Les pertes humaines au Moyen-Orient et en Ukraine sont bouleversantes, et ces conflits sont loin d’être terminés. Du côté des marchés, ces événements ont contribué à la volatilité à court terme des obligations et des actions, mais à notre avis, les rôles joués par l’inflation et la hausse constante des taux d’intérêt en 2023 ont été des facteurs beaucoup plus importants. Mais tout n’est pas perdu. Les faiblesses récentes ont créé de la valeur dans un certain nombre de secteurs et d’actions, bien que notre modus operandi nous pousse encore à être sélectifs. Autrement dit, nous devrions continuer à mettre l’accent sur les sociétés dont la position concurrentielle est solide, dont le bilan est irréprochable et dont les actions sont raisonnablement évaluées. Il est important de noter que les probabilités d’une récession nord-américaine au cours de la prochaine année ont diminué de façon constante selon nos modèles (elles sont maintenant inférieures à 45 %, ce qui reste bien entendu encore loin d’être négligeable). Cela réduit considérablement la probabilité d’un marché baissier douloureux, du moins au cours des prochains trimestres.
Figure 1 : Écart important dans la performance du marché cette année, les actions technologiques à très forte capitalisation étant en tête
Source: FactSet
Nous pensons également que nous sommes sur le point d’entrer dans une ère où les taux d’intérêt seront plus stables. La Banque du Canada et la Réserve fédérale des États-Unis (la « Fed ») semblent pour l’instant avoir pris une pause, mais n’écartent pas la possibilité d’une dernière augmentation des taux en 2023. Notre travail a montré que le marché a tendance à bien fonctionner lorsque les taux d’intérêt sont stables, ce qui semble logique, car les négociateurs et les investisseurs en général ont toujours récompensé la visibilité et la stabilité par des valorisations plus élevées. Une autre conclusion clé est que les actions dites « de valeur » (p. ex., les banques, les services publics et les producteurs d’énergie) ont tendance à surpasser les actions de croissance coûteuses (p. ex., les actions du secteur de la technologie et certaines actions du secteur de la consommation et de la communication) 12 mois après l’atteinte de la stabilité des taux d’intérêt.
Toutefois, les taux d’intérêt à long terme sont le facteur principal à prendre en compte. En fait, les investisseurs sont devenus obsédés par les taux des obligations du Trésor américain à 10 ans – la pierre angulaire de tous les marchés financiers – qui ont dépassé très récemment le niveau psychologiquement important de 5 % (alors qu’ils étaient encore à 3,5 % en mai de cette année). Nous sommes maintenant au niveau le plus élevé en plus de 15 ans. C’est un changement important, car les prix des obligations évoluent à l’inverse des taux d’intérêt, et les obligations à long terme sont les plus vulnérables. Les actions sont elles aussi vulnérables à des taux plus élevés, mais d’une manière moins directe. La principale raison est que les taux plus élevés réduisent la valeur actualisée des flux de trésorerie des années à venir. De plus, le rendement des actions en dividendes devient moins intéressant que celui des obligations d’État à plus faible risque. Dans le cas présent, le bon côté des choses est que ces calculs fonctionnent également à l’inverse (de façon positive), et nous croyons que nous sommes sur le point d’atteindre un sommet des taux de rendement à court terme.
Plus précisément, Russ Visch, analyste technique de BMO Gestion privée, souligne que la récente flambée des taux d’intérêt à long terme a été le principal facteur de la faiblesse du marché boursier. Un répit pourrait toutefois être en vue, car les taux des obligations américaines à 10 ans ont, selon lui, probablement atteint un sommet pour le moment. En particulier, les taux à court et à moyen terme ont augmenté très rapidement, ce qui est un phénomène qui se produit rarement et qui entraîne habituellement des baisses importantes. En fait, la dernière fois que les indicateurs de momentum à moyen terme ont été à ces niveaux, cela s’est traduit par une baisse importante des taux et un mouvement similaire cette fois-ci serait un facteur favorable important pour les marchés boursiers au début de la nouvelle année.
Figure 2 : Rendement des obligations du Trésor américain à 10 ans (hebdomadaire)
Source : Russ Visch, CMT, analyste technique, BMO Nesbitt Burns, Services-conseils en gestion de portefeuille.
Pour en revenir aux conflits au Moyen-Orient et en Ukraine, nous maintenons depuis longtemps que les chocs exogènes ont tendance à ne pas avoir d’incidence à long terme sur les marchés et que le cycle économique et les taux d’intérêt sont de loin les facteurs les plus importants du rendement des actifs financiers. Nous maintenons ce point de vue. La figure 3 montre l’incidence sur le marché de différents conflits militaires et les résultats sont clairs : une réaction initiale négative et une reprise subséquente dans la grande majorité des cas. En 1940, la baisse médiane était de 2 % au cours du mois précédant le conflit, suivie d’un gain de 10 % l’année suivante.
Figure 3 : Incidence des conflits militaires importants sur le marché
Sources : Stratégies du groupe Gestion privée de BMO, NDR, indices S&P Dow Jones
Comme toujours, nous vous recommandons fortement de ne pas réagir de façon excessive à la volatilité actuelle. La clé est de maintenir un portefeuille bien diversifié qui comprend des obligations, des liquidités et des actions de grande qualité.
Si vous souhaitez discuter de votre portefeuille de placements, veuillez communiquer avec votre professionnel en services financiers de BMO Gestion privée.