”Per Ardua Ad Astra” (« À travers les embûches jusqu’aux étoiles »)
Devise fondatrice de l’Aviation royale canadienne
Le 30 mai, le lancement de l’élégante fusée SpaceX, avec deux astronautes de la NASA à bord, a stimulé le programme spatial américain après près d’une décennie de revers. Plus de 10 millions de téléspectateurs ont assisté à ce décollage historique dans un contexte d’événements décourageants sur la planète Terre.
Les données économiques actuelles sont certainement décevantes, mais le pire est peut-être derrière nous. Les économies du monde entier commencent à rouvrir après deux mois et demi de paralysie et nous entamons la deuxième phase de la crise de la pandémie.
Nous sommes également au cœur d’une agitation sociale massive et généralisée provoquée par la mort de George Floyd, un homme noir qui est décédé lors de son interpellation par la police de Minneapolis. Les chefs d’entreprise de tous les secteurs expriment leur engagement à l’égard de l’égalité raciale et reconnaissent que leurs entreprises doivent jouer un rôle dans la lutte contre les préjugés et les inégalités ainsi que dans leur élimination. Ces récents événements nous ont tous mis au défi d’assumer la responsabilité de la lutte contre l’injustice raciale.
Les tensions entre les États-Unis et la Chine se sont intensifiées après les sévères critiques du président des États-Unis, Donald Trump, à l’égard de Beijing qu’il accuse de divers méfaits, dont la mauvaise gestion de l’épidémie de coronavirus. Dans un discours prononcé à Rose Garden, M. Trump a déclaré : « Le monde souffre actuellement à cause de la malfaisance du gouvernement chinois. » Il a également annoncé que les États-Unis mettraient fin à leur relation avec l’Organisation mondiale de la santé.
En mai, les actions mondiales se sont redressées pour le deuxième mois consécutif, malgré la faiblesse des données économiques, les affrontements armés dans les rues et la rhétorique belliqueuse des deux plus grandes économies du monde. Les actions ont affiché de solides rendements en Amérique du Nord, en Europe et au Japon. Hong Kong a été l’un des seuls marchés importants à enregistrer des rendements boursiers négatifs en mai.
Après la chute des taux d’intérêt en mars, les obligations d’État se sont généralement négociées dans une étroite fourchette. Les titres de créance de catégorie investissement et ceux à rendement élevé ont continué de se négocier à la hausse, les écarts de taux d’intérêt se resserrant et les cours obligataires s’élevant à leur tour. Grâce à l’amélioration des données économiques fondamentales et au soutien continu des banques centrales, les perspectives pour les titres de créance demeurent positives. Les prix des produits de base ont également profité des espoirs de reprise économique.
Les prix du pétrole se sont négociés en territoire négatif inédit en avril, puis ont presque doublé en mai. Le secteur du cuivre – le produit de base industriel indicateur de tendance – a également progressé de 3 % en raison de l’optimisme concernant le début de reprise du secteur de la construction.
Canada – Une étoile montante
Nous commençons à voir l’ensemble des répercussions des mesures extrêmes de fermeture prises au Canada. Le PIB de mars a reculé de 7,2 % par rapport à février, soit la plus forte baisse mensuelle jamais enregistrée. Le PIB du premier trimestre a perdu 8,2 %, la plus forte baisse depuis la crise financière de 2008-2009. Les données d’avril seront probablement pires, mais les chiffres de mai devraient être en amélioration, car les entreprises à l’échelle du pays ont commencé à rouvrir leurs portes. Les consommateurs demeurent prudents, les Canadiens ayant fait passer leur taux d’épargne à 6,1 %, par rapport aux 3,6 % d’avant la crise. Les entreprises voient des signes positifs dans les principaux indicateurs précoces. Par exemple, les volumes du CN ont progressé de 4 % grâce à l’augmentation des expéditions d’automobiles et de bois d’œuvre.
Les actions canadiennes (mesurées par l’indice composé S&P/ TSX) ont grimpé de près de 3 % en mai et sont maintenant en hausse de près de 40 % par rapport à leur creux de mars. Les investisseurs sont optimistes et pensent que la réouverture généralisée signifiera qu’avril a marqué le creux. En ce qui concerne le rendement sectoriel, les technologies de l’information ont dominé. Shopify, qui aide les entreprises à bâtir leurs plateformes de commerce en ligne, est devenue la société ouverte la plus chère au Canada. Le secteur le plus faible a été celui de l’immobilier, puisque l’on craint de plus en plus que les immeubles de bureaux et les immeubles à vocation commerciale soient durement touchés par l’économie d’après la pandémie.
Le gouverneur de la Banque du Canada (BdC), Stephen Poloz, a déclaré au Comité sénatorial des finances nationales être convaincu de l’efficacité de l’approche de notre banque centrale à l’égard d’une économie entravée. L’objectif est d’aider les entreprises et les ménages canadiens à survivre aux conséquences financières de la COVID-19. La BdC poursuit son vaste programme d’achat d’obligations afin d’assurer la liquidité du système financier canadien. Le 3 juin, la banque centrale a maintenu son taux directeur inchangé à 0,25 %, en précisant que « bien que les perspectives pour la deuxième moitié de 2020 et au-delà demeurent fortement brouillées, la Banque s’attend à ce que l’économie se remette à croître au troisième trimestre ».
Le 3 juin est aussi le jour où le gouverneur Poloz a passé le flambeau à son successeur, Tiff Macklem. Les taux d’intérêt devraient rester à des niveaux peu élevés jusqu’à la fin de l’année, puisque l’inflation ne devrait pas poser de risque à court terme.
Le huard s’est apprécié face au billet vert, grâce à la demande d’actifs plus à risque et à l’amélioration des prix du pétrole. Il devrait rester aux niveaux actuels tant que ces deux conditions persistent.
États-Unis – Des projets audacieux
Les États-Unis se battent maintenant contre une pandémie mondiale et un ralentissement économique, tout en faisant face à une agitation à l’échelle nationale provoquée par l’injustice raciale. Certains gouverneurs ont fait appel à la Garde nationale pour rétablir l’ordre après que des manifestations ont éclaté dans des villes importantes. Les gouvernements locaux ont aussi instauré des couvre-feux juste au moment où les entreprises espéraient rouvrir après les confinements liés à la COVID-19.
Depuis mars, les États-Unis ont perdu plus de 40 millions d’emplois. Le fait que les consommateurs américains ont réduit leurs dépenses en avril d’un exceptionnel 13,6 % par rapport au mois de mars et porté leur épargne à des niveaux inégalés n’est donc pas surprenant. La consommation des ménages représente plus des deux tiers de l’activité économique américaine, ce qui en fait une mesure importante à surveiller.
L’activité économique aux États-Unis a chuté de 5 % au premier trimestre, la plus importante baisse trimestrielle depuis la récession de 2009. Le deuxième trimestre devrait être pire, même si les économies commencent à rouvrir. Les bénéfices ont aussi reculé au premier trimestre, en perdant 14 % par rapport à l’année dernière.
Lorsque Twitter a ajouté une étiquette de vérification des faits à certains des gazouillis trompeurs du président Trump, il a cherché à répliquer contre les sociétés de médias sociaux qui avaient été si cruciales pour sa plateforme. Le président américain a signé un décret conçu pour limiter les protections juridiques des plateformes en ligne.
Les technologies de l’information continuent de générer de forts rendements pour l’indice S&P 500, qui a progressé de 6,8 % en mai. L’indice composé Nasdaq, dans lequel le secteur de la technologie est fortement représenté, a progressé de 6,8 % et est maintenant très près de son sommet record (atteint en février). Les marchés continuent de récompenser les sociétéstechnologiques – comme Microsoft, Netflix et Amazon – qui sont moins dépendantes des prévisions de reprises économiques.
Europe et Royaume-Uni – Problème à l’allumage
De concert avec le reste du monde, l’économie de la zone euro subira aussi une profonde récession à cause de la pandémie virale. La Banque centrale européenne (BCE) prévoit que 2020 enregistrera une contraction de 8,7 % qui s’inscrira quelque part entre les scénarios de gravité moyenne et de gravité importante de la banque. Le 4 juin, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a annoncé que la banque allait augmenter son programme de rachat d’actifs dans le contexte du plus fort ralentissement dans la région depuis la Seconde Guerre mondiale.
L’Union européenne et le Royaume-Uni ont poursuivi des négociations difficiles par vidéoconférence sur leur complexe accord commercial post-Brexit. Les deux parties ont fait état de progrès minimes malgré l’imminence de la date limite, fixée à la fin de l’année, à laquelle le premier ministre britannique, Boris Johnson, reste attaché. Un des obstacles majeurs consiste à déterminer s’il est plus efficace de conclure plusieurs petits accords ou une seule grande entente.
Alimentées par la vigueur des actions allemandes, les actions européennes ont progressé de presque 5 % (mesurées par l’indice Euro Stoxx 50). L’Allemagne a choisi de garder la plupart de ses usines ouvertes pendant le confinement et souffre donc d’une dévastation économique moins importante que d’autres pays de la zone euro.
Japon – Au-delà de la Lune
Soutenues par des mesures de relance généralisées qui dépassaient les attentes, les actions japonaises ont été les plus performantes à l’échelle mondiale en mai puisque l’indice Nikkei a récompensé les investisseurs avec un rendement de 8 %. Cette vigueur s’est produite malgré que le Japon soit entré en récession au premier trimestre (deux trimestres consécutifs de croissance négative du PIB, selon la définition). L’économie japonaise s’est contractée à un rythme annualisé de 3,4 % au premier trimestre, à la suite d’une chute de 7,3 % au quatrième trimestre de 2019.
Pour combattre la baisse provoquée par la pandémie, le premier ministre, Shinzo Abe, a approuvé un plan de relance de 1 100 milliards de dollars américains. Ce plan double le montant attribué en avril et porte les mesures de relance à 2 200 milliards de dollars américains, soit environ 40 % de la production japonaise. M. Abe a aussi levé l’état d’urgence nationale en place depuis avril seulement.
Chine – Retour sur terre
Les actions chinoises n’ont pas participé à la reprise mondiale et l’indice composé de Shanghai est resté relativement stable en mai. Les récentes données économiques ont montré une modeste amélioration, mais pas la reprise en V à laquelle beaucoup espéraient assister. En avril, l’économie chinoise a été la première à sortir du confinement lié au coronavirus; le monde suit donc de près son modèle de reprise économique. Beijing craint que la récession dure plus longtemps que prévu. La demande pour les exportations chinoises reste inférieure aux niveaux antérieurs au coronavirus puisque les grandes économies mondiales commencent maintenant à sortir du confinement. Pour la première fois, étant donné l’incertitude, le gouvernement chinois a décidé de ne pas établir de cible de croissance économique.
La poursuite de la dégradation des relations avec les États-Unis ajoute aux turbulences rencontrées par la deuxième économie mondiale. En mai, le président Trump a menacé de « couper les ponts » parce que la Chine avait échoué à contenir la COVID-19 et à cause de sa répression à Hong Kong. Pour punir la Chine encore plus, M. Trump a ensuite ordonné à son administration de commencer le processus destiné à supprimer le statut spécial accordé à Hong Kong par les États-Unis. Cela signifie que les États-Unis pourraient révoquer le statut commercial privilégié du territoire et traiter Hong Kong comme ils traitent le reste de la Chine. Les investisseurs craignent maintenant que l’accord commercial conclu l’année dernière entre les États-Unis et la Chine soit menacé.
Les actions de Hong Kong ont réagi négativement à la nouvelle loi de sécurité nationale adoptée par Beijing qui pourrait éroder l’autonomie de Hong Kong. Elles ont perdu 7 % le mois dernier alors que la plupart des marchés boursiers mondiaux étaient largement à la hausse.
Notre stratégie
Selon la firme de recherche Cornerstone Macro, on estime maintenant que les mesures monétaires et budgétaires mondiales représentent environ 27 % du PIB mondial. Des mesures de relance de ce niveau ont aidé à catapulter les marchés boursiers beaucoup plus haut. Au même moment, lesrendements des catégories d’actif à revenu fixe et à faible risque sont à des creux historiques, rendant le compromis entre les actions et les obligations difficile à évaluer.
Notre scénario de référence repose sur l’hypothèse que les économies mondiales relanceront avec succès le double moteur économique composé des entreprises et des consommateurs. Elles rouvriront à différents moments selon leurs situations par rapport à la COVID-19 et la reprise sera plus longue pour certaines économies. Les secteurs manufacturiers et industriels contribueront aussi à la reprise après la COVID19. Nous continuons de croire que la résilience des secteurs américains de la consommation et de croissance à forte teneur technologique permettra aux actions américaines de conserver une position dominante pour l’instant. Cependant, les décisions de l’administration Trump pourraient modifier ce résultat.
La principale menace qui pèse sur notre scénario de référence est une résurgence potentielle de la COVID-19 lorsque les mesures de distanciation physique seront assouplies. Un deuxième confinement, préjudiciable, suivrait probablement. Les investisseurs examineront aussi les signes continus d’amélioration économique et les mesures par rapport aux tensions commerciales latentes.
Le mot de la fin
Alors que nous passons à la deuxième étape, c’est-à-dire à l’étape de la reprise, de cette pandémie, de nombreuses questions demeurent : À quelle vitesse nos économies peuventelles rebondir? Quelle sera l’importance de la deuxième vague de coronavirus? Quelle sera la taille des mesures de relance gouvernementales à venir? La réouverture des économies signifiera que la phase de récession pendant cette baisse sera brève. Pourtant, cela n’empêche pas une longue reprise inégale et quelquefois imprévisible.
Le 30 mai, l’excitante expression employée par la NASA « we have liftoff » (en français, « décollage! ») a de nouveau fait battre les cœurs. C’était une distraction bienvenue face aux problèmes qui troublent actuellement notre planète. L’astronaute Bob Behnken a dit : « Vous voyez que c’est une seule planète dont nous partageons l’atmosphère. C’est notre domicile commun dans cet univers. Je pense donc que cela met les choses en perspective. Alors que nous traversons des événements comme la pandémie ou que nous voyons les défis auxquels fait face notre nation ou le monde entier, nous sommes conscients que nous les affrontons tous ensemble. »
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