« Il est faux de croire que la rapidité d’exécution est un gage de succès. »
Steve Goodier
À la veille des Jeux olympiques d’hiver qui auront lieu à Beijing ce mois-ci, le New York Times a demandé aux athlètes d’élite ce qui les effrayait le plus. Ils ont répondu qu’ils craignaient de se blesser, d’être incapables de réaliser de nouvelles figures, les mauvaises conditions météo, l’incertitude et de ne rien voir sur la piste ».
En janvier, la plupart d’entre nous avons ressenti aussi une grande anxiété, principalement causée par la COVID-19 et les intentions de la Russie à l’égard de l’Ukraine.
De fait, à la fin de janvier, le variant Omicron entraînait aux États-Unis pratiquement 500 000 nouveaux cas et 1 000 décès par jour. Les confinements et les restrictions instaurés pour lutter contre la pandémie se sont à nouveau fait ressentir. La congestion du fret et les pénuries de main-d’œuvre ont attisé l’inflation.
Les tensions géopolitiques entre l’orient et l’occident ont continué d’être alimentées par le discours belliqueux du président russe Vladimir Poutine et par le positionnement massif de ses troupes à la frontière orientale de l’Ukraine.
Pendant ce temps, les marchés obligataires et boursiers étaient suspendus aux lèvres des dirigeants des banques centrales, réagissant à chaque mot prononcé ou non. Ils veulent essentiellement connaître le moment et l’ampleur des hausses des taux d’intérêt.
La Banque du Canada (BdC) et la Réserve fédérale américaine ont toutes deux promis qu’elles relèveraient leurs taux, probablement dès le mois de mars. Selon Études économiques BMO, leurs hausses devraient totaliser 125 points de base en 2022. L’inflation galopante pousse les banques centrales à durcir leur ton, ce qui a provoqué une volatilité importante au cours du mois. Les actions axées sur la croissance en particulier passent un mauvais quart d’heure parce qu’une proportion plus grande de leurs valorisations est liée à la croissance future des flux de trésorerie.
Canada – Toujours en attente
L’année 2022 a commencé comme l’année précédente dans de nombreuses régions canadiennes, c’est-à-dire encore une fois avec des restrictions visant à éviter que nos systèmes de soins de santé soient submergés. Le mois de janvier a toutefois apporté son lot de bonnes nouvelles. Les restrictions ont été assouplies et notre économie a commencé à rouvrir. L’Organisation mondiale de la santé a annoncé qu’elle recommandait maintenant que les pays lèvent ou assouplissent les restrictions de voyage liées à la COVID-19.
La forte demande des consommateurs canadiens et étrangers a fait grimper l’inflation. Les problèmes persistants sur les chaînes d’approvisionnement et les pénuries de main-d’œuvre ont fait monter les prix. La BdC estime maintenant que l’inflation atteindra 4,2 % cette année, en hausse par rapport à sa prévision d’octobre, qui s’établissait à 3,4 %, ce qui est nettement au-dessus de sa cible de 2 %. Elle s’attend par ailleurs à ce que l’inflation redescende pour s’établir à 2,3 % en 2023. Dans sa tentative de contenir l’inflation malgré les inconnues de la pandémie, notre banque centrale a maintenu le taux du financement à un jour à 0,25 %, tout en indiquant clairement que des hausses de taux sont à venir. Les économistes s’attendent à cinq hausses cette année et d’autres en 2023.
Après avoir atteint un sommet record en décembre, l’indice S&P/TSX a reculé de 0,4 % en janvier. Le principal indice boursier canadien a reculé, mais moins que ceux de la majorité des autres marchés grâce à la vigueur de notre secteur de l’énergie. L’offre serrée et la baisse des stocks de pétrole ont fait passer le prix du baril de WTI de 75 $ US à 88 $ US. Les prix de l’or ont réagi davantage à la volatilité du marché qu’aux attentes inflationnistes. Après avoir atteint un sommet de 1 850 $ US l’once, il est descendu sous l’important seuil psychologique des 1 800 $ US l’once. Le taux des obligations d’État à 10 ans a réagi aux signaux de la BdC, qui a laissé entendre qu’elle ne contrôlerait pas les taux beaucoup plus longtemps, et est passé de 1,43 % à 1,77 % ce mois-ci.
États-Unis – Des paroles, mais aucun geste
L’économie américaine a progressé à un rythme annualisé de 6,9 % au quatrième trimestre de 2021 et de 5,7 % pour l’ensemble de 2021 – la plus forte croissance depuis 1984. Les dépenses de consommation des ménages ont bondi de 7,9 % en 2021, soit le rythme le plus élevé depuis 1946. Même si ces données sont plus robustes que la plupart des analystes ne l’avaient prévu, le rythme de croissance devrait ralentir au premier semestre de 2022.
La Réserve fédérale américaine est sur le point d’amorcer un cycle de hausses de taux pour lutter contre la forte inflation. Omicron a menacé à la fois les chaînes d’approvisionnement et l’emploi, et la volatilité a bondi sur les marchés boursiers. La consommation des ménages, le principal moteur de la croissance du PIB, a été stimulée par les mesures de relance monétaires et budgétaires en 2021. Maintenant que les mesures visant à atténuer les effets de la COVID-19 ont été en grande partie retirées, le taux d’épargne record des consommateurs commence à retraiter. L’emprunt deviendra plus coûteux pour les entreprises et les consommateurs à mesure que la Fed s’activera à rehausser les taux. En raison de tous ces facteurs, la Banque mondiale s’attend à ce que l’économie américaine progresse à un rythme plus modéré de 3,7 % en 2022.
De nombreux pays d’Europe et d’Asie ont retiré leurs programmes de lutte contre la pandémie, désireux de crier victoire sur le virus. En revanche, à la fin de janvier, tout le territoire des États-Unis était considéré comme à risque élevé de transmission.
Sur le plan géopolitique, il existe une « possibilité réelle » que la Russie envahisse l’Ukraine voisine, a déclaré le président Biden. Les États-Unis et les alliés de l’OTAN se préparent à intervenir si les troupes russes progressent. Les pays occidentaux ont promis d’agir rapidement en instaurant des conséquences économiques sévères en l’absence de résolution diplomatique.
Après avoir atteint des sommets historiques à la fin de 2021, les actions américaines ont reculé en janvier. Le NASDAQ à forte teneur technologique a chuté de 9,0 % et l’indice S&P 500 a glissé de 5,2 %.
Europe – Pourquoi se presser?
L’inflation dans la zone euro a atteint 5 % en décembre, établissant un nouveau record. L’économiste en chef de la Banque centrale européenne (BCE), Philip Lane, a déclaré que la BCE resserrerait sa politique si l’inflation demeurait supérieure à la cible. Cependant, l’inflation devrait baisser sous ce niveau en janvier et la banque centrale s’attend à ce qu’elle revienne sous sa cible de 2 % en 2023 et 2024. La BCE se réunira au début de février pour discuter de sa politique, mais elle ne devrait pas y apporter de changements. En décembre, il a été annoncé que les mesures d’aide de 2 090 milliards de dollars américains pour contrer les effets de la pandémie seront retirées d’ici la fin de mars.
En janvier, les indices Euro Stoxx 50, FTSE 100 et DAX ont enregistré des rendements respectifs de -2,7 %, de 1,1 % et de -2,6 %. Les marchés sont demeurés volatils en raison des inquiétudes liées à l’orientation des politiques des banques centrales et à la montée des tensions concernant l’Ukraine.
Chine – La relance à plein régime
Contrairement aux banques centrales de la plupart des autres régions qui sont en mode resserrement de leur politique monétaire, la Banque populaire de Chine adopte de nouvelles mesures de relance pour stabiliser l’économie. En janvier, elle a réduit les coûts d’emprunt sur les prêts à moyen terme de 10 points de base et le taux préférentiel à cinq ans de cinq points de base.
La Chine a rebondi en 2021, son PIB progressant de 8,1 %, du jamais vu en dix ans. Au quatrième trimestre, le PIB a enregistré une croissance annualisée de 4,0 %, un rythme supérieur à ce qui était prévu, mais le plus lent depuis le deuxième trimestre de 2020. Le ralentissement est attribuable aux turbulences du secteur immobilier chinois et aux protocoles stricts pour contrôler les éclosions de COVID-19.
Les exportations nettes ont représenté plus du quart de la croissance du PIB au quatrième trimestre. L’augmentation des ventes à l’étranger dans les économies touchées par la COVID-19 a permis à la Chine d’enregistrer son plus important excédent commercial depuis 1950, l’année où elle a commencé à comptabiliser ces données. Or, le soutien que procure la croissance des exportations pourrait ne pas durer, car la demande de biens à l’étranger est moins forte et les coûts élevés exercent des pressions sur les exportateurs. Sur une note positive, la production industrielle a augmenté à un rythme annualisé de 4,3 % en décembre, ce qui est plus élevé que la croissance de 3,8 % enregistrée en novembre et que la croissance de 3,6 % prévue par Reuters.
Au cours de la dernière semaine de janvier, 119 cas de COVID-19 ont été détectés en Chine parmi les athlètes et le personnel participant aux Jeux olympiques d’hiver de Beijing. Les autorités ont mis en place une « bulle fermée » pour séparer les participants aux Jeux olympiques du reste de la ville. Des milliers d’athlètes, d’entraîneurs, d’officiels, de journalistes et d’invités triés sur le volet sont attendus pour les Jeux olympiques, qui se dérouleront du 4 au 20 février. La Chine a érigé un mur autour d’elle pour se protéger contre la COVID-19 en instaurant une politique de tolérance zéro, annulant presque tous les vols internationaux dans un effort surhumain pour empêcher le virus de se propager et se préparer à accueillir des étrangers.
En janvier, le Hang Seng a avancé de 1,7 %, tandis que l’indice composé de Shanghai a reculé de 7,7 %.
Japon – Un parcours cahoteux
En décembre, la production manufacturière japonaise a reculé de 1,0 % pour la première fois en trois mois. Les constructeurs automobiles n’ont pas été en mesure de satisfaire à la demande en raison de la pénurie de puces et de la concurrence des sociétés d’électricité grand public pour les semi-conducteurs. Toyota s’attend à rater sa cible de production annuelle de neuf millions de véhicules pour l’exercice se terminant en mars. Selon un sondage du gouvernement, les fabricants ont déclaré s’attendre à ce que leur production progresse de 5,2 % en janvier et de 2,2 % en février.
En décembre, les ventes au détail ont progressé de 1,4 % sur 12 mois. Il s’agit d’un troisième gain mensuel d’affilée. En revanche, on s’attend à ce que les taux records d’infection d’Omicron en janvier pèsent sur la confiance des consommateurs. Pour gérer le nombre de cas, certains gouverneurs régionaux ont choisi de restreindre les heures d’ouverture des restaurants et d’imposer des règles pour le service de l’alcool. De telles mesures ont été adoptées dans environ 70 % du pays et se demeureront en vigueur jusqu’au 20 février.
L’indice Nikkei a reculé de 6,2 % en janvier, plombé par les grandes sociétés technologiques comme cela s’est produit ailleurs. Les investisseurs se préoccupent des perspectives économiques depuis les signaux envoyés par les États-Unis indiquant que les hausses de taux approchent.
Notre stratégie
Plus tôt ce mois-ci, nous avons réduit la pondération des actions dans les portefeuilles, car elle dépassait légèrement nos cibles tactiques de surpondération des actions. Le produit a été en grande partie réinvesti dans des titres du marché monétaire et des solutions de titres à revenu fixe non traditionnels. Bien que cette opération ait manifestement été bénéfique, nous pourrions faire marche arrière si le recul du marché boursier crée suffisamment de valeur et que nous trouvons des occasions à saisir.
Le mot de la fin
La trajectoire des hausses de taux (et même du resserrement quantitatif) est annoncée, mais elle ne sera pas linéaire. Nous pouvons nous attendre à des rebondissements de toute sorte qui pourraient influencer – et même surprendre – les banques centrales. Les préférences des investisseurs évolueront au gré de cette période sans précédent. Nous conserverons notre approche rigoureuse et diversifiée, mais nous apporterons des ajustements aux portefeuilles selon l’évolution des conditions du marché pour saisir des occasions prometteuses.
Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, et leurs homologues à l’échelle mondiale ont une tâche peu enviable à accomplir. Ils doivent gérer les pressions inflationnistes tout en évitant ce que tout le monde craint, à savoir faire dérailler la reprise économique. Nous surveillons attentivement leurs progrès.
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