« Je m’en croyais sorti... Ils m’y ramènent! »
Michael Corleone, Le Parrain III
La dernière partie de la trilogie Le Parrain se concentre sur les efforts déployés par la famille Corleone pour abandonner son passé criminel et se lancer dans des entreprises légitimes. Mais il s’est avéré plus difficile que prévu d’échapper à leur ancienne vie.
À l’échelle mondiale, à la mi-novembre, plus de 7,8 milliards de doses de vaccins contre la COVID-19 avaient été administrées, les restrictions en matière de voyages et d’activités sociales étaient allégées et la reprise économique prenait résolument forme. L’optimisme était de retour. Puis un nouveau variant inquiétant du coronavirus, Omicron, a été repéré en Afrique du Sud et a commencé à faire les manchettes pendant le congé de l’Action de grâce aux États-Unis. L’espoir que nous avions de finalement revenir à un semblant de normalité a été anéanti.
Les actions ont chuté à cause des craintes de perturbations de la reprise économique par le variant Omicron et des indications selon lesquelles la Réserve fédérale américaine pourrait réduire ses achats d’obligations plus tôt que prévu. La réduction de ce soutien à l’économie annonce probablement une hausse du taux directeur, qui est resté près de zéro depuis le début de la pandémie. Les marchés boursiers se sont très bien comportés au début de novembre, avant la panique des investisseurs. À la fin du mois, la plupart des marchés ont fortement chuté et ont enregistré une perte. Malgré l’attitude plus ferme de la Fed, les taux obligataires se sont resserrés.
L’émergence du variant a provoqué une forte baisse des prix du pétrole brut, mais les États-Unis iront de l’avant avec leur projet de mise sur le marché de 50 millions de barils de pétrole provenant de leurs réserves stratégiques. Pendant ce temps, au Canada, l’organisme parrainé par le gouvernement contrôlant l’offre québécoise de sirop d’érable (et 70 % de l’offre mondiale) a décidé de puiser 22,7 millions de kilogrammes dans ses stocks d’urgence. La décision a été prise à cause d’une production plus faible que prévu au printemps dernier et d’une hausse de la demande internationale pour cet or liquide.
Canada – Une économie en croissance
L’économie canadienne a progressé à un taux annuel de 5,4 % au troisième trimestre, aidée par les dépenses des ménages et les exportations qui ont plus que compensé une contraction des investissements des entreprises. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement continuent de peser sur les fabricants. En plus des destructions catastrophiques, les graves inondations en Colombie-Britannique ont entraîné des retards supplémentaires dans la livraison de matériaux et de marchandises. L’inflation est restée longtemps forte, en grande partie à cause de la congestion du fret. Malgré tout, Tiff Macklem, le gouverneur de la Banque du Canada (BdC), croit que l’inflation diminuera et atteindra sa cible de 2 % d’ici la fin de 2022. Maintenant que la banque centrale a mis fin à son programme d’achat d’obligations, les marchés s’attendent à une hausse graduelle des taux l’an prochain.
Notre économie a créé 154 000 emplois en novembre, bien au-delà des prévisions de 35 000 emplois des analystes, un signal clair que la reprise économique prend de la vigueur. Le taux de chômage a chuté à 6,0 %, surpassant une estimation consensuelle de 6,6 % et poussant le taux de chômage aux creux antérieurs à la pandémie. Le nombre total d’heures travaillées a également retrouvé ses niveaux d’avant la pandémie. Les gains ont été réalisés après la fin de la Prestation canadienne d’urgence, en octobre.
Le variant Omicron a déjà provoqué la mise en place de restrictions de voyage à l’échelle mondiale et pourrait potentiellement mener au rétablissement de mesures de confinement plus strictes, ce qui crée de l’incertitude quant à la demande de pétrole, en exerçant des pressions à la baisse sur les prix. Le prix du baril de West Texas Intermediate (WTI) est passé d’environ 84 $ US à 66 $ US à la fin de novembre.
Même si le marché boursier a démarré en force en novembre, le nouveau variant a assombri les perspectives en matière de reprise économique et a poussé les marchés à faire marche arrière. L’indice S&P/TSX a reculé de 1,6 % en novembre, le secteur de l’énergie ayant le plus nui. Après avoir atteint 1 860 $ US au milieu du mois, l’or a clôturé à peu près au même niveau, à environ 1 775 $ US l’once. Le taux des obligations d’État à 10 ans s’est contracté de 24 points de base pour s’établir à 157 pdb par rapport à son sommet de novembre.
États-Unis – L’inflation n’est plus « temporaire »
Le 30 novembre, Jerome Powell, nouvellement renommé à la présidence de la Fed, a déclaré devant le Comité sénatorial des banques que l’inflation persisterait probablement pendant une bonne partie de 2022. Il a admis les risques de baisse que le variant Omicron représente en matière d’emploi, d’activité économique et d’incertitude inflationniste. M. Powell a déclaré qu’il était temps de cesser de qualifier la hausse de l’inflation de « temporaire » et a indiqué que les taux d’intérêt pourraient commencer à augmenter dès le premier semestre de 2022. « L’économie est très vigoureuse et les pressions inflationnistes sont élevées. À mon avis, il est donc acceptable d’envisager la réduction progressive de nos achats d’actifs … peut-être quelques mois plus tôt », a-t-il dit.
La Fed fait maintenant face à une tâche difficile. Elle a depuis longtemps soutenu qu’elle ne relèverait pas les taux d’intérêt tant que l’inflation ne dépassera pas sa cible et que le marché de l’emploi ne sera pas très vigoureux. Il est probable que l’émergence du variant Omicron ait des effets inverses sur ces deux facteurs. L’augmentation des goulots d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement poussera les prix à la hausse et aura une incidence négative sur le marché de l’emploi.
La volatilité a fait sa réapparition sur les marchés en novembre, lorsque l’indice de volatilité du CBOE (VIX), l’indicateur de la peur à Wall Street, a grimpé.
Le président Biden a réagi à l’arrivée du variant Omicron en imposant des interdictions de voyage vers huit pays du sud de l’Afrique, en ajoutant que des fermetures économiques ne sont actuellement pas envisagées.
La secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a exhorté les législateurs à agir rapidement au sujet du plafond de la dette des États-Unis. Le Congrès fixe une limite au montant que le gouvernement peut emprunter pour payer ses dépenses. Une fois la limite atteinte, il doit voter pour lever ou suspendre ce plafond avant que le Trésor ne puisse s’endetter davantage. Après la signature par le président Biden de son projet de loi sur les infrastructures d’une valeur de 1 000 milliards de dollars américains, la secrétaire Yellen a estimé que les États-Unis pourraient atteindre leur plafond d’ici le 15 décembre, ce qui donnait aux législateurs une étroite marge de manœuvre pour conclure un accord et éviter un défaut de paiement.
Les actions ont bondi au début du mois, mais les inquiétudes entourant les dommages potentiels provoqués par le nouveau variant ont ébranlé l’indice S&P 500. Il a cédé la plupart de ses gains initiaux et a terminé en baisse de 0,8 %.
Europe – Une humeur morose à l’égard des chiffres
L’inflation annuelle dans la zone euro est passée de 4,1 % en octobre à 4,9 % en novembre, son niveau le plus élevé jamais enregistré. Des prix du gaz élevés et des importations coûteuses sont à l’origine de cette hausse. L’inflation de base, qui ne comprend pas les prix de l’énergie ou ceux des aliments non transformés, est également passée de 2,0 % à 2,6 %. La Banque centrale européenne veut une inflation de 2,0 % à moyen terme et croit qu’elle ralentira en 2022, bien que moins rapidement que prévu.
Le PIB de l’Allemagne a progressé de 1,7 % au troisième trimestre, soit légèrement en dessous des estimations de 1,8 %. Les goulots d’étranglement persistants dans la chaîne d’approvisionnement entravent la croissance. Les entreprises ont également moins investi dans la machinerie et la construction au troisième trimestre. L’augmentation du nombre de cas de COVID-19 dans la plus grande économie européenne a pesé sur la confiance des consommateurs. L’indice de confiance des consommateurs de l’institut GfK a chuté à -1,6 point en décembre, son niveau le plus bas depuis juin. Le moral est à la baisse en raison de l’anxiété suscitée par l’actuelle hausse des taux d’inflation, qui poussera les entreprises à augmenter les salaires, ce qui attisera la demande des consommateurs et donc les pressions inflationnistes. Le nouveau gouvernement allemand a l’intention d’augmenter le salaire minimum d’environ 25 %, à 12 euros de l’heure.
En novembre, les indices Euro Stoxx 50, FTSE 100 et DAX ont respectivement reculé de 5,1 %, de 3,1 % et de 4,5 %. L’incertitude quant aux répercussions du variant Omicron a rendu les marchés moroses.
Chine – Le secteur immobilier génère encore du stress
L’indice des prix à la consommation de la Chine a augmenté de 1,5 % en octobre par rapport à l’an dernier, tandis que l’indice des prix à la production a progressé de 13,5 %. Les prix à la consommation pourraient gonfler si les producteurs répercutent la hausse de leurs coûts. La banque centrale chinoise ne devrait pas réduire les taux pour relancer la croissance, mais elle pourrait plutôt réduire les exigences en matière de réserves bancaires, ce qui permettrait aux banques d’accroître leurs prêts. Le taux de chômage urbain en Chine est resté stable en octobre, à 4,9 %; cependant, le taux de chômage des 16 à 24 ans était beaucoup plus élevé, à 14,2 %.
En octobre, les exportations et les importations ont progressé à des taux inférieurs aux attentes de 27,1 % et de 20,6 %, respectivement, sur 12 mois. L’excédent commercial de 84,54 milliards de dollars américains a été supérieur aux prévisions de 65,55 milliards de dollars américains. On s’attend à ce que les pénuries d’électricité entraînant des arrêts de production soient résolues puisque la production et les importations de charbon ont augmenté. Malgré un recul dans certains secteurs importants, comme l’automobile et le vêtement, les ventes au détail se sont accrues de 4,9 % en octobre, grâce à l’augmentation des dépenses pendant la « semaine d’or » en Chine. Le secteur de l’immobilier, qui représente environ 25 % du PIB de la Chine, a reculé dernièrement. En octobre, les prix des maisons neuves ont baissé dans plus de 70 % des grandes villes chinoises.
En novembre, le Hang Seng a perdu 6,1 % et l’indice composé de Shanghai a inscrit un rendement légèrement positif de 0,6 %.
Japon – Un rebond attendu
Au troisième trimestre, l’économie s’est repliée d’un taux annualisé de 3,0 %, un recul plus important que prévu. L’encombrement dans la chaîne d’approvisionnement a entravé la croissance et les exportations. Du côté des bonnes nouvelles, l’amélioration de la confiance des consommateurs et l’augmentation des dépenses de services laissent entrevoir une reprise. Même si au moins 76 % du pays est entièrement vacciné et que le nombre de cas de COVID-19 est en baisse, le Japon a rétabli une interdiction de voyage stricte pour tous les visiteurs étrangers après que le variant Omicron a fait les manchettes.
Au quatrième trimestre, l’économie devrait rebondir grâce à un programme de relance économique record de 490 milliards de dollars américains. Le Japon a tardé à se remettre des répercussions économiques de la contagion, ce qui a donné lieu à des politiques budgétaires et monétaires très favorables, alors même que d’autres pays réduisaient leurs mesures. Les programmes de dépenses visant à lutter contre la pandémie ont laissé le Japon avec une dette à long terme à peu près deux fois plus importante que la taille de son économie de 5 000 milliards de dollars américains.
Le Nikkei a reculé de 6,2 % en novembre.
Notre stratégie
Le mois de novembre nous a rappelé pourquoi la diversification est essentielle. Depuis le krach boursier provoqué par le coronavirus en mars 2020, les marchés boursiers avaient le vent en poupe. Même si nous surpondérons les actions, leur rendement supérieur a néanmoins poussé à la hausse la limite la plus élevée de notre fourchette. Cette tendance s’est poursuivie pendant la plus grande partie du mois, mais s’est brusquement inversée après l’apparition du variant Omicron et l’adoption par la Fed d’une approche plus énergique. Les obligations se sont redressées et ont apporté un soutien lorsque la répartition était appropriée dans les portefeuilles des clients. Il est tentant de réduire l’exposition à une catégorie d’actif qui est restée à la traîne et dont le potentiel de rendement est limité. Cependant, les obligations ont été un bon moyen d’atténuer le risque pour nos portefeuilles.
Nous n’avons apporté aucun changement à notre positionnement. Nous continuons de privilégier les actions américaines, en fonction des tendances à long terme et de leur potentiel de rendement par rapport aux obligations.
Le mot de la fin
La famille Corleone a été incapable de s’installer dans un nouvel avenir plus prometteur, mais nous croyons être en bien meilleure position pour surmonter la COVID-19 et apprendre à vivre avec elle.
À l’heure actuelle, les scientifiques ne comprennent pas parfaitement le variant Omicron. Il semble être plus transmissible, mais certains signes montrent qu’il provoque une maladie plus bénigne. Si les vaccins actuels se révèlent moins efficaces contre de nouvelles souches, ils peuvent être ajustés et produits en masse. En fait, nous ne nous débarrasserons peut-être jamais complètement de la COVID-19, mais nous pourrions en arriver à un point où son incidence est beaucoup plus limitée.
Bien que les marchés boursiers aient reculé au cours de deux des trois mois précédents, le S&P/TSX et le S&P 500 ont progressé jusqu’à présent cette année de plus de 21 % et de 23 %, respectivement. Au fur et à mesure de la résolution des défis de la chaîne d’approvisionnement, la reprise économique devrait continuer de se raffermir et l’inflation devrait se stabiliser.
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