Bienvenue à une autre section de notre commentaire mensuel sur les marchés. Nous sommes le 3 novembre 2023. Je m’appelle Brent Joyce et je suis stratège en chef, Placements pour BMO Gestion privée de placements. Merci de prendre le temps de participer à notre rencontre.
Le mois d’octobre a été le troisième mois consécutif de baisse pour le marché boursier, et il a sans nul doute été entaché par les événements horribles en Israël et à Gaza, qui viennent s’ajouter à la tragédie en cours en Ukraine. Mais c’est surtout la croissance économique trop rapide aux États-Unis, qui a fait grimper les taux obligataires, qui a le plus perturbé les marchés.
Le PIB réel des États-Unis a atteint un taux annualisé de 4,9 % au troisième trimestre. C’est un niveau que les marchés des capitaux et la Réserve fédérale américaine considéreront comme trop élevé. La surchauffe de l’économie suggère que les taux d’intérêt doivent demeurer élevés plus longtemps que prévu.
À l’extérieur des États-Unis, la croissance économique et l’inflation ralentissent. L’inflation en Europe, au Canada et en Chine a surpris à la baisse et la croissance est faible dans ces pays aussi. Les États-Unis sont le seul pays où les taux obligataires font face à des pressions à la hausse grâce à une forte croissance économique. Cette croissance est attribuable à la résilience des consommateurs, à l’essor de la construction manufacturière et au lourd déficit budgétaire du gouvernement américain.
En effet, les dépenses de l’oncle Sam sont particulièrement préoccupantes. Elles ont dopé l’économie américaine et, par extension, le dollar américain. Les largesses budgétaires excessives dans une économie caractérisée par le plein emploi et une forte croissance ne sont certainement pas la définition officielle de la prudence. La Réserve fédérale américaine est du même avis, ce qui pourrait l’amener à augmenter ses taux d’intérêt davantage ou à les conserver à un niveau élevé plus longtemps qu’elle le ferait en temps normal.
Cependant, la triste réalité est que les taux d’intérêt américains donnent le ton aux taux d’intérêt et aux taux obligataires mondiaux. Actuellement, une hausse prolongée pourrait être appropriée et acceptable pour l’économie américaine, mais comme la croissance économique est en perte de vitesse et que l’inflation baisse presque partout ailleurs dans le monde, la hausse des taux obligataires et des taux d’intérêt dans tous les autres pays risque de durer plus longtemps que nécessaire. Cela pourrait entraîner une trop forte baisse de la croissance et de l’inflation. Par conséquent, l’atterrissage en douceur aux États-Unis, voire l’absence d’atterrissage (l’inflation et la croissance économique demeurent élevées), pourrait conduire à un atterrissage plus brutal ailleurs.
La bonne nouvelle, c’est qu’il y a des signes que l’inflation et la croissance vont ralentir aux États-Unis, comme ailleurs. La course est donc lancée pour voir si l’économie mondiale peut rester à flot en attendant que l’économie américaine ralentisse, ouvrant ainsi la voie à une légère baisse des taux d’intérêt.
Qu’est-ce que cela signifie pour les actions et les obligations? Le ralentissement de la croissance et le recul de l’inflation sont les résultats prévus et attendus du resserrement de la politique monétaire. Personne n’a jamais prétendu que ce serait facile pour les marchés boursiers ou les marchés obligataires. Mais le processus dure maintenant depuis 22 mois. Nous croyons vraiment que nous sommes plus près de la fin que du début. En fait, les taux obligataires ont peut-être déjà atteint leur point culminant. Toutes les grandes banques centrales ont suspendu les hausses de taux lors de leurs dernières réunions. De plus, le rendement des obligations américaines à 10 ans, le baromètre du marché américain, a atteint un sommet de plus de 5 %, mais il n’y est pas resté. Il a brusquement baissé après avoir atteint ce premier sommet.
De plus, la hausse des taux à long terme n’est plus vraiment liée à l’inflation. Il s’agit d’une forte croissance économique réelle. Le type de croissance qui se traduit par des bénéfices des sociétés supérieurs aux prévisions, et c’est exactement ce qui se passe. En 2024, les prévisions de croissance des bénéfices se situent entre 7 % et 10 %. La croissance des bénéfices est le moteur des gains sur les marchés boursiers.
Notre scénario de référence prévoit une reprise des marchés boursiers après la faiblesse récente. Cela se produira lorsque la peur et l’aversion au risque suscitées par la politique et la géopolitique s’atténueront. La hausse des coûts d’emprunt freine l’enthousiasme pour les dépenses publiques et l’inflation continue de ralentir. Les taux obligataires pourront ensuite se stabiliser ou reculer. Ce scénario peut prendre plusieurs mois à se mettre en place, mais lorsqu’il se concrétisera, il est susceptible de générer des rendements en actions de 10 à 15 % et des rendements en obligations autour de 5 %.
En ce qui concerne les répercussions des conflits et des guerres, les indices provenant de dizaines d’événements antérieurs sont clairs. Dans la grande majorité des cas, les marchés connaissent une réaction initiale négative, qui est suivie d’une reprise. Comme toujours, nous recommandons vivement de ne pas réagir de manière excessive à la volatilité actuelle. La clé est de maintenir un portefeuille bien diversifié comprenant des liquidités, des obligations, des actions de grande qualité et des stratégies de placement non traditionnelles sélectionnées.
Le récent repli des actions a maintenant officiellement atteint le niveau de correction pour l’indice S&P 500. Ce dernier est en baisse de 10 % par rapport au sommet récent. Les replis qui se transforment en corrections ne sont pas inhabituels. Les investisseurs en actions doivent s’y attendre tous les 8 à 18 mois environ. Pour l’indice S&P 500, il s’agit de la première correction en un an, mais plus tôt en 2023, nous avons enregistré deux baisses de l’ordre de 7 %. En prenant du recul par rapport à ces baisses normales, l’indice S&P 500 a augmenté de 17 % depuis le creux d’octobre de l’an dernier et de 8 % depuis le début de l’année en 2023.
Pour ce qui est des actions canadiennes, elles n’ont pas baissé autant l’an dernier, mais n’ont pas non plus autant augmenté cette année. Au bout du compte, un placement dans les deux marchés au cours des 22 mois qui se sont écoulés depuis le début de cette période de turbulences sur les marchés est toujours inférieur aux sommets, mais sur le plan du rendement total, cette perte est inférieure à 5 % pour l’un ou l’autre des marchés.
Ce sont les résultats de placement des 22 derniers mois qui ont certainement été décevants, et cela met à l’épreuve la patience et le courage des investisseurs. Toutefois, les déséquilibres dans l’économie sont en voie de se résorber, ce qui va permettre de récolter les fruits d’un solide rendement des placements ajusté en fonction de l’inflation et fiscalement avantageux à l’avenir.
Voilà nos perspectives du marché pour le mois d’octobre 2023. Merci d’avoir été des nôtres. À la prochaine!