Les investisseurs ont eu beaucoup à digérer en 2024. Même si les marchés ont réagi positivement à la baisse de l’inflation et à l’assouplissement des taux d’intérêt, les tensions géopolitiques et les élections américaines restent des préoccupations majeures – et l’année n’est pas encore terminée.
À moins d’un mois des élections américaines, les investisseurs s’inquiètent de savoir comment le résultat du scrutin influencera le marché des actions et l’économie canadienne. C’est l’un des sujets abordés lors des récents événements Perspectives des marchés 2024 organisés par BMO Gestion privée à Calgary et à Vancouver, et animés par June Zimmer, présidente régionale, Ouest du Canada, BMO Gestion privée.
Brian Belski, stratège en chef, Placements de BMO Marchés des capitaux, a abordé le rôle de la politique dans les marchés en exhortant les investisseurs à faire abstraction de l’agitation médiatique. Jennifer Lee, économiste principale, BMO Marchés des capitaux, et Brent Joyce, stratège en chef, Placements, BMO Gestion privée de placements, ont exposé leurs perspectives économiques et de marché, abordant divers sujets allant des taux d’intérêt à l’inflation en passant par le marché immobilier.
Risques liés aux élections américaines
Pour les investisseurs qui suivent de près la course à la présidence des États-Unis, M. Belski a déclaré que, bien que les élections risquent d’entraîner une certaine volatilité sur les marchés, il est important de ne pas laisser les événements politiques influencer les décisions de placement. « La politique n’a rien à voir avec le rendement absolu du marché boursier. Absolument rien », a-t-il répondu à une question du public à Calgary concernant la réaction attendue du marché avant et après les élections. « Achetez de bonnes sociétés. Concentrez-vous. Oubliez le reste. »
Mme Lee évalue les avantages et les inconvénients des deux résultats possibles de l’élection d’un point de vue économique. « En cas de victoire républicaine, je m’attends à des baisses d’impôt pour les sociétés et à moins de réglementation, mais je crains le chaos au quotidien avec une certaine personne, a-t-elle dit. Du côté du camp démocrate, les hausses d’impôt pour les sociétés et les hausses d’impôt en général m’inquiètent, mais en même temps, il y a un filet de sécurité sociale plus large, ce qui est une bonne chose. »
M. Joyce a déclaré que l’une de ses préoccupations, du point de vue des États-Unis, est l’explosion du déficit et l’augmentation des dépenses depuis des décennies. « Après novembre, le sujet sera au premier plan. De nombreuses voix en politique, dans le secteur privé ainsi que dans le monde académique, soulèvent la question. Ce débat n’occupera sans doute pas l’espace médiatique durant les derniers jours de la campagne, mais restez à l’affût à l’approche de la nouvelle année », a-t-il indiqué.
Les inquiétudes inflationnistes sont-elles derrière nous? Pas si vite!
Même si le taux d’inflation annuel du Canada avoisine actuellement la cible de 2 % de la Banque du Canada – un écart considérable par rapport au pic de 8,1 % de juin 2022 –, Mme Lee n’est pas convaincue que nous sommes totalement sortis d’affaire. « Je crains que nous assistions à des turbulences sur le front de l’inflation », a-t-elle dit, en soulignant que les menaces géopolitiques comme les guerres commerciales, les tarifs douaniers et les risques climatiques pourraient avoir une incidence sur les prix.
« La hausse des revenus pourrait également contribuer à une deuxième vague d’inflation, a déclaré M. Joyce, bien que la croissance des salaires soit un indicateur retardé. Il faut donc s’attendre à un certain rattrapage. Cela ne peut tout simplement pas se poursuivre indéfiniment. »
Occasion dans un contexte de baisse des taux
Alors que l’inflation a baissé cette année, les Canadiens ont enfin vu les taux d’intérêt diminuer également. Cela a créé un contexte favorable pour les investisseurs – le meilleur en dix ans, selon M. Joyce. « Nous pouvons maintenant gagner de l’argent sur le marché des actions. Nous pouvons gagner de l’argent avec les titres à revenu fixe et les taux diminuent; les cycles d’assouplissement sont bénéfiques pour les deux types d’actifs », explique-t-il.
Au-delà des actions et des obligations, une question cruciale se pose également quant à l’incidence de la baisse des taux d’intérêt sur l’immobilier. Jusqu’à présent, les réductions opérées cette année n’ont pas déclenché un afflux de nouvelles demandes, mais Mme Lee a déclaré que les niveaux élevés d’immigration continuent d’exercer des pressions sur le marché.
M. Joyce a souligné que, même si le logement reste cher et qu’un accroissement de l’offre est nécessaire, la stabilité est enfin au rendez-vous. En réponse à une question du public à Vancouver sur le moment où les prix reviendront à leur niveau d’il y a trois ans, M. Joyce a indiqué qu’il est encore difficile de le prévoir. « Je ne pense pas que cela se produira dans l’année à venir ou dans les 18 mois, mais je ne crois pas que nous nous dirigeons vers d’autres baisses », a-t-il déclaré.
Les actions canadiennes et le ralentissement de l’économie
Alors que la croissance économique ralentit, les investisseurs peuvent se demander comment les actions canadiennes se comporteront. M. Joyce a toutefois souligné que les deux notions ne sont pas forcément liées et que le marché boursier canadien est « très orienté vers l’international ».
« Le marché boursier n’est pas l’économie, et l’économie n’est pas le marché boursier, a-t-il dit. Cela est particulièrement vrai au Canada. »
M. Joyce a ajouté qu’il y a souvent des questions sur le bien-fondé de se retirer des actions canadiennes lorsque les préoccupations liées à la productivité et à la croissance émergent, mais ces éléments ne devraient pas être liés.
Qu’il s’agisse d’écueils économiques ou de menaces géopolitiques, M. Belski a déclaré qu’en matière d’investissement, il est essentiel de revenir aux fondamentaux.
« Il se passe toujours quelque chose et il y a toujours quelque chose dont on peut avoir peur, a-t-il dit. Nous nous concentrons donc sur les fondamentaux et ne nous laissons pas distraire par toute cette négativité ambiante. »