« Il est difficile de faire des prédictions, surtout en ce qui concerne l’avenir. »
– Yogi Berra (1925-2015)
En juillet, les marchés boursiers mondiaux se sont encore réchauffés et ont accentué leurs gains enregistrés depuis le début de l’année. Ils ont été alimentés par de nouvelles données (ni trop chaudes ni trop froides) mettant en lumière un environnement idyllique en ce qui a trait à l’économie et à l’inflation, ainsi que grâce aux nouvelles enfin encourageantes en provenance de la Chine. La liste interminable d’économistes et d’observateurs du marché anticipant une récession continue de rétrécir. Oui Yogi, il est difficile de prédire l’avenir.
Tous les grands marchés boursiers mondiaux ont réalisé des gains, à l’exception de l’indice Nikkei, au Japon. Soulignons l’étendue des gains selon les régions, les marchés et la taille des entreprises. Les 11 secteurs de l’indice S&P 500 ont progressé, l’indice S&P 500 équipondéré a surpassé son homologue traditionnel, l’indice S&P 500 pondéré en fonction de la capitalisation boursière, et les actions des petites sociétés se sont classées parmi les plus performantes aux États-Unis et au Canada. Plus tôt cette année, certains considéraient que ce manque de participation généralisée était problématique; comme de nombreux indicateurs de performance, la tendance est passée du rouge au vert.
L’inflation mondiale continue de ralentir et les économies européenne et chinoise tirent encore de l’arrière, mais ces facteurs devraient encourager les grandes banques centrales à cesser de relever les taux d’intérêt. Pour le moment, cependant, les nouvelles hausses de taux et les mesures de politique monétaire supplémentaires décrétées en juillet en Amérique du Nord, en Europe et au Japon ont fait augmenter les taux obligataires au cours du mois, de sorte que les investisseurs en titres à revenu fixe ont enregistré une légère perte mensuelle.
L’inflation demeure la variable la plus importante à court terme. La récente trajectoire baissière de l’inflation mondiale, en particulier en Amérique du Nord, est encourageante et devrait encore baisser dans les mois à venir. On ne peut prévoir de quoi elle aura l’air dans un an, mais on s’attend à l’heure actuelle à ce que les banques centrales (à l’exclusion de l’Angleterre) n’aient pas besoin d’augmenter davantage les taux d’intérêt.
Même si les bénéfices des sociétés ont reculé d’une année à l’autre dans de nombreux marchés (bien qu’ils soient nettement meilleurs que prévu), on prévoit qu’ils toucheront un creux au cours du présent trimestre ou du prochain. Par conséquent, la hausse des valorisations boursières est à l’origine d’une grande partie des gains de cette année. Cela s’explique, d’une part, par le regain d’optimisme à l’égard de 2023 depuis l’année dernière et, d’autre part, par les perspectives encourageantes pour l’année prochaine.
Or, il faut se méfier lorsque les choses se passent mieux que prévu. Lorsque tout le monde nage dans des eaux tempérées, cela nous porte à croire que les marchés financiers ont probablement déjà pris en compte certains des résultats les plus réjouissants. Pourtant, les investisseurs attendent toujours d’investir leurs énormes quantités de liquidités. Selon un vieil adage, les marchés boursiers surmontent un mur d’inquiétudes. De fait, les marchés ont grimpé, et les inquiétudes ont diminué.
Les valorisations ailleurs qu’aux États-Unis (en particulier au Canada) et dans certains segments du marché américain ont encore de la marge de manœuvre pour progresser. À ce stade-ci, il faudra de plus en plus compter sur la croissance des bénéfices pour que les marchés boursiers génèrent de nouveaux gains durables. Nous croyons toujours que les bénéfices pourraient augmenter jusqu’en 2024 et que les marchés boursiers pourraient progresser davantage. Nous rappelons également aux clients que les replis à court terme sont un phénomène normal et sain des placements en actions.
Canada – Incendies et grèves
En juillet, l’indice composé S&P/TSX a progressé de 2,3 %. La Banque du Canada (BdC) a relevé le taux du financement à un jour, pour le porter à 5 %, son niveau le plus élevé depuis 2001. Elle maintient ainsi la ligne dure, et ce, malgré la baisse de l’inflation (l’IPC est tombé pour atteindre 2,8 %, tandis que l’inflation de base demeure tout juste en deçà de 4 %) et les signes indiquant que l’économie canadienne ralentit, quoique modestement. Le PIB a augmenté de 0,3 % en mai. Bien que solide, ce résultat aurait pu l’être encore plus, mais les feux de forêt ont entravé l’extraction des ressources et probablement aussi les voyages et le tourisme. Or, les données préliminaires montrant une contraction de 0,2 % pour le mois de juin ont été décevantes, et la grève dans les ports de la Colombie-Britannique pèsera sur les données de juillet. Le taux de chômage au Canada est également en hausse de 0,5 % sur 12 mois, et la croissance des salaires est élevée, mais elle n’augmente pas rapidement. Nous croyons que la BdC fera une pause à partir de maintenant.
Le prix du pétrole West Texas Intermediate a augmenté de 16 % pour s’établir à 81,80 $ US le baril, ce qui a aidé le huard à s’apprécier de 0,4 % pour s’établir à 0,758 $ US, soit 1,319 $ CA par dollar US. Les taux des obligations canadiennes à 2 ans sont passés de 4,58 % à 4,67 %, et ceux des obligations à 10 ans sont passés de 3,27 % à 3,50 %, ce qui a fait reculer l’indice des obligations universelles FTSE Canada de 1,1 %.
États-Unis – Un avenir idyllique
Tous les principaux indices boursiers américains ont réalisé des gains en juillet, encouragés par les signes indiquant que l’économie se maintient à mesure que l’inflation continue de baisser, ce qui en fait le scénario rêvé, et ce, malgré les hausses de taux continues de la Réserve fédérale américaine (la Fed).
La Fed a relevé ses taux d’intérêt de 0,25 %, portant à 5,5 % le taux des fonds fédéraux qui a atteint son plus haut niveau depuis le début de 2001. Les taux des obligations d’État américaines à 2 ans ont légèrement reculé, passant de 4,90 % à 4,88 %, et ceux des obligations à 10 ans sont passés de 3,84 % à 3,96 %. Malgré 11 hausses de taux en un an et demi, l’économie américaine va de l’avant. La croissance du PIB réel a été supérieure aux attentes. De fait, la croissance annualisée a atteint 2,4 % au deuxième trimestre et a dépassé la barre des 2 % pour un quatrième trimestre consécutif.
Cette résilience s’accompagne d’autres nouvelles positives sur l’inflation qui continue de s’atténuer. La mesure de l’inflation privilégiée par la Fed, à savoir l’inflation de base liée aux dépenses personnelles de consommation, a ralenti pour s’établir à 4,1 % sur 12 mois, ou à 3,4 % en rythme annualisé au cours des trois derniers mois (taux annualisé de 2 % en juin seulement). Même si l’inflation est plus élevée que la cible de la Fed, une croissance robuste et une baisse de l’inflation constituent une combinaison favorable aux actions. Dans la course qui oppose l’inflation à l’économie, c’est cette dernière qui en sort gagnante. Nous pensons que la Fed a fini de relever les taux pour ce cycle.
En juillet, l’indice S&P 500 et l’indice NASDAQ ont progressé de 3,1 % et de 4,1 %, respectivement, mais ils ont tous deux été dominés par l’indice des petites sociétés Russell 2000, qui a bondi de 6,1 %. Les petites entreprises sont plus tributaires de l’économie américaine, en tant que telle, et sont sensibles aux coûts d’emprunt et à la hausse des salaires. La vigueur du cours de leurs actions reflète l’amélioration du contexte pour l’ensemble de ces facteurs.
Europe – Stagflation
De nombreuses économies affichent une croissance étonnamment bonne et une inflation en baisse, mais l’économie européenne n’en fait pas partie. L’économie de la zone euro est bel et bien sortie de la récession au deuxième trimestre, affichant une croissance de 0,3 %, et le taux de chômage demeure historiquement bas. Cependant, l’inflation demeure obstinément élevée. En juillet, l’inflation mesurée par l’IPC a ralenti pour s’établir à 5,3 % sur 12 mois, mais l’indice des prix de base s’est maintenu à 5,5 % sur 12 mois pour un deuxième mois d’affilée.
La Banque centrale européenne (BCE) a relevé ses taux de 0,25 %, les faisant passer de 0,0 % à 4,25 % en un an, soit le resserrement de crédit le plus important et le plus rapide depuis le lancement de l’euro en 1999. Certains membres de la banque centrale adoucissent maintenant le ton. Comme pour la Fed et la BdC, nous prévoyons que la BCE mettra fin à ses hausses de taux. L’adoption d’un ton plus conciliant, l’apaisement des craintes de récession mondiale et l’amélioration des perspectives pour la Chine ont fait en sorte que les bourses européennes ont progressé aux côtés de leurs pairs mondiaux. L’indice Euro Stoxx 50, l’indice Dax en Allemagne et l’indice FTSE 100 du Royaume-Uni ont avancé de 1,6 %, de 1,9 % et de 2,2 %, respectivement.
Asie – Revirement de situation
Les marchés boursiers chinois et japonais ont inversé leur position en juillet. Les actions chinoises qui avaient été à la traîne toute l’année ont fortement rebondi; l’indice MSCI Chine a surpassé tous les autres grands marchés, grâce à des gains de 9,3 %. Les actions japonaises ont perdu de leur lustre; l’indice des actions Nikkei 225 a fait du surplace, à -0,1 %. Les changements découlent de la politique. En raison de la faiblesse de la croissance et d’une possible déflation, l’économie chinoise continue de décevoir. Cependant, la situation est peut-être devenue suffisamment grave pour inciter les décideurs à adopter des mesures de relance économique plus énergiques. Sur le plan géopolitique, la Chine a accueilli plusieurs diplomates américains de haut rang, à commencer par la visite inattendue et hautement symbolique de Henry Kissinger. Âgé de 100 ans, il est réputé pour avoir joué un rôle de premier plan dans les relations entre les États-Unis et la Chine. Les investisseurs ont applaudi le rapprochement.
Le taux d’inflation mesuré par l’IPC au Japon a grimpé pour atteindre 3,3 % en juin, pourtant la Banque du Japon (BdJ) reste jusqu’à présent obstinément accrochée à sa politique expansionniste. Même si la BdJ n’a pas modifié ses taux directeurs, elle a assoupli le plafond qu’elle maintenait pour les taux des obligations d’État japonaises à 10 ans, ce qui a permis à la fourchette de dévier de 0,5 % à 1 %. Le Japon dispose d’un énorme fonds d’épargne et est donc un important fournisseur de capitaux pour le reste du monde. L’évolution des taux d’intérêt japonais a des effets bien au-delà des frontières du pays. Les taux des obligations d’État japonaises sont nettement inférieurs à ceux des autres obligations mondiales, de sorte qu’ils agissent comme un ancrage pour les taux obligataires mondiaux. Une hausse des taux entraînera non seulement une augmentation des coûts d’emprunt au Japon, mais exercera aussi des pressions à la hausse sur les taux obligataires mondiaux.
Notre stratégie – L’équilibre, avec une préférence pour les actions
Nos portefeuilles demeurent bien équilibrés. Nous avons conservé nos meilleures actions en juillet, mais nous demeurons vigilants quant à la composition régionale de notre volet en actions et à l’équilibre de l’ensemble des titres à revenu fixe. En juillet, la plupart des marchés boursiers mondiaux ont inscrit des résultats comparables de moins de 3 %. Au sein des marchés, le nombre d’actions qui ont participé à la reprise s’est accru.
De plus, notre surpondération relative de la composante canadienne augmente grâce à l’amélioration du rendement des actions, notamment notre récente hausse de la pondération des petites sociétés (l’indice S&P/TSX des petites capitalisations a bondi de 6 % en juillet). Les fluctuations de change contribuent également à maintenir l’équilibre des portefeuilles. La récente vigueur du huard favorise les positions canadiennes par rapport aux titres étrangers. Dans l’ensemble, les fluctuations relatives du portefeuille en juillet demeurent à des niveaux de tolérance acceptables qui nous permettent d’atteindre nos cibles de répartition de l’actif à moyen terme.
Dans nos portefeuilles représentatifs les plus généraux, notre répartition cible vise une surpondération des actions et une sous-pondération des titres à revenu fixe. La surpondération des actions est concentrée au Canada et aux États-Unis. Les actions canadiennes continuent d’afficher des valorisations très attrayantes, un rendement en dividendes élevé et un positionnement de change favorable (nous prévoyons une appréciation du huard) et notre portefeuille est bien positionné pour profiter d’un atterrissage en douceur ou d’un scénario qui montre que l’économie mondiale se tire mieux d’affaire que prévu. Les actions américaines sont sur une excellente lancée. Nous maintenons une pondération neutre des marchés développés internationaux (Europe et Japon) et des marchés émergents.
Le taux de rendement courant généré par nos positions obligataires bien diversifiées augmente à mesure que les taux de rendement s’améliorent. Le flux de revenu est désormais suffisant dans les portefeuilles de sorte que les plus récentes hausses des taux obligataires ont pour effet de réduire et non d’éliminer les rendements totaux des titres à revenu fixe. Plus les taux de rendement sont élevés, plus la protection qu’ils offrent est grande en cas de ralentissement de l’économie ou de recul des marchés boursiers à court terme.
Le mot de la fin – Ne cédez pas à la peur des sommets
Le rythme de la progression des marchés boursiers américains a surpris la plupart des observateurs du marché; de nombreux experts ont rehaussé leurs prévisions prudentes pour 2023. Cependant, de nombreux analystes continuent d’émettre des mises en garde sur l’économie et les placements en actions. Bien entendu, c’est une bonne idée de vous interroger sur votre niveau de peur et de cupidité et de vous demander si tout est trop beau pour être vrai (ou pour durer). Les gains que nous avons observés récemment sur le marché boursier ne sont pas une raison pour s’inquiéter outre mesure.
Les données historiques nous rappellent que la situation en 2023 est tout à fait normale. Il n’est pas inhabituel d’assister à une remontée de l’ordre de 30 % et de 40 % des marchés boursiers au cours de la première année suivant les creux du marché baissier. Les hausses de 28 % de l’indice S&P 500 et de 40 % du NASDAQ par rapport à leurs creux touchés en décembre 2022 sont toutes deux inférieures aux moyennes de 38 % et de 50 %, respectivement, enregistrées pour tous les événements semblables qui se sont produits depuis des décennies pour le NASDAQ et l’indice S&P 500.
Nous comprenons la résistance de ceux qui pensent que cette fois-ci, c’est différent, en raison de l’ampleur de l’augmentation des taux d’intérêt. Ici aussi, il est impératif de se fier à la science plutôt qu’à ses émotions. Les actions américaines se portent bien après les hausses de taux. Le rendement moyen de l’indice S&P 500, mesuré 250 jours de Bourse après la dernière hausse de taux de la Fed, est de 12,2 %. C’est alors qu’on nous sert l’argument selon lequel les banques centrales maintiendront les taux plus élevés plus longtemps. De la même façon, les actions inscrivent souvent leurs meilleurs rendements lorsque les taux d’intérêt sont stables, quel que soit leur niveau. Au début des années 1980, l’indice S&P 500 et l’indice S&P/TSX ont enregistré de solides rendements médians à deux chiffres durant la période où les banques centrales maintenaient les taux relativement stables.
Conclusion : Il n’est pas inhabituel d’assister à une remontée de l’ordre de 30 % et de 40 % des marchés boursiers au cours de la première année suivant les creux du marché baissier. Les marchés boursiers font ce qu’ils ont l’habitude de faire et affichent une tendance à long terme indéniablement à la hausse.
Ces statistiques ne doivent en aucun cas justifier l’inaction. La réduction des positions, le maintien de pondérations appropriées et la prise de profits font tous partie d’une gestion prudente et active. Nous ajustons les portefeuilles au besoin. Notre mantra est d’investir de façon rigoureuse et conforme aux objectifs. Ni la peur des sommets ni la peur de rater une occasion n’influencera nos décisions.
Veuillez communiquer avec votre conseiller en placement si vous avez des questions ou si vous souhaitez discuter de vos placements.
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