Commentaire sur les marchés mondiaux
Une perspective à vol d’oiseau
« Après avoir gravi une colline, tout ce que l’on découvre, c’est qu’il reste beaucoup d’autres collines à gravir. »
- Nelson Mandela
Novembre a été un excellent mois pour les actions qui ont pulvérisé plusieurs records. Les marchés boursiers, qui n’aiment pas l’incertitude, ont poussé un soupir de soulagement lorsque le candidat démocrate Joe Biden a finalement été déclaré président élu, et ils se sont ensuite redressés en raison des bonnes nouvelles sur les vaccins. La fin des élections a permis à Wall Street de se réjouir lorsque Pfizer, Moderna et Astra Zeneca/Oxford ont annoncé les résultats positifs de leurs essais de vaccins contre la COVID-19, qui pourraient mener à de rapides approbations.
Le mois dernier, l’indice MSCI Monde a bondi de 13 %, son meilleur rendement mensuel de tous les temps. La moyenne Dow Jones des valeurs industrielles a atteint 30 000 pour la première fois. La remontée boursière s’est étendue au-delà des actions de croissance américaines et a atteint les actions de valeur, qui étaient restées à la traîne de la reprise boursière en 2020. Les moyennes boursières américaines ont atteint des sommets historiques. Le bitcoin, la cryptomonnaie la plus connue au monde, a également frôlé les 20 000 $, un sommet sans précédent.
Malgré des cours boursiers qui établissent des records, la hausse ininterrompue des cas de COVID-19 plane sur les perspectives économiques. Au moment d’écrire ces lignes, le nombre de cas à l’échelle planétaire s’élève à près de 67 millions et augmente. Ce nouveau coronavirus a coûté la vie à environ 1,6 million de personnes dans le monde. Chaque jour, 600 000 nouveaux cas sont confirmés, soit le double des niveaux d’octobre.
Les percées sur le plan médical compensent ces chiffres moroses. En travaillant à un rythme effréné, les scientifiques ont créé en 10 mois au moins trois vaccins qui sont maintenant potentiellement prêts à être distribués. Les pays doivent gérer la logistique nécessaire pour inoculer des milliards de personnes rapidement, équitablement et en toute sécurité. Compte tenu de ce progrès, nous avons bon espoir que la vie retrouve un semblant de normalité en 2021.
Canada – Un plateau est atteint
Les actions canadiennes ont participé avec enthousiasme à la remontée boursière de novembre. Le mois dernier, l’indice composé S&P/TSX a progressé de 10,6 % et est passé en territoire positif pour 2020. Les actions des secteurs de l’énergie et des services financiers ont tiré l’indice à la hausse. Les prix du pétrole ont atteint leurs plus hauts niveaux depuis le début de mars, ce qui a alimenté les actions du secteur de l’énergie. Les services financiers ont été stimulés par deux facteurs : l’optimisme à l’égard des perspectives de bénéfices des banques canadiennes et l’amélioration des perspectives économiques grâce aux remarquables progrès réalisés dans la quête de vaccins. Le secteur canadien le moins performant a été celui des matières premières; il a été plombé par la baisse des prix de l’or provoquée par la hausse des taux d’intérêt obligataires aux États-Unis.
Les obligations canadiennes ont plafonné quand les taux d’intérêt ont à peine bougé en novembre. Dans l’ensemble, notre indice obligataire de référence a progressé de 1 % le mois dernier. Après une forte reprise suivie d’un creux profond, l’économie canadienne a fait du surplace, étouffée par les mesures de confinement généralisées qui ont été imposées pour écraser une deuxième vague de pandémie. Au Canada, le taux de chômage a chuté à 8,5 % en novembre, mais il reste 574 000 emplois à récupérer comparativement aux niveaux d’emploi antérieurs à la pandémie. Le dollar canadien s’est un peu apprécié par rapport au dollar américain. Le huard a profité de la vente massive du billet vert et du raffermissement des prix cycliques des produits de base comme le pétrole et le cuivre.
La ministre des Finances Chrystia Freeland a dévoilé ce qu’elle a appelé le « plus important programme d’aide économique mis en œuvre à l’échelle du pays depuis la Seconde Guerre mondiale ». Les dépenses engagées pour s’attaquer à la crise économique et de santé publique engendrée par la COVID-19 propulseront le déficit fédéral à 381 milliards de dollars, selon les estimations. Des programmes, comme les subventions salariales et les subventions au loyer, seront ajoutés ou prolongés. La ministre Freeland a justifié la dette en disant qu’elle était abordable (en raison de la faiblesse des taux d’intérêt) et nécessaire.
Un programme de relance supplémentaire de 100 milliards de dollars visant à créer
une reprise économique « plus verte et plus novatrice » a aussi été annoncé. La ministre Freeland a réitéré l’engagement du gouvernement à faire « tout ce qu’il fallait » pour aider les familles et les entreprises à rester en sécurité et solvables. Cette approche montre clairement que notre gouvernement a tiré des leçons des erreurs commises lors des récessions passées et qu’il comprend que stimuler la croissance économique canadienne est un moyen judicieux de se sortir d’un déficit important.
États-Unis – Franchir tous les obstacles
Cette année, les Américains avaient bien des raisons d’être reconnaissants pour l’Action de grâce, notamment en raison des nouveaux records atteints par l’indice S&P 500, l’indice Dow Jones et l’indice composé Nasdaq. À l’image des tendances canadiennes, la reprise de novembre a été alimentée par la généralisation de la remontée des titres, au-delà des actions technologiques à forte croissance, qui ont dominé les marchés en 2020. Nous avons observé une rotation des secteurs de croissance vers ceux qui sont plus axés sur la valeur, comme l’industrie et les services financiers. Les percées dans la mise au point de vaccins pourraient mettre un terme à la crise de la santé et de l’économie. Cette bonne nouvelle a fait naître l’espoir que les secteurs touchés par la pandémie, comme ceux des voyages et des loisirs, pourraient se redresser plus tôt que prévu.
L’indice du dollar américain a touché de nouveaux creux en 2020, lorsque de nombreuses forces combinées ont pesé sur le billet vert. La vigueur des marchés boursiers à l’extérieur des États-Unis a incité les investisseurs à vendre des dollars et à acheter d’autres devises. Le dollar américain a été historiquement un actif refuge. Stimulés par la bouffée d’optimisme, les portefeuilles ont vendu leurs placements en dollars américains.
La prise en compte par les investisseurs du retour de l’inflation a poussé les taux d’intérêt des obligations américaines à la hausse. Jusqu’à présent, la pandémie a maintenu les prix à la baisse et l’inflation à un faible niveau. Pendant ce temps, les investisseurs font le pari que les mesures de relance budgétaire gouvernementales entraîneront tôt ou tard une hausse de la croissance aux États-Unis et, par conséquent, de l’inflation.
La politique a aussi donné des raisons d’être optimiste. L’ancien vice-président Joe Biden est sorti vainqueur après cinq jours angoissants de dépouillement des bulletins de vote et il devrait prononcer son serment présidentiel le 20 janvier.
Pourtant, le drame politique américain se poursuit. Loin de concéder la victoire, le président Donald Trump a lancé une série de recours judiciaires remettant en question les résultats dans des États clés. Jusqu’à présent, aucune de ces manœuvres juridiques n’a réussi. Le 14 décembre, le monde suivra de près la réunion des 538 membres du collège électoral qui voteront pour désigner le président. Ensuite, en Géorgie, le deuxième tour de l’élection de deux sénateurs sera un autre moment de suspens. Les Géorgiens voteront le 5 janvier pour déterminer si les démocrates arracheront ou non le Sénat des mains des républicains en gagnant ainsi la majorité au Congrès.
Les derniers jours de novembre ont vu grandir l’espoir qu’un groupe bipartisan de sénateurs réussisse à s’entendre sur un programme de répit financier de 908 milliards de dollars visant à réduire les bouleversements économiques et sanitaires provoqués par la COVID-19. Les législateurs s’emploient également à finaliser un projet de loi sur les dépenses d’une année complète avant que le financement actuel du gouvernement n’expire le 12 décembre.
Europe et Royaume-Uni – Tenter de déplacer des montagnes
Il reste peu de temps pour les négociations sur le Brexit. Le Royaume-Uni et l’Union européenne doivent conclure un accord et le ratifier d’ici le 31 décembre, date à laquelle les règles commerciales actuelles prendront fin. Le risque d’un Brexit sans accord demeure élevé, mais les négociations se poursuivent et un accord de dernière minute est toujours possible. Si un accord n’est pas conclu, la circulation entre les deux régions sera plus compliquée et des taxes seront imposées sur les biens qui transitent entre le Royaume-Uni et l’UE. À eux seuls, ces deux facteurs constituent un incitatif suffisant pour signer un accord.
Les actions européennes ont connu leur propre remontée record, puisque l’Euro Stoxx 50 a progressé de 18 %. Certaines des régions les plus durement touchées par le coronavirus, notamment l’Espagne, l’Italie et la France, ont affiché les meilleurs rendements sur les marchés boursiers, la production d’un vaccin contre le coronavirus étant de plus en plus imminente. Bien que la zone euro soit confrontée à une profonde crise économique, les solides chiffres du secteur manufacturier témoignent d’une certaine résilience.
Les ministres des Finances de la zone euro sont tombés d’accord pour remanier le fonds de secours auquel le bloc a recours en cas de crise, un élément clé de la reprise économique de la région. La Banque centrale européenne a laissé entendre qu’elle pourrait adopter de nouvelles mesures de relance pour contrer une deuxième paralysie économique. De nombreuses entreprises sont fermées, mais les écoles, les usines et les bureaux devraient rester ouverts afin d’éviter une pause économique complète dans la région.
Chine – Vers le sommet
Alors qu’une grande partie du monde fait face à des paralysies de l’économie, le virus est maîtrisé et la vie revient à la normale en Chine. En novembre, l’indice des directeurs d’achats (PMI) du secteur manufacturier s’est établi à 52,1, contre 51,4 en octobre, soit son niveau le plus élevé depuis septembre 2017. L’indice PMI du secteur non manufacturier chinois de novembre, qui inclut les activités de construction et de services, s’est établi à 56,4, son niveau le plus élevé depuis juin 2012. Les actions chinoises ont participé à la remontée de novembre; elles ont inscrit un rendement de 5 % pour le mois, tout en restant à la traîne de la plupart des grands marchés.
La reprise en Chine s’est amorcée dans le secteur industriel et s’est propagée au secteur des services lorsque les loisirs ont repris. Son élargissement arrive au bon moment puisque l’avantage de la Chine sur le plan des exportations a été un moteur clé de la production du pays.
Beijing reste sur la bonne voie pour réduire ses mesures de relance d’urgence. Nous nous attendons à ce que la Chine continue de tirer l’économie mondiale hors de la récession provoquée par la pandémie. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoit que la Chine connaîtra une croissance de 8 % en 2021 et qu’elle représentera plus du tiers de la croissance économique mondiale.
Japon – Un rendement à la hauteur du mont Fuji
L’indice Nikkei a récompensé les investisseurs avec un rendement de 15,4 % en novembre, faisant du Japon un chef de file mondial. La Banque du Japon, qui détient maintenant plus de 6 % de la valeur totale du marché boursier de Tokyo, a enregistré un gain record de plus de 50 milliards de dollars américains.
Les investisseurs ont salué les performances de l’économie japonaise, qui a progressé de 5 % au troisième trimestre par rapport au deuxième trimestre et a mis un terme à quatre trimestres consécutifs de contraction. La consommation privée a largement contribué à la reprise, puisqu’elle a progressé de 4,7 % après la levée des mesures de confinement.
La hausse des cas de COVID-19 dans les grandes villes a incité le gouvernement à accroître les restrictions. Afin d’amortir le choc et de redynamiser l’économie, le premier ministre Yoshihide Suga a demandé à son cabinet de préparer un autre plan de relance qui pourrait atteindre un montant de 30 000 milliards de yens (290 milliards de dollars américains).
Notre stratégie
L’année dernière, notre opinion favorable aux actions reposait sur la conviction que les banques centrales et les gouvernements prendraient les mesures nécessaires pour stimuler la reprise économique. Nous avons privilégié les actions américaines, car certaines des sociétés qui ont le plus tiré parti de la crise de la COVID-19 étaient des sociétés américaines fortement pondérées. Ce groupe de sociétés comprend Amazon, Netflix, Zoom et Apple, qui ont toutes profité directement de notre nouvelle culture issue du confinement : loisirs à la maison, travail à la maison.
Nous avons continué d’espérer la découverte d’un vaccin ou d’un traitement contre ce virus mortel, mais nous n’avons jamais voulu parier sur cette découverte dans le cadre de notre stratégie de placement. Maintenant que nous avons la preuve qu’il est possible de se protéger contre la COVID-19 (en nous fondant sur les rigoureux essais cliniques de plusieurs vaccins), nous pouvons ajuster en toute confiance notre stratégie de placement. Nous nous attendons à ce qu’un ou plusieurs vaccins soient autorisés à être distribués d’un jour à l’autre. L’approbation d’un vaccin nous permet d’élargir notre champ d’action au-delà des États-Unis et d’inclure des actions cotées sur les marchés boursiers internationaux et les marchés émergents qui profiteront de l’amélioration de la croissance.
Le mot de la fin
Alors que cette année extraordinaire tire à sa fin, on peut dire que l’évolution constante de la situation a fortement compliqué notre tâche. Malgré tout, nous avons respecté notre approche rigoureuse. Nous avons vérifié et revérifié nos hypothèses et notre stratégie comme un grimpeur talentueux examinerait son équipement, et cette méthode nous a aidés à atteindre notre plus récent sommet. Nous avons affronté des conditions inédites qui nous ont obligés à innover et à nous ajuster en cours de route. Dans l’ensemble, nous sommes d’accord avec le sentiment exprimé par Sir Martin Convay, un alpiniste anglais : « Chaque nouvelle ascension enseigne quelque chose. »
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