« Observez bien la nature et vous comprendrez tout beaucoup mieux. »
- Albert Einstein
L’échouage du Ever Given, un des plus grands porte-conteneurs du monde, dans le canal de Suez en mars a empêché des centaines de porte-conteneurs d’emprunter cette route commerciale cruciale et a eu des conséquences imprévues. Une de ces conséquences a été que les pépinières du Royaume-Uni ont manqué de gnomes de jardin. Cette grave pénurie de gnomes a été amplifiée par une tempête printanière parfaite : une demande accrue des consommateurs britanniques qui se retrouvaient bloqués de force chez eux, des problèmes d’expédition et de fabrication liés à la pandémie et l’arrivée du temps chaud.
« Malheureusement, nous n’avons pas vu un seul gnome depuis six mois », a déclaré Ian Byrne de Highfield Garden World, à Gloucestershire, en Angleterre, à The Guardian.
Au-delà de cette pénurie de petits trolls, tous les signes positifs de l’arrivée du printemps motivent notre optimisme. Les températures sont à la hausse et l’économie mondiale se réchauffe. À l’avant-garde en matière de vaccination, de réouverture et de reprise du marché du travail, les États-Unis ont profité d’une poussée de croissance qui les a propulsés vers la reprise. Le PIB du pays a augmenté de 6,4 % au premier trimestre. Le PIB du Canada s’est également épanoui en enregistrant un taux de croissance prévu de 6,5 % au premier trimestre. Les marchés boursiers ont approuvé et ont généralement récolté de solides rendements en avril.
Canada – La lumière passe au vert
En avril, les cas de COVID-19 ont de nouveau grimpé; l’Ontario, l’Alberta, la Colombie-Britannique et le Québec ont été particulièrement touchés. De nouveaux variants du virus semblent se propager plus rapidement et plus facilement et provoquent une troisième vague qui a commencé en mars. Certaines provinces resserrent les restrictions et imposent des confinements, en attendant que la vaccination fasse baisser le nombre d’infections. À ce jour, plus du tiers des Canadiens ont reçu au moins une première dose.
Même si une grande partie de notre économie est restée fermée au premier trimestre, le marché boursier canadien a atteint un sommet record. Au cours de la première période de publication des résultats de l’année, la politique monétaire expansionniste de la Banque du Canada (BdC), la perspective d’une reprise économique et des bénéfices des sociétés satisfaisants ont donné un coup de pouce aux marchés. L’indice S&P/TSX a progressé de 8 %, suivi d’une hausse de 2,4 % en avril. Les secteurs cycliques, comme l’énergie, les services financiers et la consommation discrétionnaire, ont le plus contribué au rendement.
Les prix du pétrole ont augmenté d’environ 20 % au premier trimestre; le baril de West Texas Intermediate (WTI) s’est négocié à 63 $ US et le baril de Western Canadian Select (WCS) a dépassé 50 $ US. La vigueur des prix du pétrole a fait des producteurs d’énergie l’un des segments les plus performants du marché. Les secteurs défensifs, comme les biens de consommation de base, les services publics et les matières premières, ont tiré de l’arrière au premier trimestre. L’or a continué de reculer lorsque la demande de placements a fléchi à cause de l’amélioration de l’économie et de la hausse des taux obligataires. Les investisseurs ont également continué de bouder le secteur des technologies, axé sur la croissance. Ils croient que les actions de croissance sont actuellement surévaluées dans un contexte de hausse des taux d’intérêt obligataires et de hausse possible de l’inflation à mesure que les économies se redressent.
La banque centrale du Canada a annoncé son intention de réduire ses achats d’obligations du gouvernement du Canada d’un milliard de dollars par semaine, signe de l’optimisme grandissant à l’égard de la reprise économique en 2021 après l’impressionnante catastrophe de 2020. Le gouverneur Tiff Macklem a aussi révisé les prévisions de croissance à la hausse. Le taux de chômage est descendu à un niveau d’avant la pandémie de 7,5 % et l’inflation de base a grimpé à 2 %. Après un trimestre aussi vigoureux, il n’est pas surprenant que la BdC réduise ses mesures de relance pour éviter une surchauffe de l’économie; cependant, M. Macklem a souligné qu’il prévoyait maintenir encore longtemps les taux d’intérêt près de zéro.
Les courbes des taux obligataires canadiens continuent de s’accentuer; les taux à deux ans sont actuellement de 0,31 % et ceux à 10 ans, de 1,56 %. Le huard a franchi la barre des 81 cents américains, son plus haut niveau depuis février 2018.
États-Unis – Les semences de la prospérité
La reprise économique a continué son accélération au premier trimestre, puisqu’un plus grand nombre de consommateurs ont été vaccinés et que les États ont levé les restrictions. L’économie américaine, stimulée principalement par les dépenses de consommation, a progressé à un taux annualisé de 6,4 % au premier trimestre. Cette hausse fait suite à une croissance annualisée de 4,3 % au quatrième trimestre de 2020, ce qui fait de cette reprise l’une des plus rapides de l’histoire.
Il y a un peu plus d’un an, les mesures de confinement ont fait grimper le taux de chômage à 14,8 %. Aujourd’hui, un an plus tard, le taux est descendu à 6 % en raison du redressement du marché du travail. Le nombre de nouveaux chômeurs est descendu à 553 000 en avril, son plus bas niveau depuis le début de la pandémie.
Malgré cette croissance rapide, le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, a souligné que la reprise avait été inégale. La banque centrale américaine a décidé de poursuivre sa politique monétaire expansionniste et de maintenir les taux d’intérêt près de zéro, comme elle le fait depuis mars dernier. Certains craignent que la politique monétaire extrêmement expansionniste ne provoque une surchauffe de l’économie, mais la Fed a répondu que « des risques demeurent pour les perspectives économiques ». Les décideurs ont reconnu qu’avant de redescendre, l’inflation pourrait très bien dépasser la cible de 2 % vers la fin de 2021.
Pour marquer les 100 premiers jours de son mandat, le président Joe Biden a fait son discours inaugural au Congrès, où il a proposé un programme d’aide aux familles de 1 800 milliards de dollars américains, qui fait suite à un programme d’infrastructures de 2 300 milliards de dollars américains récemment dévoilé. La plus récente initiative du président Biden vise à aider la classe moyenne; elle comprend de nouvelles dépenses de 1 000 milliards de dollars américains sur 10 ans et des réductions d’impôt de 800 milliards de dollars américains.
Pour financer la proposition, l’administration Biden veut faire passer de 20 % à 39,6 % le taux d’imposition sur les gains en capital et les dividendes pour les ménages dont le revenu dépasse 1 million de dollars américains.
Lors de son discours, M. Biden a adopté un ton dur à l’égard de la Chine et du président Xi Jinping, ce qui a alimenté les tensions géopolitiques entre les plus grandes économies mondiales.
La troisième vague de pandémie continue de faire des ravages dans le monde, mais les États-Unis ont maintenant administré plus de 200 millions de doses de vaccin. En raison de ce déploiement réussi, l’administration Biden a annoncé que les États-Unis allaient étendre leur programme et commencer à exporter environ 60 millions de doses du vaccin AstraZeneca vers des pays indéterminés qui en ont besoin. Cette décision survient à la suite des pressions croissantes subies par les États-Unis pour qu’ils partagent une plus grande part de leur approvisionnement.
L’indice S&P 500 a atteint un sommet record en avril en enregistrant un gain de 5,3 %. Les bénéfices des sociétés sont demeurés solides puisque les géants du secteur des technologies ont affiché des résultats bien supérieurs aux attentes au premier trimestre.
Europe et Royaume-Uni – Premiers signes de croissance
À l’instar des États-Unis, le Royaume-Uni a été un chef de file quant aux déploiements de vaccins. En avril, l’indice des directeurs d’achats (PMI) a inscrit son plus haut niveau depuis 2013. L’indice a atteint 60, signe d’une reprise rapide de l’activité économique. Les indicateurs de confiance des consommateurs, les attentes en matière d’inflation et les données sur l’emploi indiquent tous que le Royaume-Uni est en phase d’ouverture et est prêt pour la reprise économique.
Les conditions dans les autres pays d’Europe sont variées. Certains sont entrés dans un nouveau cycle de confinements et ramènent le continent en récession.
L’approvisionnement en vaccins augmente, et si les gouvernements peuvent assouplir les mesures de confinement à temps pour la saison touristique de cet été, nous espérons une forte croissance économique au deuxième semestre de 2021.
Sur le plan politique, le Royaume-Uni et le reste de l’Europe s’éloignent l’un de l’autre. Il est peu probable que le Royaume-Uni mette en œuvre d’autres mesures de relance, alors que l’UE s’est engagée à acheter des actifs à un rythme soutenu.
En avril, les actions du Royaume-Uni (indice FTSE 100) ont inscrit un rendement de 4,1 %, tandis que celles de l’UE (indice STOXX 50) ont progressé de 1,9 %.
Chine – Un contexte fertile
L’envolée des exportations a permis à la Chine d’inscrire une croissance du PIB de 18,3 % sur 12 mois au premier trimestre de 2021, ce qui contraste avec une contraction de 6,8 % au cours de la même période l’an dernier. Ce chiffre dépasse les attentes consensuelles, mais la croissance devrait ralentir au cours des prochains trimestres, lorsque les activités des autres grandes économies auront repris et la demande de biens et de services chinois aura reculé.
Le gouvernement s’attend à une croissance du PIB de 6 % pour 2021, la première année du plan quinquennal récemment dévoilé. Étant donné que la COVID-19 est en grande partie contenue et que l’économie affiche une reprise rapide, les décideurs ont relancé leur campagne de réduction des risques, surtout dans les secteurs des services financiers et de l’immobilier. La croissance du crédit a ralenti à la suite de cet effort de réduction des risques. La campagne de réduction de la dette de la Chine est une priorité de 2021, le gouvernement cherchant à réduire l’endettement. Il convient également de noter que Beijing continue de soutenir les petites entreprises, notamment en reportant les paiements d’intérêts et de capital jusqu’à la fin de 2021.
Étant donné le ralentissement à venir de la croissance, le marché boursier chinois a eu de la difficulté à gagner du terrain. Le rendement de l’indice composé de Shanghai a pratiquement fait du surplace en avril.
Japon – Poussée de croissance
Grâce à la croissance économique soutenue de la Chine, les exportations japonaises ont augmenté de 16,1 % en mars par rapport à la même période en 2020; il s’agit de leur plus forte performance en plus de trois ans. Ces données montrant une solide croissance sont un peu trompeuses, car elles sont calculées en fonction d’un très mauvais rendement en mars 2020. Malgré tout, la croissance a dépassé les attentes; on peut donc s’attendre à voir la reprise s’épanouir au Japon, car l’économie du monde est sur le point de se relancer.
Sans déclarer officiellement un autre état d’urgence, le Japon a ciblé les foyers d’éclosion de la COVID-19 et a demandé à certaines préfectures d’adopter des mesures plus strictes pour freiner un rebond. Le nombre quotidien de cas a augmenté en avril, ce qui a poussé des experts médicaux de premier plan à s’inquiéter d’une quatrième vague d’infections, surtout autour de Tokyo et d’Osaka, les régions les plus peuplées du pays. À moins de 100 jours des Jeux olympiques de Tokyo, tous les regards se tourneront vers le Japon pour voir comment il gère la pandémie.
Le Nikkei 225 a reculé de 1,3 % en avril.
Notre stratégie
Il semble que nous profitions d’un scénario idéal. Après avoir nettement bondi au début de l’année, les taux obligataires se sont pour l’instant stabilisés, mais ils pourraient remonter. Les marchés boursiers sont soutenus par des politiques monétaires et budgétaires expansionnistes en plus de l’espoir suscité par le déploiement de vaccins.
Nous gardons constamment un œil sur l’inflation pour différentes raisons : la vigueur des prix des produits de base, le très léger resserrement de la politique monétaire de la BdC, une hausse des coûts de la main-d’œuvre et plusieurs autres facteurs. Si l’inflation commence à grimper, cela sera probablement temporaire et aucune mesure ne sera requise à court terme. Nous pensons être bien positionnés, avec une légère surpondération des actions américaines et, parallèlement, une sous-pondération des obligations.
Le mot de la fin
Alors que l’aventure du Ever Given fait partie de plusieurs incidents qui ont mis en lumière la connectivité et la fragilité de la chaîne d’approvisionnement mondiale, et que le nombre de cas de COVID-19 continue de progresser dans de nombreuses régions du monde, des signes de reprise commencent à se manifester.
Le vieil adage « Vendre en mai et s’en aller » (qui fait référence à la période de six mois comprise entre mai et octobre pendant laquelle les marchés connaissent souvent des volumes et des fluctuations plus faibles) pourrait ne pas être une approche fructueuse en 2021. Les efforts de vaccination aux États-Unis et au Royaume-Uni se transforment en reprises vigoureuses – et le Canada profite d’un début de reprise. Différentes régions du monde en sont à différents stades de reprise, mais notre optimisme s’enracine dans un élan économique qui s’épanouit à l’échelle mondiale.
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