Soulagement sur les marchés boursiers et obligataires, mais brûlures d’estomac pour les cryptomonnaies et les médias sociaux
« Comment faire une petite fortune avec les médias sociaux? Commencez par en faire une grande. »
Elon Musk, Twitter, 17 novembre 2022
En novembre, les investisseurs en ont vu de toutes les couleurs sur les marchés boursiers, mais également du côté des obligations. L’univers des titres à revenu fixe canadiens a enregistré son deuxième gain mensuel seulement en 2022. L’indice des obligations universelles FTSE Canada affiche une baisse de 10,2 % depuis le début de l’année, ce qui est toutefois mieux que le creux de -15,2 % du 20 octobre.
Nous parlons souvent des avantages de conserver ses placements et des conséquences de rater les meilleurs jours du marché boursier. Lorsque la volatilité du marché obligataire est aussi élevée qu’elle l’est actuellement, ceux qui conservent leurs placements dans cette catégorie d’actif « discrète » en profitent aussi. Les investisseurs qui ont cédé à la panique et vendu leurs obligations ont raté le rebond substantiel de 3,9 % de juillet et celui de 2,8 % de novembre.
Les solides rendements du marché boursier en novembre, qui se sont ajoutés aux gains d’octobre, ont fortement stimulé les marchés. Les quatre principaux indices géographiques que nous surveillons de près (actions canadiennes, actions américaines, actions internationales des marchés développés et actions des marchés émergents) ont maintenant grimpé de plus de 10 % par rapport à octobre, date à laquelle ils ont touché leurs creux de l’année.
Comme d’habitude, les médias nous annonçaient tantôt un orage, tantôt une éclaircie. La réalité se situe probablement quelque part entre les deux. Si vous croyez tout ce que vous lisez, l’économie vous aura inspiré tant le désespoir que de grandes espérances en l’espace d’un mois. Il est difficile de distinguer la réalité de la fiction parmi les manchettes sensationnalistes.
Les aventures d’Elon Musk avec Twitter et l’effondrement de l’univers des cryptomonnaies ont fait les manchettes en novembre. Or, les marchés financiers ne se sont pas laissé distraire et se sont, à juste titre, concentrés sur les données économiques meilleures que prévu en novembre, à commencer par le taux d’inflation de base de l’indice des prix à la consommation (IPC) des États-Unis qui a été le plus faible depuis plus d’un an, laissant croire que l’inflation aux États-Unis aurait atteint un sommet. Voilà qui a provoqué une remontée effrénée des actions et des obligations. La Réserve fédérale américaine (Fed) demeure toutefois prudente et n’est pas prête à crier victoire quant à l’inflation sur la foi de données pour un seul mois. La banque centrale ne cessera pas ses hausses de taux d’intérêt tant qu’elle n’observera pas une tendance à la baisse constante. Les marchés anticipent une dernière hausse de taux de 0,5 % en 2022, après quatre énormes augmentations successives de 0,75 % cette année. Dans l’ensemble, les données sur l’inflation fléchissent à l’échelle mondiale.
Les données de novembre ont ravivé l’espoir d’un atterrissage en douceur de l’économie. Après s’être raffermi toute l’année sur fond de crainte d’un ralentissement de la croissance mondiale, l’indice du dollar américain a reculé de 7,2 % par rapport à son sommet de septembre. De plus, les prix de nombreux métaux industriels se sont redressés. Compte tenu de toutes les rumeurs de récession (même les politiciens admettent qu’une récession pourrait être nécessaire), il serait inhabituel que la récente remontée des marchés boursiers se prolonge si une récession se profile à l’horizon. Il n’y a pas que les actions qui se comportent de façon un peu particulière face à un possible repli. De fait, les écarts de taux des obligations de sociétés se sont également resserrés. Ces deux signaux de confiance quant à la santé future des entreprises ne sont pas typiquement annonciateurs d’une récession.
Les données de novembre sont encourageantes, mais la faiblesse des prix du pétrole et la chute marquée des taux obligataires continuent d’assombrir les perspectives de croissance mondiale. Le recul des taux obligataires est difficile à expliquer : est-ce en raison de la baisse de l’inflation ou est-ce le présage d’une période économique difficile? Dans un cas comme dans l’autre, l’inversion prononcée de la courbe des taux envoie toujours un signal d’avertissement fort.
Dans l’ensemble, les perspectives se sont améliorées et correspondent davantage à notre scénario de référence. Cependant, nous remarquons que les gains à deux chiffres enregistrés pour clôturer 2022 pourraient être une partie des rendements élevés que nous anticipons pour 2023. Nous maintenons notre scénario de référence selon lequel les marchés financiers et les économies continueront de s’adapter à la réalité d’une inflation forte, de taux d’intérêt élevés, de liquidités moins accessibles, d’un ralentissement de la croissance et de l’intensification des tensions géopolitiques. Nous croyons que la plupart des ajustements les plus difficiles ont déjà eu lieu. Étant donné les répercussions de ces ajustements sur le prix de nombreux actifs, nous entrevoyons des jours meilleurs pour les investisseurs.
Canada – en pôle position
En novembre, l’indice composé S&P/TSX a progressé de 5,3 %. Tous les secteurs ont inscrit des gains, à commencer par celui des matières premières grâce à la hausse des prix des métaux. Le secteur des services financiers, poids lourd de l’indice, a fortement contribué au rendement, les banques canadiennes ayant déclaré des bénéfices supérieurs aux attentes. Certaines ont augmenté leurs dividendes, et la Banque Royale a conclu une entente pour acheter HSBC Canada. Le secteur de l’énergie a réussi à avancer de 0,9 %, malgré la chute des prix du pétrole. Le prix du baril de pétrole West Texas Intermediate a plongé de 6,9 % pour s’établir à 80,55 $ US. Le huard a progressé de 1,6 % par rapport au billet vert pour s’établir à 0,746 $ US, ou 1,34 $ CA.
Les données sur l’inflation au Canada ont été largement conformes aux attentes. L’IPC annuel s’établit à 6,9 %, soit un meilleur taux que celui de tous les grands pays occidentaux. Les taux de rendement des obligations canadiennes ont fléchi. Le taux des obligations du gouvernement du Canada à 2 ans a reculé, passant de 3,89 % à 3,87 %, tandis que celui des obligations à 10 ans a lourdement chuté, de 3,25 % à 2,94 %, ce qui a maintenu la courbe des taux inversée.
L’économie du Canada continue de faire mieux que celle de presque tous les autres pays, affichant une croissance de 2,9 % de son PIB au troisième trimestre, ce qui est nettement plus élevé que prévu. Les exportations ont stimulé la croissance du Canada, compte tenu de la pénurie mondiale d’énergie, de produits de base et de produits agricoles.
La croissance de l’économie canadienne n’est pas menacée à l’heure actuelle, mais elle pourrait être vulnérable à un éventuel recul des exportations advenant un ralentissement de la croissance mondiale et compte tenu de la sensibilité démesurée de notre secteur de l’habitation à la hausse des taux d’intérêt. Les plus récentes données pointent dans cette direction. Les dépenses des ménages ont baissé de 1 % au cours du trimestre et l’activité sur le marché de l’habitation a glissé de 15,4 %. Contrairement à ce qui se passe aux États-Unis, les mises en chantier demeurent solides au Canada, mais elles sont contrebalancées par la consommation qui semble plus faible. La croissance des salaires est néanmoins plus forte, tout comme l’épargne. Les Canadiens s’affairent peut-être à se préparer à faire face à une éventuelle récession.
États-Unis – en avance sur le groupe
En novembre, l’indice S&P 500 a progressé de 5,4 %, malgré le recul des poids lourds de l’indice Apple, Amazon et Tesla. Une version équipondérée de l’indice S&P 500 (par rapport à l’indice pondéré selon la capitalisation boursière) a inscrit un rendement supérieur pour un deuxième mois et a progressé de 17 % par rapport au creux de la mi-octobre, contre 14 % pour l’indice principal. Cela signifie que le rendement moyen des actions américaines est supérieur à celui de l’indice. L’inflation moins élevée que prévu a fait fléchir les taux des obligations d’État américaines. Le taux des obligations à 2 ans est passé de 4,48 % à 4,31 %, tandis que celui des obligations à 10 ans est passé de 4,05 % à 3,61 %.
Dans l’ensemble, les statistiques économiques américaines ont été plutôt reluisantes. Le secteur de la consommation montre certains signes de résilience (solides ventes au détail), tandis que les données sur l’emploi sont contrastées, comme les demandes d’assurance-emploi qui ont légèrement augmenté. Néanmoins, les données sur l’emploi au 2 décembre sont demeurées robustes, y compris la croissance des salaires qui a atteint 5,1 % sur 12 mois. Un relâchement du marché de l’emploi et une croissance plus modérée des salaires aideraient à apaiser les craintes de la Fed quant à la formation d’une éventuelle spirale salaires-prix (une boucle prolongée dans laquelle les hausses de salaire entraînent des hausses de prix qui, à leur tour, provoquent d’autres hausses de salaire). La composante de l’inflation qui a trait au logement – loyer, versements hypothécaires et coûts d’accession à la propriété – est un important sujet de préoccupation. On s’attend à une amélioration à ce chapitre, puisque les hausses de taux d’intérêt entraînent un ralentissement du marché de l’habitation en Amérique du Nord, signe d’un recul de cette composante de l’inflation.
L’incertitude entourant les élections américaines de mi-mandat s’est dissipée, ce qui a contribué à la remontée. Heureusement, la démocratie s’est manifestée sans violence. Le partage du pouvoir entre les deux partis est généralement favorable au marché, car une telle situation laisse peu de place à de grands changements en matière de politique. Cependant, cela jette les bases pour qu’un affrontement ait lieu à mesure qu’on s’approche du plafond de la dette au premier trimestre de 2023. Les législateurs américains ont relevé le plafond de la dette à 78 reprises depuis 1960, généralement en usant de la stratégie de la corde raide, et à l’occasion, au prix d’une paralysie partielle du gouvernement. C’est ce que nous appelons les scénarios prévisibles. Si le 79e épisode de ce film demeure calqué sur les scénarios précédents, on peut s’attendre à ce que les marchés financiers prennent ces jeux de pouvoir avec un grain de sel.
Europe – en meilleure posture que prévu
À l’instar de ce qui se dessine comme étant une tendance mondiale, l’inflation en Europe a été moins élevée que prévu. L’IPC de la zone euro s’est établi à 10,0 % sur 12 mois, alors qu’on s’attendait à un taux de 10,4 %. Pour le moment, l’Europe a réussi à éviter une récession. De nombreux indicateurs laissent encore présager un ralentissement, et la Banque centrale européenne (BCE) continue de relever les taux. Cependant, la légère baisse de l’inflation, les interventions des autres banques centrales mondiales et les perspectives de croissance incertaines influeront sur l’ampleur et la durée des prochaines hausses de taux de la BCE.
Les taux des obligations européennes à court terme ont augmenté, contrairement à ceux des obligations à long terme qui ont suivi la pente descendante des taux des obligations mondiales. En novembre, les indices boursiers Euro STOXX 50 en Europe, DAX en Allemagne et FTSE 100 au Royaume-Uni ont affiché de solides gains de 9,6 %, 8,6 % et 6,7 %, respectivement.
Asie – des perspectives encourageantes
La Chine a surtout fait parler d’elle de façon négative. Pourtant, le marché boursier a inscrit des gains, affichant le meilleur rendement mensuel depuis la fin des années 1990. En novembre, l’indice MSCI China Equity a progressé de 29 %, ce qui a eu un effet positif sur Taïwan (+14,9 %) et la Corée (+7,8 %). En revanche, l’indice japonais Nikkei 225 n’a avancé que de 1,4 %.
Un tel rebond record n’est pas inhabituel pour cette catégorie d’actif où la volatilité est omniprésente. Les difficultés persistantes liées à la COVID-19 et aux confinements qui en découlent, les problèmes qui minent toujours le secteur de l’immobilier et les tensions géopolitiques, ont grandement assombri les perspectives à l’égard de la Chine. Cependant, les efforts colossaux déployés pour stimuler l’économie (y compris le soutien accordé au secteur immobilier, ainsi que la rencontre entre les présidents Xi et Biden) sont plutôt encourageants. On espère que la faiblesse de l’économie, les confinements et les manifestations seront des catalyseurs de changement positif. Selon les investisseurs, nous en sommes au pire moment et la situation s’améliorera en 2023.
Notre stratégie – solidement équilibrée
Nous avons maintenu fermement notre répartition de l’actif en novembre. Comme les actions et les obligations ont inscrit des gains, notre légère surpondération des actions et notre judicieuse pondération des titres à revenu fixe ont été récompensées. Nous croyons qu’il demeure préférable de conserver une répartition de l’actif assez proche de celle de nos indices de référence stratégiques à long terme, tout en apportant quelques ajustements tactiques prudents. En période de turbulences, les investisseurs seront mieux servis par un portefeuille bien équilibré qui s’appuie sur une base solide.
La faiblesse des taux des obligations à long terme pourrait n’être qu’une correction excessive de courte durée. Dans l’ensemble, le marché des titres à revenu fixe s’est ajusté pour tenir compte de la trajectoire probable de la croissance, de l’inflation et des interventions des banques centrales. Dans nos portefeuilles d’obligations, nous réinvestissons le revenu des coupons et les titres arrivant à échéance afin d’obtenir des taux de rendement plus élevés. En cas de récession, nous croyons que nos obligations procureront un niveau de protection.
Nous maintenons une légère surpondération des actions. Nos répartitions géographiques reflètent notre point de vue quant aux régions qui promettent le meilleur rendement ajusté au risque. Nous sous-pondérons les marchés développés internationaux (principalement l’Europe et le Japon) et surpondérons les actions nord-américaines. Les sociétés liées aux produits de base au Canada se portent bien dans un contexte inflationniste. Par le passé, les marchés boursiers aux États-Unis et le dollar américain ont procuré une sécurité relative dans les périodes de faible croissance mondiale.
Le mot de la fin – transformer les spéculateurs en investisseurs
Les marchés financiers jouent un rôle important dans la société. Ils réunissent ceux qui ont des économies excédentaires (investisseurs) et ceux qui ont besoin de capitaux, à savoir les entrepreneurs qui ont des idées novatrices et les entreprises qui ont besoin de financement pour faire croître leurs activités. Ils déterminent le prix d’un actif en trouvant une valeur que les acheteurs et les vendeurs jugent acceptable. Au fil du temps, ils aident l’entreprise à déployer efficacement ses ressources – humaines, intellectuelles, physiques et financières.
Les marchés financiers peuvent aussi être exigeants et faire en sorte que les gens qui y évoluent apprennent à la dure. Les pertes subies par les spéculateurs à court terme leur serviront de leçon et leur permettront de devenir des investisseurs à long terme. Les marchés financiers nous enseignent que, bien qu’il y ait un moment et un lieu pour la spéculation, il vaut mieux la limiter. L’épargne doit être investie dans un portefeuille de placements éprouvés et bien diversifiés.
L’effondrement du secteur des cryptomonnaies est une leçon qui a coûté cher à certains investisseurs. Nous n’avons rien contre la technologie de la chaîne de blocs sur laquelle s’appuient les cryptomonnaies. En fait, nous sommes impatients de voir ses contributions dans de nombreux domaines. Ce qui se passe dans le monde des cryptomonnaies est susceptible de marquer la fin de l’incursion de la chaîne de blocs dans l’univers des monnaies. Autrement, il pourrait s’agir du moment décisif où la cryptomonnaie aura survécu au test du capitalisme pour être reconnue comme un investissement. C’est au marché de trancher. Encore une fois, il jouera un rôle précieux pour découvrir les prix, diriger les capitaux vers de nouvelles idées et orienter l’utilisation efficace des ressources de la société.
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