Compte tenu de la persistance des préoccupations liées à la COVID-19 et de l’intensification des tensions géopolitiques, les marchés financiers ont les yeux fermement rivés sur les banques centrales, qui tentent de s’attaquer à l’inflation galopante sans inverser l’élan économique.
Dans le but d’examiner la question des banques centrales et de la politique monétaire, BMO Gestion privée a animé la semaine dernière une webdiffusion destinée aux clients avec l’économiste en chef de BMO et d’autres experts de BMO Gestion privée qui ont fait part de leurs observations.
Participants :
Jamie Loughery, président régional, Ontario, BMO Gestion privée
Douglas Porter, économiste en chef et directeur général, BMO Groupe financier
Stéphane Rochon, premier directeur général, Services-conseils en gestion de portefeuille, BMO Nesbitt Burns
Naveed Mohammed, chef de l’équipe de recherche des gestionnaires de placements, BMO Gestion privée
De hauts en bas
À la fin de 2021, les marchés boursiers avaient atteint un sommet record. Mais, les choses ont considérablement changé en quelques mois seulement et les participants sur le marché vendent des obligations et des actions presque sans distinction. Selon Douglas Porter, économiste en chef et premier directeur général de BMO Groupe financier, ce changement rapide intervient à cause du changement de ton des banques centrales.
Il y a à peine six semaines, la plupart des banques de Wall Street envisageaient deux hausses de taux d’intérêt. Dorénavant, certaines s’attendent à sept ou huit hausses de taux cette année et à un resserrement quantitatif d’ici quelques mois. Même si la Réserve fédérale a tardé à réagir, elle a rapidement fait preuve d’une fermeté de plus en plus importante. Le marché a peut-être accordé trop d’importance à cette attitude expansionniste, a souligné M. Porter, mais le message était clair : en ce qui concerne les taux d’intérêt, les banques centrales étaient déterminées.
Il est important de se rappeler que les indices S&P 500 et TSX avaient commencé 2021 en force. Les rendements du marché ont été très vigoureux (à plus de 20 % par rapport aux 7 % antérieurs). Ces résultats robustes témoignent du solide rendement obtenu après la quasi-paralysie de l’économie. Ces chiffres, à leur tour, ont ouvert la voie à une bonne année pour le marché boursier. Les actions du secteur de l’automobile, comme Ford, ont atteint des sommets historiques grâce à une bonne structure d’entreprise et à de solides facteurs favorables. De plus, les taux d’intérêt étant si bas, les sociétés en croissance ont atteint des valorisations inédites depuis le choc technologique de la fin des années 1990, selon M. Porter.
Mais nous voyons maintenant des entreprises très en vue, comme Facebook, Netflix et Shopify, être durement touchées et devenir particulièrement vulnérables. Par contre, les actions du secteur de l’énergie sont en forte hausse. « Nous expliquons aux clients qu’ils doivent être plus sélectifs cette année, parce que l’élan économique commencera bientôt à ralentir, » a déclaré M. Porter.
Privilégier le Canada
Il est temps que les investisseurs commencent à se concentrer sur leur propre cour arrière. « Le Canada offre actuellement beaucoup de potentiel, » a expliqué M. Porter; il a ajouté que l’écart de valorisation est l’un des plus importants enregistré depuis des décennies et que les actions canadiennes sont incroyablement bon marché par rapport aux actions américaines.
Prenons le marché de l’énergie. Les investisseurs s’attendaient à ce que le secteur fasse faillite et que tout le monde prenne le chemin de Tesla, mais le pétrole et le gaz naturel ne vont pas disparaître de sitôt. Les investisseurs réévaluent maintenant leur position et les possibilités qui s’offrent à eux au Canada.
Selon M. Porter, les sociétés financières sont également attrayantes, puisqu’elles sont relativement bon marché et profitent de la hausse des taux. « Quant aux actions des matières premières et de l’industrie, elles ont tendance à bien s’en sortir en période d’inflation. »
Les banques sont sur la même longueur d’onde
L’évolution des banques centrales est en grande partie synchronisée, mais deux distinctions importantes méritent d’être soulignées, selon M. Porter. Puisque la hausse des salaires a atteint 5 % aux États-Unis, comparativement à 2,5 % au Canada, la Réserve fédérale fait actuellement face à un danger plus important du côté de l’inflation.
Par ailleurs, l’effervescence du marché de l’habitation au Canada est plus importante que celle aux États-Unis et la pression spéculative exercée sur le marché permettrait à la BdC d’être plus audacieuse que d’habitude. Les prix des produits de base encourageront également une approche plus dynamique en matière de hausse des taux d’intérêt. Cependant, il semble que les banques trouveront finalement un équilibre.
L’impact de la géopolitique
L’escalade en Ukraine est préoccupante, mais les conflits armés n’ont pas de répercussions durables sur le marché, a soutenu Stéphane Rochon, premier directeur général, Services conseils en gestion de portefeuille, BMO Nesbitt Burns. « Il peut devenir un peu volatil, perdre de 1,5 % à 2 % quelques jours après le début d’un conflit, puis se redresser assez rapidement. » Pourquoi? Parce que le marché est amoral. « Il ne prend pas la moralité en compte dans son algorithme de tarification, » a expliqué M. Rochon.
« Le marché regarde ce qui alimente vraiment la rentabilité des entreprises et, habituellement, il s’agit du cycle économique. » Le rythme de la décélération et les hausses de taux d’intérêt sont plus importants pour le marché et les investisseurs.
M. Porter a ajouté qu’il est cependant capital de noter que le gaz naturel est un produit de base sensible qui pourrait connaître des fluctuations en cas de conflit en Ukraine parce que l’offre de gaz est importante pour la Russie.
Inquiétudes en matière d’inflation
Les États-Unis et le Canada visent un taux d’inflation de 2 %, mais celui des États-Unis se situe actuellement à 7 %, et celui du Canada est proche de 5 %, son niveau le plus élevé depuis 30 ou 40 ans. « L’inflation devra beaucoup reculer avant que la BdC et la Réserve fédérale ne se sentent de nouveau à l’aise, » a déclaré M. Porter. « Elles n’accéléreront pas tant que l’inflation ne sera pas descendue à au moins 3 %. »
Même si nous entendons beaucoup parler des problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement, il a indiqué que l’offre est à un sommet record à l’échelle mondiale. Le problème est la demande (puisque les gens ont trop dépensé en biens pendant la pandémie) : elle a inondé la chaîne d’approvisionnement existante. Selon M. Porter, la seule solution est de réduire la demande, au moyen de la hausse des taux d’intérêt et du resserrement des politiques monétaires et budgétaires.
Quant au marché de l’habitation, il est faux de croire que les taux d’intérêt élevés entraîneront l’effondrement du marché de l’habitation. Pour M. Rochon, le facteur le plus important est la confiance économique, comme on l’a vu au milieu des années 1990, lorsqu’une forte correction du prix des maisons a suivi une importante hausse des prix. La précarité professionnelle est le facteur qui influe le plus sur le désir des gens de contracter un prêt hypothécaire, a ajouté M. Rochon. Bien sûr, les taux d’intérêt peuvent lutter contre les guerres d’enchères et les surendettements. « Mais une correction massive dépendra plus de l’économie. »
Il ne faut pas oublier que, l’année dernière, 270 000 nouvelles unités étaient disponibles dans le pays, soit le deuxième plus haut niveau jamais enregistré, a précisé M. Porter. « En fait, nous construisons suffisamment de maisons. » Le plus gros problème est une demande hors de contrôle, qu’elle provienne d’investisseurs ou de personnes qui achètent plusieurs propriétés. « En fin de compte, la solution la plus efficace serait d’augmenter les taux d’intérêt, qui peuvent eux-mêmes entraîner une correction.
La technologie d’hier et d’aujourd’hui
Il est illusoire de comparer le marché des technologies d’aujourd’hui à celui des années 1990, qui était révolutionnaire du point de vue des investisseurs, a déclaré M. Rochon. Des sociétés du domaine de l’Internet dont la rentabilité ou les ventes étaient faibles ou nulles ont vu leurs évaluations exploser. Aujourd’hui, les sociétés technologiques vantent leurs modèles d’affaires mieux établis, avec des flux de trésorerie vigoureux et des ventes solides qui soutiennent leurs coûts élevés.
M. Rochon a appelé à la prudence : le conseil le plus important pour tout investisseur est d’être sélectif. Certains « gagnants » de la pandémie, comme Zoom, ont vu leurs évaluations devenir stratosphériques. Mais il existe des titres technologiques plus anciens et moins excitants qui semblent très intéressants.
Réduction de notre empreinte écologique
Compte tenu de la dépendance excessive à l’égard de l’hydroélectricité, les provinces comme l’Ontario auront de la difficulté à atteindre la cible en matière d’émissions de carbone, sans parler de l’objectif de passer aux VE d’ici 2035. Et puisque les exportations de pétrole font partie intégrante du Canada, le changement sera difficile. Par contre, les occasions sont nombreuses dans le domaine de « l’écologie ».
Les gens pensent naturellement à Tesla lorsqu’ils discutent des VE, mais il s’agit d’une action coûteuse, explique M. Rochon, en ajoutant qu’il existe d’autres moyens d’atteindre nos objectifs environnementaux. Il suffit de penser aux grands constructeurs automobiles comme Ford, qui changent de stratégie. Il ne fait aucun doute que l’électrification est là pour de bon, souligne-t-il. « Lorsqu’un secteur aussi grand amorce ce virage, vous savez que la révolution a commencé. »
N’oubliez pas que le secteur des constructeurs automobiles est un secteur risqué à cause de son caractère très cyclique. Il arrive également que les investisseurs deviennent aussi trop exubérants. Les producteurs de cuivre – un métal crucial pour les stations de charge et dont le besoin ne fera qu’augmenter – ont aussi un caractère cyclique, mais ils offrent un bon potentiel dérivé. Les actions du secteur des services publics sont beaucoup moins risquées; la demande pour ces titres ne fera qu’augmenter à mesure que les organismes de réglementation permettront la mise en place d’un plus grand nombre de réseaux ou de câbles à haute puissance.
En attendant la Banque du Canada
L’immobilisme de la BdC lors de la dernière réunion en a surpris beaucoup. Quelles sont les chances qu’elle augmente son taux de 50 points de base la prochaine fois? Il ne faut jamais dire jamais, a assuré M. Porter. Même si aucune des deux banques n’a effectué d’augmentation de 50 points de base depuis 2000, il suffit de remonter au milieu des années 1990 pour voir que c’est possible.
« Je ne crois pas qu’elles commenceront par ce type de hausse, mais si l’inflation ne se calme pas d’ici au printemps, nous devons envisager la possibilité qu’elles réalisent qu’elles sont en retard et qu’elles doivent agir plus énergiquement, » a expliqué M. Porter. « S’il le faut, elles peuvent augmenter leurs taux de 50 points de base. »
Vous pouvez voir l’entretien complet ici : https://vimeo.com/673370354/2eb509e823
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