« C’est la santé qui est la véritable richesse, pas les pièces d’or et d’argent. »
- Mahatma Gandhi
Les actions ont progressé en juillet pour un quatrième mois de suite, portées par le scénario des marchés voulant que l’économie soit en voie de reprendre après les arrêts d’activité dus à la COVID-19, qui ont commencé en mars.
Début août, le cours de l’or a franchi la barre des 2 000 $ US l’once pour la première fois de l’histoire, après avoir progressé de plus de 30 % depuis le début de l’année. Le cours du métal jaune est généralement stimulé par le recul des taux d’intérêt et l’accroissement des incertitudes – des facteurs qui ont joué un rôle prépondérant sur les marchés en 2020. La demande de bijoux en or a été faible, mais la demande émanant des investisseurs a été forte. L’or est en hausse parce qu’il est considéré comme une réserve de valeur (un actif qui conservesa valeur sans dépréciation) et une couverture contre l’inflation.
Le secteur des technologies a été le seul à briller autant que l’or; sa bonne performance a contribué à compenser la faiblesse d’autres secteurs de la planète boursière. En juillet, l’indice composé Nasdaq a établi de nouveaux records. Les marchés ont continué de faire fi du risque de nouveaux arrêts d’activité, malgré plusieurs foyers d’infection dans le monde et une terrifiante augmentation du nombre de cas d’infection aux États-Unis. Entre le 1er juillet et le 31 juillet, le nombre de cas est passé de près de 2,6 millions à près de 4,4 millions aux États-Unis. Plus de 20 vaccins prometteurs ont atteint l’étape des essais sur l’humain, signe encourageant qu’un ou plusieurs vaccins soient prêts à être lancés d’ici décembre.
Canada – Le pays de l’or
La pandémie a porté un dur coup à l’économie canadienne au deuxième trimestre. Les estimations préliminaires de Statistique Canada indiquent une contraction de 12 % parrapport au premier trimestre. Sur une note positive, les mois de mai et de juin se sont soldés par des hausses d’un mois surl’autre parallèlement à la reprise progressive des activités.
Rendements des cours du 1er janvier au 31 juillet 2020
(normalisés en $ US)
Source: Bloomberg
Notre économie se contracte comme prévu, victime du double coup dur de la COVID-19 et de la faiblesse des prix du pétrole observée plus tôt cette année. La hausse des prix du pétrole, la poursuite des mesures de relance monétaires de la Banque du Canada (BdC) et la résilience du marché de l’habitation nous aideront à sortir de cette mauvaise passe.
Les actions canadiennes ont pris 4,2 % en juillet, affichant ainsi une des meilleures performances observées dans le monde. La remontée des cours de l’or et de l’argent a eu un effet favorable, car les titres des producteurs d’or et d’argent ont un poids important dans l’indice composé S&P/TSX. Le secteur des matières premières est le secteur qui a signé la meilleure performance au Canada : les titres des producteurs d’or et d’argent ont pris respectivement 15 % et 24 %.
Le récent optimisme quant à une reprise économique a stimulé le huard, qui a clôturé en hausse de 9 % par rapport aux points bas atteints en mars. La remontée des prix du pétrole a également eu un effet favorable. Les perspectives pour le dollar canadien resteront favorables si nous pouvons lentement faire redémarrer l’activité économique et ouvrir les écoles sans déclencher une deuxième vague d’infections.
La BdC a maintenu son taux cible du financement à un jour à 0,25 %. L’inflation étant quasi nulle et la reprise économique, incertaine, la banque centrale s’est dite prête à maintenir son taux directeur au voisinage de zéro pendant au moins deux ans.
Les cours des obligations canadiennes ont également monté sur fond de recul des taux d’intérêt en raison de la crainte qu’il faille plus de temps que prévu pour que l’économie revienne aux niveaux antérieurs au coronavirus. La BdC compte poursuivre ses programmes d’achat d’obligations, mais les adaptera aux conditions du marché. Les taux d’intérêt ne peuvent pas baisser beaucoup plus bas qu’à
leurs niveaux actuels, ce qui détermine les perspectives pour les obligations.
Ottawa a publié son Portrait économique et budgétaire – une estimation de l’incidence de la COVID-19 sur les finances fédérales. Le déficit estimé, qui s’élève à 343 milliards de dollars, est beaucoup plus important que prévu : à 16 % du PIB, il s’agit du plus important déficit jamais enregistré. On s’attend à ce que les revenus diminuent au total de plus de 20 % en raison de la baisse des recettes fiscales. La dette du Canada dépassera 1 000 milliards de dollars. Le marché a accueilli ces nouvelles données sans se laisser démonter : l’effet sur le huard et sur nos obligations a été minime.
États-Unis – Tout ce qui brille n’est pas or
Les actions américaines ont enregistré leur plus important gain en pourcentage sur quatre mois depuis décembre 1998. En juillet seulement, l’indice S&P 500 a pris 5,5 %. Les sociétés technologiques ont grandement contribué aux excellents rendements des indices boursiers de référence; l’indice composé Nasdaq, à forte teneur technologique, a progressé de 56 % depuis le
creux boursier atteint en mars.
Les géants technologiques Facebook, Amazon et Apple ont tous enregistré d’excellents résultats au deuxième trimestre. Leur modèle d’entreprise s’est avéré résilient malgré une contraction économique au deuxième trimestre.
Certains aspects de l’économie américaine ont fait belle figure.En juin, par exemple, les dépenses de consommation (principal
moteur de l’économie américaine) ont continué d’augmenter; dans l’ensemble, toutefois, l’économie américaine ralentit. La résurgence de cas de COVID-19 et le ralentissement consécutif du redémarrage d’activités ont porté un coup à la confiance des consommateurs en juillet. La hausse des demandes de prestations d’assurance-chômage a ébranlé la confiance des entreprises. La dernière
semaine de juillet, le nombre de nouvelles demandes d’assurance chômage s’est établi à 1,34 million; ce nombre a dépassé le million pendant 19 semaines consécutives. Le taux de chômage a baissé à 10,2 % en juillet aux États-Unis, mais demeure nettement supérieur au plancher de 3,5 % atteint en février de cette année.
Après cinq mois de mesures de soutien budgétaires, le gouvernement américain négocie son cinquième plan d’aide aux Américains. Ce plan pourrait comporter l’envoi de chèques aux citoyens par la poste encore une fois ou le prolongement de la période de versement de prestations d’assurance- chômage augmentées d’un supplément. Les démocrates et les républicains ont encore des positions très divergentes sur le train de mesures d’aide proposé, ce qui pourrait retarder l’octroi d’un soutien dont les petites entreprises et les travailleurs mis à pied ont grand besoin.
Le dollar américain a poursuivi le mouvement de baisse amorcé après le sommet atteint en mars, l’indice du dollar affichant un recul de près de 9 % par rapport aux niveaux de mars. Nous pouvons nous attendre à une certaine faiblesse du billet vert en conséquence d’une reprise économique mondiale qui éliminela demande de valeurs refuges à l’origine de sa hausse plus tôt cette année. Un dollar américain faible profite aux exportateurs américains, mais il peut aussi causer de l’inflation lorsque les produits importés deviennent plus chers.
Au moment où s’achève la quatrième année du mandat du président Donald Trump, les projecteurs sont braqués sur les sondages d’opinion. Les sondages laissent entrevoir une possible victoire de Joe Biden et un balayage démocrate (la présidence et les deux chambres du Congrès). Ce scénario fait craindre qu’une victoire de Biden entraîne des hausses d’impôt, ce qui pourrait jeter une ombre sur l’économie au moment même où elle a besoin de mesures de relance.
Europe et Royaume-Uni – À la recherche de la formule magique
Au deuxième trimestre, le PIB de la zone euro a subi une baisse record de 12,1 % par rapport au premier trimestre. Les plus grandes économies d’Europe ont subi des baisses à deux chiffres.
La Banque centrale européenne (BCE) prévoit que le PIB diminuera de près de 9 % en 2020. Une reprise au deuxième semestre pourrait dépendre du Fonds de relance coordonné de l’Union européenne (UE) – un train de mesures de relance de 750 milliards d’euros destinées à aider les États membres à se rétablir de la crise du coronavirus. La mise en œuvre d’une politique monétaire expansionniste fera également partie de la solution pour assurer une reprise en Europe.
En juillet, l’indice des directeurs d’achats (PMI) du secteur manufacturier du Royaume-Uni a atteint son niveau le plus élevé depuis 16 mois, soit 53,3 – un chiffre supérieur à 50 indique généralement une expansion. Les pourparlers sur le Brexit se sont poursuivis entre l’UE et la Grande-Bretagne. Alors que la date limite prévue pour la conclusion d’un accord estle 31 octobre, les deux parties ont encore des positions très divergentes sur plusieurs questions.
Chine – Une merveilleuse performance
Les actions chinoises ont amorcé le deuxième semestre de 2020 en force, après avoir clôturé juillet en hausse de 10,9 % (à l’aune de l’indice composé de Shanghai).
Au moment où d’autres pays luttent contre l’impact économique de la COVID-19, la Chine a connu un fort rebond économique au deuxième trimestre. Elle a évité une récession technique, définie comme étant une contraction qui se poursuit sur deux trimestres consécutifs, et a progressé à un taux annualisé de 3,2 %. Ce rebond impressionnant montre que la solution du confinement systématique adoptée par la Chine au début de la pandémie a été efficace.
Malgré les signes de reprise, l’économie ne fonctionne pas encore à plein régime. Beijing est de plus en plus préoccupée par le timing de la détérioration de ses relations avec les États-Unis. Dans un discours, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a déclaré que les relations entre les États-Unis et la Chine connaissaient leur « moment le plus difficile depuis l’établissement de liens diplomatiques ». Après cette déclaration, les États-Unis, invoquant une menace d’espionnage, ont ordonné la fermeture du consulat chinois à Houston. La Chine a aussitôt riposté en ordonnant la fermeture du consulat américain à Chengdu.
Pour l’instant tout au moins, cette escarmouche n’a pas eu d’incidence sur leur accord commercial. Il semble qu’aucune
des parties ne veuille mettre en péril la trêve commerciale signée en janvier.
Japon – Le scénario s’assombrit
Le gouvernement japonais a sabré ses prévisions de croissance économique pour 2020, qui sont
passées de 1,4 % en janvier à -4,5 %. Les actions japonaises sont restées en retrait par rapport aux actions mondiales; l’indice boursier Nikkei a reculé de 2,6 % en juillet.
On avait d’abord louangé le Japon pour avoir évité une importante épidémie de COVID 19, mais le pays a connu un nombre record de cas quotidiens en juillet. Le premier ministre Shinzo Abe a attribué la résurgence du virus à la levée de l’interdiction d’accès aux
quartiers spécialisés dans les divertissements nocturnes à Tokyo. Il a indiqué ne pas craindre que les hôpitaux soient débordés, du fait que la majorité des cas concerne les jeunes.
Malgré les nouveaux foyers d’infection, le gouvernement compte mettre en œuvre une campagne de promotion du tourisme intérieur de 10 milliards de dollars américains visant à venir en aide aux entreprises les plus durement touchées par la pandémie. Les détracteurs du plan croient que M. Abe favorise à la fois la croissance économique et une deuxième vague de pandémie.
Notre stratégie
Les marchés boursiers et les actifs de crédit continuent d’ignorer le risque potentiel d’un recul économique. Parallèlement, les obligations d’État reflètent le ralentissement de la reprise. Nous voyons des signaux de prudence quant à l’avenir, car les taux obligataires continuent de baisser.
Selon notre scénario de référence, la reprise pourrait être modérée, mais elle se poursuivra tout au long du troisième trimestre. Les taux d’intérêt sont déjà très bas et n’ont pas beaucoup à baisser à partir de maintenant, ce qui signifie que le potentiel de hausse des obligations est limité. Le virus demeure une menace. De nombreux secteurs, y compris les voyages et les loisirs, ne se rétabliront pas tant qu’il n’y aura pas de vaccin ou de traitement. Pendant ce temps, un soutien budgétaire et monétaire vigoureux partout dans le monde continue de combler l’écart économique, ce qui stimule les actions et les titres de créance plus risqués.
Les risques liés au scénario de référence demeurent centrés sur la pandémie. Les épidémies pourraient entraîner un recul des réouvertures économiques. Certaines régions n’ont pas encore réussi à maîtriser la première vague de cas. À l’approche de l’élection présidentielle, le penchant de M. Trump pour des mesures imprévisibles et spectaculaires présente un autre risque
géopolitique potentiel.
Le mot de la fin
« La douceur de l’été dure trop peu de temps. » Nous serions bien avisés de nous inspirer des paroles de Shakespeare à mi-chemin de l’été, en profitant de la plus longue durée du jour et de la chaleur. Nous pouvons faire une pause et profiter de l’embellie qui s’observe sur les marchés. Les actions et les obligations ont progressé régulièrement au cours des quatre derniers mois.La hausse de la volatilité à laquelle nous nous attendions n’a pas eu lieu. Des données économiques favorables procurent un apaisement apprécié après la période tumultueuse desconfinements et des incertitudes.
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