La montée est toujours plus lente que la descente. Selon nous, ce vieil adage décrit parfaitement la situation du marché boursier ces derniers temps. Après une ascension ininterrompue menée par les « Nifty AI Five » (Nvidia, Microsoft, Meta, Amazon et Google) et quelques autres titres, la volatilité des marchés a bondi et les cours ont rapidement baissé au cours de la dernière semaine. Cependant, il est important de noter que cette fluctuation négative a entraîné une énorme variance. Les titres technologiques à mégacapitalisation coûteux et les secteurs cycliques (consommation discrétionnaire, industrie, énergie et matières premières), qui sont plus exposés au cycle économique, ont été (de loin) les moins performants. Par ailleurs, les secteurs défensifs comme les soins de santé, les biens de consommation de base, les services publics et les FPI ont assez bien résisté à la tempête jusqu’à présent. La baisse des taux d’intérêt a également été un facteur favorable pour ceux-ci, puisque leur rendement en dividendes plus élevé est d’autant plus attrayant.
Comme notre collègue Brent Joyce, stratège en chef, BMO Gestion privée de placements le souligne : « Les corrections sur les marchés boursiers font partie de la normalité des placements ». Il est réjouissant de constater que certains segments surévalués se sont affaiblis et que d’autres ont pris de la vigueur. Toutefois, nous traversons la période de l’année caractérisée par de la volatilité, une participation réduite et de faibles liquidités, de sorte que d’autres fluctuations pourraient survenir.
Encore une fois, cela nous rappelle que la diversification des portefeuilles dans l’ensemble des secteurs est un outil essentiel de gestion des risques. Il a été difficile pour beaucoup de gens d’observer une poignée d’actions progresser au cours des 18 derniers mois, mais il demeure essentiel de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Les implosions de ce qu’il est convenu d’appeler les titres du « Nifty Fifty » (début des années 1970) et la bulle technologique Internet (début des années 2000) ne sont que deux exemples dans l’histoire qui confirment le bien-fondé de cette approche. Dans les deux cas, les anciennes coqueluches du marché ont affiché un rendement nettement inférieur à celui du marché pendant des années après avoir atteint leur sommet.
Les causes directes de ce repli ont été l’affaiblissement du marché du travail au sud de la frontière et les résultats décevants des meilleurs titres technologiques de premier ordre comme Microsoft, Amazon et Google (et quelques autres amis). Nous nous empressons d’ajouter que ces chiffres étaient loin d’être désastreux, mais qu’ils ne répondaient pas aux attentes élevées. Cela nous ramène à l’importance des valorisations boursières. Bien qu’elles soient un outil particulièrement mauvais pour choisir le moment d’investir, les valorisations (p. ex., valeur du titre compte tenu du ratio cours-bénéfice, des flux de trésorerie ou des ratios de vente) fournissent des renseignements sur les attentes intégrées. Plus elles sont élevées, plus la barre est haute pour les sociétés qui présentent leurs résultats trimestriels. À l’inverse, les actions bon marché sont confrontées à un risque de baisse nettement moindre, même si les résultats sont médiocres.
L’un des principaux problèmes auxquels le marché doit faire face est que les fonds de couverture détiennent collectivement bon nombre de ces actions axées sur le momentum. Par conséquent, lorsque de mauvaises nouvelles sont annoncées, ils ont tendance à délaisser les positions en actions similaires. C’est exactement ce qui semble se produire en ce moment. La nouvelle selon laquelle l’oracle d’Omaha, Warren Buffet, avait liquidé une partie importante de sa participation dans Apple a également miné le moral des investisseurs. Bien que cette décision réduise le risque du portefeuille de Berkshire Hathaway et puisse être interprétée comme défavorable par le marché, une autre explication plausible pourrait également être que son équipe de placement estimait qu’Apple avait atteint sa pleine valeur et que le moment était bien choisi pour encaisser des profits. Personne n’a jamais fait faillite en encaissant un profit, comme le veut l’adage.
Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, l’affaiblissement du marché du travail a également été un catalyseur du repli, car de nombreux investisseurs ont dépoussiéré l’ancienne règle de Sahm, qui considère qu’une hausse de plus de 0,5 % du taux de chômage par rapport à son creux de 12 mois a précédé toutes les récessions depuis les années 1970. Nous trouvons cette conclusion trop simpliste étant donné que le marché de l’emploi a été incroyablement vigoureux et que le taux de chômage est toujours proche de son creux historique. Il fallait donc s’attendre à une normalisation, loin d’un scénario catastrophe, qui facilitera grandement la lutte contre l’inflation que mène la Fed. Ce contexte pourrait également accélérer le rythme des baisses de taux d’intérêt, ce qui a historiquement été un facteur favorable aux actions et à d’autres actifs risqués.
Les économies modernes, et en particulier l’économie américaine, sont tout simplement trop complexes pour être réduites à une seule variable, selon nous. Par conséquent, nous avons actualisé notre modèle multifactoriel de probabilité de récession (qui a fait ses preuves au cours des dernières années) et avons constaté que la probabilité d’une récession en Amérique du Nord au cours des 12 prochains mois demeure inférieure à 50 %. Les choses peuvent changer, mais nous n’apercevons pas de torpille financière à l’horizon au moment où nous rédigeons ce commentaire. En fait, les sociétés ouvertes au Canada et aux États-Unis devraient encore afficher une croissance du bénéfice par action à deux chiffres au cours de la prochaine année.
Au bout du compte, l’épisode de repli actuel devrait générer des occasions d’achat attrayantes. Cependant, il sera essentiel d’être sélectif, car l’histoire prouve que les secteurs et les actions qui mènent le bal peuvent beaucoup changer selon le cycle de l’économie et des taux d’intérêt. Nous continuerons à mettre l’accent sur les sociétés présentant de solides avantages concurrentiels, d’excellentes équipes de direction, un bilan à toute épreuve et des antécédents éprouvés en matière de croissance des flux de trésorerie et des dividendes.
Comme toujours, veuillez communiquer avec votre conseiller de BMO Gestion privée si vous avez des questions et souhaitez discuter de votre portefeuille ou obtenir des recommandations sur des titres précis.