Trinity : « Neo, personne n’a jamais fait ça. »
Neo : « C’est pour ça que ça va marcher. »
La Matrice, Warner Brothers Pictures, mars 1999
Les célèbres passages fauniques de Banff qui enjambent la Transcanadienne ont permis de réduire de 80 % le taux de mortalité animale attribuable aux collisions avec des véhicules automobiles et de rétablir des routes migratoires vitales pour de nombreuses espèces dans le parc national. Une série de ponts novateurs, couverts d’arbres et de végétaux, ainsi que de passages souterrains, protègent les automobilistes et la faune.
Notre réseau de passages fauniques est devenu un exemple de réussite internationale en matière de conservation, malgré des débuts difficiles au milieu des années 1990, puisque le concept n’avait pas fait ses preuves et était largement critiqué. Des délégations du monde entier se rendent en Alberta pour étudier son succès, et les pays continuent d’adopter notre modèle. À l’arrivée du printemps, les femelles utilisent ces passages camouflés pour mettre leurs petits en sécurité.
Ces 12 derniers mois, les économies mondiales ont aussi jeté des ponts pour traverser la crise de la COVID-19. En attendant que la vaccination de masse assure plus de sécurité, nous devons avoir recours à diverses stratégies monétaires, budgétaires et de santé publique pour combler les lacunes. Le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé déclarait que la COVID-19 était une pandémie. Le 23 mars 2020, les marchés boursiers touchaient un creux. Un an plus tard, nous sommes sur le chemin d’une reprise mondiale.
Le chemin n’a pas été facile. Le premier trimestre de 2021 a été marqué par une série d’événements importants, notamment des élections sénatoriales partielles aux États-Unis, avec des répercussions massives sur les politiques, une reprise des actions volatiles alimentée par Reddit, des perturbations provoquées par des conditions météorologiques extrêmes aux États-Unis, un embouteillage épique dans le canal de Suez qui a coûté des milliards de dollars en échanges commerciaux perdus et un déploiement inégal de la vaccination à l’échelle internationale.
Globalement, la majorité des marchés boursiers sont en forte hausse au premier trimestre de 2021 et très nettement par rapport à leur creux de mars 2020. Les taux obligataires continuent de progresser en raison des préoccupations inflationnistes.
Canada – Un pied sur la passerelle
Le mois dernier marquait le premier anniversaire du confinement lié à la pandémie au Canada. À ce jour, le pays a dépassé le million de cas de COVID-19 et environ 23 000 décès. Ottawa prévoit terminer son effort de vaccination de masse d’ici septembre. À la fin du mois de mars, environ 13 % de la population canadienne avait reçu au moins une dose de vaccin.
Les actions canadiennes ont continué de battre des records dans un contexte d’embellie économique et de faiblesse des taux d’intérêt. L’indice S&P/TSX a inscrit un rendement de 3,94 % en mars et a progressé de 8,13 % au premier trimestre. Les secteurs des télécommunications, des biens de consommation de base et, plus récemment, de l’énergie ont mené le bal. Les prix des produits de base continuent de fluctuer. Le prix du pétrole a augmenté lorsqu’un navire de la taille d’un gratte-ciel s’est échoué dans le canal de Suez en Égypte, une artère où passe environ 30 % du trafic mondial annuel des porte-conteneurs, et l’a bloqué pendant six jours. La perturbation de l’offre de pétrole qui en a résulté a donné un coup de pouce à court terme à notre secteur de l’énergie. À l’inverse, le secteur de la technologie a continué de tirer de l’arrière.
La Banque du Canada (BdC) a annoncé qu’elle mettra fin à certains de ses programmes liés à la pandémie, en raison de l’amélioration des conditions du marché, et qu’elle maintiendra les taux d’intérêt à 25 points de base. Son objectif est de soutenir l’économie dans son ensemble à mesure que les perspectives à court terme s’améliorent. L’inflation se situe à 1,1 %, soit dans la partie inférieure de la fourchette cible de 1 % à 3 %, mais elle devrait se rapprocher temporairement de 3 % ce printemps, selon la BdC.
La faiblesse des taux d’intérêt a continué de faire flamber les prix des maisons. Les économistes sonnent maintenant l’alarme au sujet d’un marché immobilier potentiellement en surchauffe. Il est peu probable que la BdC modifie les taux dans un avenir proche, mais le marché obligataire s’ajuste rapidement. Le taux de rendement de l’obligation à cinq ans, une référence pour la plupart des taux hypothécaires à long terme, a dépassé les 100 points de base, et augmenté de 63 points de base pour le trimestre. Nous pouvons nous attendre à une hausse des taux hypothécaires.
L’amélioration des taux obligataires et des prix du pétrole continue de soutenir le huard.
États-Unis – En cours de transition
La vaccination est déployée rapidement aux États-Unis et les perspectives d’un retour à la normale cet été ont considérablement augmenté. En mars, le président Joe Biden a promis d’avoir suffisamment de vaccins pour tous les adultes américains d’ici la fin du mois de mai. À la fin de mars, près de 30 % de la population avait reçu au moins une dose. Le 31 mars, environ 69 000 nouveaux cas ont été signalés (une hausse de 12 % au cours des sept derniers jours), mais ce chiffre reste encore bien inférieur au total quotidien de 300 000 de janvier.
La baisse du nombre d’infections virales a amélioré les perspectives du marché de l’emploi, incitant la Réserve fédérale américaine à s’attendre à une croissance économique plus vigoureuse cette année. Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, prévoit un taux de croissance de 6,5 % pour 2021, contre 4,2 % prévu en décembre, soit le taux le plus élevé en 40 ans. La banque centrale a déclaré qu’elle attendrait une reprise plus généralisée avant de relever les taux d’intérêt ou de réduire les achats d’obligations. Les secteurs comme les loisirs et l’hôtellerie restent faibles, et les répercussions économiques ont touché de façon disproportionnée les minorités et les personnes à faible revenu.
Certains observateurs du marché s’inquiètent d’une possibilité de surchauffe de l’économie et de hausse de l’inflation. La Fed prévoit que l’inflation atteindra 2,4 % en 2021, soit beaucoup plus qu’une estimation antérieure de 1,8 %, même si elle croit que cette augmentation sera temporaire. Cette révision à la hausse des perspectives en matière d’inflation a poussé le taux des obligations à 10 ans à grimper considérablement : à un certain moment en mars, il a dépassé 1,7 %. L’indice S&P 500 a clôturé en hausse de 4,39 % pour le mois et de 6,18 % pour le trimestre. À Wall Street, nous avons assisté à l’abandon continu des titres de croissance très en vogue en faveur des sociétés axées sur la valeur (peu prisées jusqu’à tout récemment).
Sur le plan géopolitique, le président Biden a adopté une position de fermeté à l’égard de la Chine et de la Russie. Moscou et Beijing ont riposté, ouvrant la voie à un accroissement des tensions.
Europe et Royaume-Uni – On ne brûle pas les ponts
La Banque centrale européenne (BCE) a revu à la hausse ses prévisions de croissance du PIB, les faisant passer de 3,9 % à 4,0 %, et ses prévisions d’inflation, de 1 % à 1,5 %, après une solide reprise au quatrième trimestre de 2020. Les améliorations de la productivité, la croissance du secteur manufacturier et le rebond de la demande d’exportations ont joué un rôle important. Ces prévisions dépendent en grande partie de l’évolution de la pandémie, des taux de vaccination et de la levée des confinements. Les perspectives à court terme en matière d’activité économique restent anémiques, mais les observateurs du marché sont optimistes et pensent que la conjoncture économique sera revenue à la normale au début de 2022. Les taux des obligations d’État se sont redressés lorsque les marchés ont commencé à regarder par-delà certaines préoccupations liées à la pandémie. La BCE s’est engagée à accélérer le rythme de ses mesures de relance dans le but de maintenir les coûts d’emprunt au plus bas et de soutenir la reprise.
Les États membres de l’Union européenne ont tardé à déployer la vaccination contre la COVID-19, en grande partie à cause de problèmes d’approvisionnement. À l’opposé, le Royaume-Uni affiche le taux de vaccination le plus élevé des grandes économies. Les indicateurs économiques avancés du Royaume-Uni, comme l’indice des directeurs d’achats, se sont améliorés, alors que ceux de l’Europe ont tiré de l’arrière. Les pénuries de vaccins sur le continent ont créé des tensions entre le Royaume-Uni et l’UE, récemment séparés.
Le Brexit continue de peser lourdement sur les entreprises de la région. En mars, les marchés boursiers ont continué de fluctuer. L’indice FTSE 100 (actions du Royaume-Uni) et l’indice STOXX 50 (actions de l’UE) ont progressé de 4,16 % et de 7,92 %, respectivement. Au premier trimestre, les indices FTSE 100 et STOXX 50 ont inscrit des rendements de 4,97 % et de 10,78 %, respectivement.
Chine – En route vers l’avenir
Lors de la session annuelle du Congrès national populaire, Beijing a annoncé une cible de croissance du PIB de 6 % pour 2021 et a renforcé son engagement à l’égard de son 14e plan quinquennal, qui s’étend jusqu’en 2025. La consommation, les dépenses en infrastructures et les exportations devraient stimuler la croissance. Pourtant, une relation commerciale troublée avec les États-Unis pourrait nuire à la croissance économique. Par exemple, les récentes sanctions américaines ont coupé l’accès de la Chine aux puces à semi-conducteurs américaines, un geste qui menace le projet de Beijing de devenir un chef de file de la technologie.
La dette des sociétés et des administrations locales fait l’objet d’un examen minutieux parce qu’elle représente un risque pour l’économie. Par le passé, les entreprises et les administrations locales ont bénéficié d’une grande marge de manœuvre en matière de financement et de refinancement de leurs projets de croissance, tandis que les défaillances étaient maintenues artificiellement au plus bas. Le Parti communiste chinois a intensifié ses efforts pour réduire les mauvaises créances en accélérant le processus de faillite des sociétés lourdement endettées. Il a également resserré les règles d’emprunt des banques régionales, qui prêtent aux sociétés et aux administrations locales.
En mars, le marché boursier chinois, à forte teneur technologique, a subi des pressions à cause de la hausse des taux obligataires et des inquiétudes liées à l’inflation à l’échelle mondiale. L’indice composé de Shanghai a reculé de 1,91 % en mars, clôturant le premier trimestre en baisse de 0,89 %.
Japon – Le pays ferme ses portes
Le Japon s’en était bien sorti au début de la pandémie, mais le pays étant densément peuplé, il a eu de la difficulté à contenir une augmentation du nombre de nouveaux cas. Au quatrième trimestre de 2020, la croissance du PIB a été révisée à la baisse et est passée d’une estimation initiale de 12,7 % à 11,7 %. Bien qu’un fort rebond ait été enregistré au cours des deux derniers trimestres, le deuxième confinement d’urgence provoqué par la COVID-19 entraînera probablement un ralentissement économique. Le premier ministre Yoshihide Suga a levé le confinement à la fin de mars et a permis aux habitants de reprendre des activités plus normales. Cependant, le Japon n’autorise toujours pas l’entrée de visiteurs étrangers et les empêchera d’assister aux Jeux olympiques d’été de 2020, qui avaient été reportés en 2021. Cette décision aura des répercussions négatives majeures sur l’industrie du tourisme.
Le soutien budgétaire énergique de M. Suga a contribué à limiter les dommages économiques provoqués par la COVID-19. Le taux de chômage a légèrement augmenté, passant de 2,4 % en 2019 à 2,8 % en 2020. Les exportations ont également affiché une belle tenue grâce à la forte demande venue des États-Unis et de la Chine. La Banque du Japon a ajouté de la souplesse à son programme d’achat d’actifs conçu pour soutenir les marchés boursiers, tout en indiquant qu’elle interviendrait sur le marché au besoin.
En février, le Japon a été l’un des marchés les plus performants parmi les économies développées, et le Nikkei 225 a progressé de 1,27 % en mars. Il a progressé de 6,93 % au premier trimestre.
Notre stratégie
Nous n’avons apporté aucun changement important à notre stratégie et demeurons confiants à l’égard de notre positionnement. Les taux obligataires pourraient continuer d’augmenter modérément, poussés par les préoccupations inflationnistes et l’abondance de nouvelles émissions d’obligations. Dans de telles circonstances, les actions sont relativement plus attrayantes.
Nous continuons de surpondérer modérément les actions. Cependant, nous avons réduit notre exposition aux actions afin d’harmoniser notre répartition de l’actif avec notre pondération cible. La surpondération était devenue trop importante en raison du rendement supérieur des actions. Pour être plus précis, nous surpondérons les actions américaines. Les États-Unis sont un chef de file en matière de taux de vaccination à l’échelle mondiale, et de nombreux États commencent à rouvrir leur économie. La Fed a réaffirmé qu’elle maintiendra ses mesures expansionnistes à court terme et le gouvernement fédéral poursuit son soutien budgétaire continu.
Même si nous ne prévoyons pas d’apporter de changement à court terme à notre position, nous continuons de surveiller la hausse des taux obligataires ainsi que les occasions qui pourraient se présenter.
Le mot de la fin
Nous sommes maintenant résolument en 2021, mais la pandémie continue de faire rage et de nombreuses régions du monde sont toujours dans une situation de confinement très strict. Les perspectives mondiales ont été entravées par un certain nombre de facteurs : une hausse du nombre de cas, y compris de nouveaux variants inquiétants, des défis quant à la distribution des vaccins, des problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement et des relations conflictuelles entre les États-Unis et la Chine.
Quoi qu’il en soit, notre pont enjambe le bourbier qu’est la COVID-19. Il est certain que nous rencontrerons des nids-de-poule et devrons faire des détours sur le chemin de la reprise, mais la distribution de vaccins s’accélère et certains pays assouplissent leurs mesures de confinement... même si d’autres connaissent leur troisième vague. Il faudra rester vigilant en raison des nouveaux défis et des événements imprévus. À mesure que nous nous approchons de l’immunité collective, nous pouvons amorcer le processus de sortie de cette pandémie.
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