Commentaire sur les marchés mondiaux
« L’éducation est ce qui reste après qu’on a oublié ce qu’on a appris à l’école. »
- Albert Einstein
L’approche du changement de saison et l’incertitude entourant la rentrée scolaire n’ont pas refroidi les marchés boursiers en août. Une fois de plus, les actions mondiales ont progressé. L’indice S&P 500 et l’indice composé Nasdaq, les « chouchous du professeur », ont atteint de nouveaux sommets historiques. Les actions des sociétés technologiques à mégacapitalisation, dont la tenue a été remarquable depuis l’éclatement de la pandémie, ont continué d’alimenter un engouement spectaculaire pour les actions.
Les actifs risqués comme les actions ont été galvanisés par les données économiques positives, le prolongement des programmes de stimulation budgétaire et l’attitude conciliante des banques centrales. Même si les données sur le produit intérieur brut (PIB) pour le deuxième trimestre ont fait état de baisses à deux chiffres, les marchés ont été portés par les attentes d’une reprise vigoureuse au troisième trimestre.
La COVID-19 a continué de sévir : six millions de cas ont été dénombrés aux États-Unis seulement et on déplore plus de 26 millions de cas dans le monde. En dépit de ces statistiques, l’espoir qu’un vaccin sécuritaire et efficace soit mis au point a stimulé les actions.
La politique a dominé les grands titres, mais ne semble pas avoir eu d’importantes répercussions sur les marchés. Le premier ministre Justin Trudeau a prorogé le Parlement jusqu’au 23 septembre afin que le gouvernement dispose d’une marge de manœuvre plus grande pour planifier son intervention politique en contexte de pandémie. Chrystia Freeland a été nommée ministre des Finances après la démission de Bill Morneau.
Les républicains et les démocrates ont officiellement présenté leurs candidats aux congrès virtuels des partis. L’élection américaine de novembre sera sans aucun doute au centre de l’attention cet automne.
Canada – Retour aux principes fondamentaux
Les actions canadiennes ont participé à la remontée de 2,3 % des marchés boursiers mondiaux en août, bien que l’indice de référence du Canada ait été à la traîne de la plupart des grands marchés. Les services financiers ont mené le bal, la publication de rapports favorables sur les bénéfices au troisième trimestre ayant fait rebondir les actions des banques canadiennes en août. Dernier de classe, le secteur des soins de santé a été plombé par la faiblesse persistante des actions liées au cannabis.
Les taux des obligations du gouvernement canadien ont reculé lorsque les taux d’intérêt à long terme ont augmenté à la perspective d’une reprise économique et les craintes inflationnistes ont fait fléchir les cours obligataires. Bien que le PIB pour le deuxième trimestre ait cédé 11,5 %, son repli a été inférieur à la baisse de 12 % prévue par Statistique Canada.
Un fort rebond de l’économie au troisième trimestre est probable. La croissance de 6,5 % du PIB en juin a donné un aperçu de l’avenir. Les gains d’emplois au Canada se sont poursuivis pour un quatrième mois consécutif. Le taux de chômage a diminué en août, passant à 10,2 %. Le secteur de l’habitation a été un autre secteur étonnamment résilient, les prix de vente et le nombre d’opérations en juillet ayant enregistré des records partout au pays.
La Banque du Canada revoit actuellement le cadre de sa politique monétaire. Elle pourrait emboîter le pas à la Réserve fédérale américaine (Fed) et laisser l’inflation augmenter légèrement avant de relever les taux d’intérêt.
La nouvelle ministre des Finances, Chrystia Freeland, jouera un rôle charnière dans l’élaboration d’un plan de reconstruction de l’économie canadienne. Son ascension a été constante. Mme Freeland a dirigé, en tant que représentante du Canada, la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain et a accédé au poste de vice-première ministre l’an dernier. Elle a eu tôt fait de définir ses priorités, disant que « tous les Canadiens comprennent que le redémarrage de notre économie doit être vert. Il doit être inclusif. Et nous devons nous concentrer sur l’emploi et la croissance. »
États-Unis – Science politique
Aux États-Unis, la course au titre de premier de classe est effrénée. La COVID-19, les manifestations antiracistes et l’approche de l’élection présidentielle se font concurrence pour capter l’attention. Tout le reste est apparemment relégué au second plan.
Le candidat démocrate Joe Biden affrontera le président républicain Donald Trump à l’élection du 3 novembre. L’ancien vice-président Biden est en tête dans les sondages, mais des données récentes font état de la diminution de son avance. Le marché n’est pas encore convaincu que les démocrates balaieront la course à la présidence et le Congrès. Si ce scénario se concrétisait, les attentes à l’égard d’une hausse des impôts sur le revenu des sociétés et des particuliers à revenu élevé pourraient nuire aux actions. Comme le résultat de l’élection est très incertain, son impact sur l’économie est également imprévisible.
Dans une allocution au Symposium de Jackson Hole sur la politique économique, le président de la Fed, Jerome Powell, a indiqué qu’un important changement de cap sur le plan politique mettrait fin aux cibles d’inflation. M. Powell a déclaré que la banque centrale serait plus encline à laisser l’inflation dépasser le niveau cible de 2 % avant de relever les taux. Cela donne à penser que la politique monétaire souple sera maintenue et que la Fed sera plus lente à agir même si les données sur l’emploi s’améliorent. Les taux des titres du Trésor ont augmenté et la courbe des taux s’est modérément accentuée dans le sillage du discours du président Powell, les perspectives inflationnistes ayant commencé à être prises en compte dans les cours obligataires.
Les actions américaines ont enregistré de nouveaux sommets et se maintiennent fermement en territoire positif pour l’année. L’indice S&P 500 a grimpé de 7,2 % en août, ce qui a propulsé les gains cumulatifs de l’année à près de 10 %. Les sociétés technologiques comme Apple et Amazon ont stimulé la progression de l’indice des sociétés à grande capitalisation. Ce bond impressionnant est éclipsé par la forte progression de l’indice composé Nasdaq, qui a enregistré des niveaux sans précédent à la fin d’août. Cet indice a grimpé de 10 % en l’espace du seul mois d’août et son avance s’établit à 32 % depuis le début de l’année.
Les marchés boursiers américains pourraient aussi rencontrer des difficultés lorsque les législateurs reviendront de la pause estivale pour débattre d’un nouveau programme de relance visant à contrer les effets du nouveau coronavirus. Si le Congrès ne parvient pas à adopter des mesures de soutien additionnelles, l’humeur du marché pourrait s’assombrir.
Europe et Royaume-Uni – Remue-méninges sur le Brexit
La reprise en Europe est inégale d’un pays à l’autre. La relance de l’activité manufacturière a été bénéfique pour les économies allemande et italienne, mais d’autres économies comme celles de l’Espagne et du Royaume-Uni n’ont pas fait aussi bien. Les vastes programmes de relance en Allemagne et la dépendance de ce pays à l’économie chinoise soutiennent les entreprises et les ménages. La France et l’Espagne connaissent une résurgence des cas de coronavirus depuis la réouverture de leur économie.
Ces résultats contrastés se sont répercutés sur le rendement des marchés boursiers européens. Le marché boursier de l’Allemagne a inscrit des rendements de 5 % en août tandis que celui du Royaume-Uni n’a progressé que de 1,8 %.
Contre toute attente, l’inflation dans la zone euro a diminué, devenant négative en août. Les ratés de la reprise devraient inciter la Banque centrale européenne à intensifier son intervention plus tard cette année.
Les négociations entre l’Union européenne et la Grande-Bretagne ont peu avancé même après deux journées entières de pourparlers. Les négociateurs de Downing Street et de l’Union européenne ont laissé entendre que la probabilité d’un accord de retrait négocié s’amenuisait de jour en jour.
Chine – Un test réussi haut la main
La Chine orchestre une relance économique saisissante et garde le cap sur une croissance positive en 2020. La production industrielle, qui a bondi de 4,8 % en juillet comparativement à un an plus tôt, reste en tête de peloton. Les exportations ont étonnamment gagné 7,2 % grâce à l’augmentation de la demande de fournitures médicales et à l’amélioration des économies mondiales. Les actions chinoises ont réagi favorablement au rebond de l’économie et ont gagné 2,7 % (selon l’indice composé de Shanghai).
La reprise étant en voie de stabilisation, la banque centrale chinoise a annoncé qu’elle amorcerait le resserrement de sa politique monétaire. Le dynamisme du marché de l’habitation s’est accompagné du renforcement des restrictions visant à dissuader la spéculation immobilière.
Le dirigeant chinois Xi Jinping a exposé une initiative de grande envergure visant à réorienter la priorité de la Chine vers une dépendance accrue à l’égard de l’économie nationale. Cette initiative voit le jour à un moment où le reste du monde émerge de la récession et, fait peut-être plus important, où les relations sino-américaines passent sans transition du chaud au froid.
La Maison-Blanche continue d’adopter des mesures de rétorsion contre la Chine dans un contexte où Donald Trump fait de la fermeté envers la Chine un enjeu de sa réélection. L’accord commercial est apparemment inchangé, mais le président Trump a exprimé son intention de réduire les relations économiques des États-Unis avec la Chine par la mise en œuvre de plans visant à imposer des droits de douane aux entreprises qui désertent les États-Unis pour créer des emplois en Chine et dans d’autres pays. M. Trump a également déclaré que les États-Unis tiendraient la Chine responsable de la propagation du virus dans le monde.
Japon – De l’abénomie à l’économie
Les actions japonaises ont bien résisté à la recrudescence des cas de COVID-19 et à l’annonce de la démission du premier ministre Shinzo Abe. Les investisseurs ont pu se réjouir de la tenue de l’indice Nikkei, qui a réalisé un bond de 6,6 % en août.
Après avoir dirigé pendant huit ans la troisième économie en importance du monde, M. Abe a invoqué des raisons de santé pour justifier sa décision de se retirer.
Il restera en poste jusqu’à ce que son successeur ait été choisi, sans doute ce mois-ci. Le premier ministre japonais s’est surtout fait connaître par son programme de relance économique, dit « Abenomics ». Bien que ses politiques aient été favorables à l’emploi et aux cours des titres, la croissance économique est restée insaisissable.
L’économie japonaise s’est contractée de 7,8 % au deuxième trimestre, soit le pire résultat enregistré au Japon depuis 1980 et le troisième trimestre de recul d’affilée. Ce repli est prononcé, mais l’économie nippone a fait mieux que les économies occidentales et européennes pendant la pandémie. La trajectoire de la reprise japonaise est cependant beaucoup moins claire. La consommation des ménages, qui représente environ la moitié du PIB, a fléchi de 8,2 % entre avril et juin. Les difficultés auxquelles fait face le secteur de la consommation sont colossales : la menace virale continue de s’intensifier dans les grandes régions métropolitaines et l’économie se ressent durement de l’impact du relèvement de la taxe de vente à 10 % l’automne dernier.
Notre stratégie
Les marchés sont généralement indifférents aux ravages économiques causés par la COVID-19. Ils se concentrent sur la reprise économique et l’espoir qu’un vaccin sécuritaire et efficace contre le nouveau coronavirus soit produit plus tôt que plus tard. Bien que quelques grandes sociétés dominent le palmarès des rendements boursiers, on discerne les premiers signes de l’élargissement de la reprise aux secteurs des services financiers et des produits industriels, qui ont pris part à la récente remontée des actions.
Selon notre scénario de base, la reprise se poursuivra à un rythme modéré au quatrième trimestre. Les taux d’intérêt ne se sont que légèrement appréciés, de sorte qu’une baisse même minime les ferait tomber sous leurs creux historiques. La production d’un vaccin reste une condition préalable à une reprise économique complète. Nous restons favorables aux actions, mais notre optimisme a récemment été tempéré par le niveau d’optimisme dont rendent compte les cours des actions. Les États-Unis demeurent un marché des actions fort prisé, mais les perspectives à cet égard s’améliorent au Canada en raison du dynamisme du marché de l’habitation, de l’amélioration de la croissance économique, de la vigueur des prix du pétrole et de l’optimisme que le huard continue de susciter.
Des risques subsistent néanmoins. L’élection américaine et la controverse potentielle quant au résultat du scrutin sont des sources d’incertitude. De plus, la probabilité que les cas de COVID-19 augmentent en raison de la rentrée scolaire et du refroidissement saisonnier, qui nous rend plus casaniers, plane sur l’économie.
Le mot de la fin
La rentrée scolaire provoque en général toutes sortes d’émotions contradictoires, en particulier en cette année de pandémie. Les nouveaux départs comportent leur lot d’enthousiasme et de fébrilité face à de grandes inconnues – nouveaux enseignants, nouveaux amis et nouveaux environnements. Les investisseurs sont en proie à une anxiété semblable au début d’un nouveau mois. Les fils narratifs et les événements qui dicteront le rendement de nos placements sont aussi des inconnues. Quel que soit le sérieux avec lequel nous étudions les marchés et les enjeux géopolitiques, nous pouvons nous attendre à ce que notre savoir-faire et nos points de vue soient mis à l’épreuve.
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