînerait en fait l’arrivée d’une nouvelle offre pour rééquilibrer les bureaux.
Nous aimons donc Brookfield dans une perspective à long terme, simplement en raison de la façon dont cette société est gérée.
Sylvain Brisebois : Fantastique. La dernière fois que nous avons fait un enregistrement comme celui-ci, je crois que nous avions des informations claires sur le résultat des élections américaines; ce qui n’était pas clair à l’époque, c’était le Sénat. Et je pense qu’en général, on s’attendait à ce que les Républicains prennent la tête il y a quelques mois. Cela semble avoir changé. Est-ce qu’une plus grande puissance des Démocrates dans l’arène politique américaine modifie un peu votre vision du monde?
Brian Belski : Non, pas du tout, Syl, et je suis heureux que vous en parliez, car depuis plusieurs années, nous affirmons dans nos travaux de recherche que la politique n’a rien à voir avec le rendement absolu des marchés boursiers, mais plutôt avec le comportement de l’économie et les événements fondamentaux. Et je pense que trop de gens, à en juger par nos conversations avec des clients et des consommateurs du monde entier, se sont concentrés sur la vague bleue de contrôle démocrate entre guillemets dans deux des trois instances gouvernementales aux États-Unis, qui semble maintenant être une position officielle grâce au second tour des élections en Géorgie.
Je pense donc que trop de gens accordent trop de crédit à la politique en ce qui concerne les politiques. Cela aura évidemment une incidence fiscale et réglementaire à l’avenir, mais, étant donné cette période sans précédent, nous pensons, sur le plan de la stratégie de placement de la BMO, que M. Biden se concentrera d’abord et avant tout sur la COVID, ainsi que sur des mesures de prévention et de relance supplémentaires.
En ce qui concerne les autres questions sur le programme, qui coïncident généralement avec un programme libéral et démocrate, je pense qu’il faudra un peu plus de temps pour qu’elles soient réellement mises en œuvre. Je pense que les marchés ont vu juste, c’est pourquoi les prix sont plus élevés.
Sylvain Brisebois : Merci beaucoup pour cela. Je vais changer un peu de sujet ici. Et, Brian, si je ne me trompe pas, la plupart des stratèges, vos collègues à travers l’Amérique du Nord font du bon travail, mais peu d’entre eux gèrent de l’argent réel; vous gérez des portefeuilles et les clients y placent de l’argent réel. Vous lancez une nouvelle publication sur un nouveau portefeuille SMID (petite et moyenne capitalisation). Il s’agit peut-être d’un nouveau terme pour certains de nos auditeurs. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet et nous expliquer pourquoi le lancement a lieu maintenant? Ai-je raison de supposer également que nos auditeurs pourraient avoir accès à ce portefeuille à un moment donné?
Brian Belski : Oui. Merci d’aborder le sujet. Nous l’avons en fait publié sous forme de portefeuille en décembre, étant donné que nous sommes des analystes enregistrés auprès de la FINRA, ce qui signifie que j’ai plusieurs permis différents aux États-Unis et que nous devons d’abord publier un rapport de recherche avant que le portefeuille puisse être officiellement lancé; nos partenaires et vous allez lancer ce portefeuille pour nos clients de BMO Patrimoine aux États-Unis au cours des 30 à 90 prochains jours, et nous espérons que quelque chose pourrait aussi avoir lieu au Canada.
SMID désigne les sociétés à petite et moyenne capitalisation, donc entre 500 millions et 10 milliards de dollars, c’est en quelque sorte la tranche que nous visons pour ce portefeuille. Généralement, et historiquement, nous gérons des portefeuilles comptant de 40 à 50 titres; au maximum, ce portefeuille en comprendra 75, compte tenu de la perspective de risque un peu plus élevée des actions de petites et moyennes capitalisations.
Notre message serait le suivant : à notre avis, en général, le marché boursier au Canada et aux États-Unis sera beaucoup plus diversifié. Et comme nous commençons à voir un élargissement de la force fondamentale, il est souhaitable que vos participations à long terme dans des actions de sociétés à petite et moyenne capitalisation présentent un certain risque. Ainsi, ce portefeuille vise une surpondération dans les secteurs où nous souhaitons nous positionner au cours des trois à cinq prochaines années, à savoir les services de communication, la technologie et les biens de consommation discrétionnaire, avec un accent particulier sur le court terme dans des domaines comme les services financiers et l’industrie, et c’est pourquoi le portefeuille que nous avons déjà publié en décembre est positionné en conséquence.
Sylvain Brisebois : Merveilleux. Je pense donc qu’à court terme, les conseillers veilleront à lire ces recherches.
Parlons des cibles avant de conclure l’appel d’aujourd’hui. Pour la fin de 2020, et corrigez-moi si je me trompe un peu, mais le S & P a clôturé à 3756; votre cible était de 3650. C’est remarquablement près de la cible — je peux le dire aux auditeurs; ce n’est pas une science exacte. Et, malgré l’année que nous avons eue, vous avez presque atteint vos objectifs en ce qui concerne le TSX au Canada. Nous avons clôturé à 17 433; votre objectif était de 18 200. Pouvez-vous donc nous parler des cibles que vous étiez si prés d’atteindre et peut-être aussi nous dire où vous croyez que le S & P 500 américain et le TSX clôtureront en 2021?
Brian Belski : Eh bien, c’est juste et je vous remercie pour vos commentaires. Nous sommes évidemment flattés et touchés par cela. Cela prend du temps, c’est un processus et c’est une discipline que nous avons maintenant établie. J’entame ma 31e année à Wall Street cette année et nous avons publié neuf prévisions sur le Canada et 23 prévisions sur le S & P 500 aux États-Unis depuis que nous sommes à la BMO. Ainsi, nos prévisions pour 2021 sont, respectivement, de 4200 aux États-Unis en ce qui concerne le S & P 500 et de 19 500 pour le TSX; nous croyons en fait que le TSX pourrait surpasser les États-Unis, compte tenu de ces chiffres, en vue d’un rattrapage.
À la fin de l’année, le TSX a en quelque sorte pris, à très court terme, une direction opposée à celle des États-Unis; nous pensons que c’est simplement parce que les États-Unis ont joué un rôle beaucoup plus dynamique. Et nous pensons que le rattrapage concernant la valorisation offerte par le Canada, si vous voulez un certain niveau de risque aux États-Unis — un risque accru aux États-Unis. N’oubliez pas que la majorité de la croissance et des gains que nous constatons au Canada sont en réalité liés aux États-Unis. C’est donc là que nous souhaitons voir les risques au Canada qui sont en réalité plus exposés aux États-Unis.
En ce qui concerne nos objectifs de l’année dernière, vous savez, nous les avons suspendus en mars, nous les avons ramenés en août où nous avons fait passer notre cible de 3400 à 3650 pour le S & P 500. Nous étions donc en quelque sorte en position de « promettre moins et de faire plus » aux États-Unis.
Au Canada, nous nous attendions vraiment à ce qu’il y ait encore plus de rattrapage, et il semblait que cela allait être le cas. Nous sommes passés très près de la cible et, encore une fois, tu sais, nous avons la chance et le bonheur d’avoir une grande équipe et un processus et une discipline qui ont fait leurs preuves au fil du temps.
Sylvain Brisebois : C’est fantastique. Au moment où nous enregistrons cet appel, le TSX est à un peu plus de 18 000 et donc, vous aurez peut-être besoin de quelques semaines de plus. Pour les auditeurs, je dis cela avec un sourire, puisqu’il s’agit d’une prévision d’une précision remarquable. Merci pour cela.
Et, Brian, comme toujours, nous aimerions avoir plus de temps pour discuter plus longuement de ces objectifs — nous souhaitons que ces appels soient relativement courts — et nous continuerons donc à composer avec la réalité sans précédent de 2020 et de 2021 et les défis et les occasions qui pourraient en découler, mais nous apprécions votre point de vue et, surtout, le travail que vous faites pour nous aider à prendre des décisions plus éclairées pour nos clients.
Comme toujours, chers clients, nous vous encourageons à consulter vos professionnels de la gestion de patrimoine pour des conversations plus approfondies sur tout sujet que vous souhaitez aborder.
Entre-temps, prenez tous soin de vous, portez-vous bien, et, en attendant la prochaine fois, merci de nous écouter et merci encore, Brian.
Cette série de baladodiffusions vous a été présentée par BMO Gestion privée. À la prochaine!
Divulgations :
Les commentaires contenus dans ce balado sont de nature générale, fournis uniquement à titre informatif, et ne constituent pas des conseils juridiques, fiscaux ou comptables, ou en matière de placement, de fiducie ou de succession. Ils sont fournis comme conseils généraux et sont basés sur des renseignements que nous estimons être exacts et complets, mais dont nous ne pouvons pas garantir l’exactitude ou l’exhaustivité. À moins d’avis contraire, les estimations et les projections présentées dans ce rapport sont celles des intervenants à la date de publication, peuvent changer sans préavis et ne reflètent pas nécessairement celles de BMO Gestion privée. Il est possible que cette baladodiffusion ne reflète pas tous les renseignements disponibles.
BMO Gestion privée est le nom de marque d’un groupe d’entreprises comprenant la Banque de Montréal et certaines de ses sociétés affiliées qui fournit des produits et services de gestion de patrimoine privé. Tous les produits et services ne sont pas offerts par toutes les entités juridiques au sein de BMO Gestion privée. Les services bancaires sont offerts par la Banque de Montréal. Les services de gestion des placements, de planification de patrimoine, fiscale et philanthropique sont offerts par l’intermédiaire de BMO Nesbitt Burns Inc. et de BMO Gestion privée inc. Les services de succession, de fiducie et de garde de titres sont offerts par l’entremise de la Société de fiducie BMO. Les entités juridiques de BMO Gestion privée n’offrent pas de conseils fiscaux. La Société de fiducie BMO et BMO Banque de Montréal sont membres de la SADC.
® Marque déposée de la Banque de Montréal, utilisée sous licence.