« L’espèce humaine réfléchit en métaphores et apprend au moyen d’histoires. »
Mary Catherine Bateson
L’année dernière en janvier, notre commentaire discutait de la tradition annuelle d’Hollywood qui consiste à sortir les films à gros budget à Noël. Cette année, à cause de la pandémie, les superproductions hollywoodiennes étaient rares. Nous avons été nombreux à devoir nous confiner pendant la plus grande partie de 2020 et à regarder des séries à succès sur les services de diffusion en continu comme Disney+ ou Netflix plutôt que d’aller voir des films sur le grand écran.
Au cours de cette année extraordinaire, nous avons été fascinés par des événements beaucoup plus intéressants que ce que Hollywood pourrait nous proposer. La vie a imité les films de science-fiction comme Contagion, qui a pris l’affiche en 2011.
L’année dernière à la même période, nous pensions que l’élection présidentielle américaine de 2020 serait l’événement le plus spectaculaire. De nombreuses histoires ont plutôt retenu une attention particulière. En mai dernier, l’injustice raciale a pris le devant de la scène après le décès de George Floyd. Partout dans le monde, des manifestations et des marches ont mis en exergue la responsabilité individuelle dans la promotion de l’égalité raciale, de la diversité et de l’inclusion dans nos collectivités et nos milieux de travail.
L’élection présidentielle de novembre a été l’une des plus inhabituelles depuis longtemps et n’a pas fini de donner lieu à des rebondissements et des renversements de situation. Le président Donald Trump a refusé de concéder sa défaite face au président désigné Joe Biden. Les multiples recours judiciaires et les allégations non prouvées de fraude du président font les manchettes depuis la mi-novembre. Malgré tout, ces élections n’ont été qu’une distraction temporaire face à la pandémie qui a été l’histoire la plus captivante pour tout le monde sur la planète cette année. En mars dernier, les marchés boursiers ont connu un de leurs replis les plus spectaculaires de l’histoire lorsque la COVID-19 a forcé les économies à fermer. Il a été suivi par une des récessions mondiales les plus rapides et les plus abruptes depuis des décennies. Les actions et l’économie mondiale ont ensuite enregistré une reprise rapide.
En 2020, l’histoire de l’investissement a débuté par « de la richesse à la misère » pour se terminer par « de la misère à la richesse ». Cette année, il y avait de l’argent à faire dans plusieurs secteurs. Les entreprises qui ont profité des confinements et des directives sur le travail à domicile dans le monde ont dominé le classement. Netflix, Amazon, Zoom, Peloton et Shopify sont de bons exemples. Dans l’ensemble, la technologie a poussé les marchés boursiers mondiaux à la hausse. Les obligations de sociétés et les obligations à rendement élevé se sont redressées depuis un creux profond atteint à la suite d’une vente massive en mars. Les banques centrales du monde entier leur ont donné un coup de pouce : elles ont fixé des taux d’intérêt extrêmement bas et mis en oeuvre des programmes d’assouplissement quantitatif qui leur ont permis d’acheter ces actifs. La reprise a pris la forme d’un K : certains secteurs ont rebondi rapidement, alors que d’autres restaient faibles. L’énergie, les voyages, les loisirs et l’immobilier ont été des secteurs à éviter en 2020.
Canada – C’est une longue histoire
Les actions canadiennes se sont redressées, inscrivant un rendement de 2,2 % cette année (mesuré par l’indice composé S&P/TSX), alimenté par la solide performance des secteurs des technologies et des matières premières. Les titres technologiques ont été stimulés par l’incroyable rendement de Shopify, un fournisseur de logiciels qui permet aux commerçants de vendre en ligne. La vigueur des prix des produits de base, comme l’or et les produits forestiers, a stimulé les titres du secteur des matières premières. L’énergie a été le secteur le moins performant de l’indice S&P/TSX, les prix du pétrole ayant chuté de 22 % depuis le début de 2020. Une guerre des prix entre l’Arabie saoudite et la Russie a fortement nui aux prix du pétrole. Même après la fin de la dispute, le prix du pétrole est resté au plus bas, la croissance mondiale ralentissant sous l’effet des fermetures d’usine et des mesures de confinement liées à la COVID-19. Puisque peu de gens voyageaient, la consommation de carburéacteur a chuté.
Cette année, les obligations canadiennes sont devenues essentielles dans le monde du placement. La Banque du Canada (BdC) a agi rapidement pour fournir de la liquidité et du soutien en réponse au coronavirus. Notre banque centrale a réduit son taux cible du financement à un jour à 0,25 % en plus de publier des indications prospectives et de lancer un programme d’assouplissement quantitatif sans précédent. L’objectif est de maintenir les taux d’intérêt bas pour que les coûts d’emprunt restent faibles. Lors de sa plus récente réunion de politique monétaire, la BdC a maintenu son engagement d’acheter pour 4 milliards de dollars d’obligations par semaine.
Notre banque centrale s’attend à ce que l’économie canadienne reste faible après une deuxième vague de cas de COVID-19 et une remise en place des confinements. Le taux de chômage s’établit à 8,5 %, ce qui est nettement plus élevé que le niveau antérieur à la COVID-19, qui était de 5,5 %. L’inflation demeure faible et est bien en deçà de la cible de 2 % de notre banque centrale. Les données économiques comme le chômage, l’inflation et la croissance économique seront difficiles à prévoir en 2021 en raison des confinements régionaux et des échéanciers incertains du déploiement des vaccins. Néanmoins, nous nous attendons à une croissance économique et à une amélioration des données sur l’emploi au fur et à mesure que l’année avancera et que de plus en plus de Canadiens seront vaccinés.
Le rendement du huard a été une bonne surprise : il s’est redressé par rapport aux creux de mars et a atteint de nouveaux sommets pour l’année en décembre. Notre dollar a profité de l’augmentation de l’appétit des investisseurs pour le risque. L’indice du dollar américain a chuté lorsque des actifs refuges, comme le billet vert, sont devenus moins attrayants. Nous nous attendons à ce que le huard continue de s’apprécier à mesure que la croissance mondiale s’accélérera et que la demande pour les produits de base augmentera.
États-Unis – La réalité dépasse la fiction
Les actions américaines ont fortement chuté lorsque les infections à la COVID-19 ont commencé à semer la peur et la panique, puis n’ont pas été secouées par les répercussions négatives de la mise à l’arrêt des économies, de l’incertitude entourant les élections américaines et de la menace d’une deuxième et d’une troisième vague de COVID- 19. L’indice S&P 500, reproduisant de près l’année 2019, a grimpé de 16,3 % en 2020. Malgré tout, ce rendement a fait piètre figure par rapport à la hausse de 43,6 % de l’indice composé Nasdaq, fortement tributaire des technologies.
Après avoir fait preuve d’une grande résilience, les consommateurs américains ont commencé à ne plus sortir leur portefeuille à la fin de 2020. La flambée du nombre de cas d’infection pèse sur la reprise économique. La fin des programmes d’aide fédéraux a eu une incidence négative sur le revenu des ménages. Les Américains attendent de connaître le sort du programme d’aide pour lutter contre les effets pandémie adopté par le Congrès, mais critiqué par le président Trump. Le président souhaite que des chèques de 2 000 $ soient envoyés aux Américains au lieu du montant de 600 $ proposé – même si la plupart des sénateurs républicains s’opposent à ce montant plus élevé.
En mars, la Réserve fédérale américaine (la Fed) a pris des mesures décisives : elle a baissé les taux d’intérêt à presque zéro et a lancé un programme d’achat d’actifs. Ces politiques devraient rester en place dans l’avenir prévisible.
La saga des élections présidentielles de 2020 ne s’est pas encore conclue, le président Trump finissant son dernier mois au pouvoir. Les batailles juridiques semblent pratiquement terminées, car aucune preuve de fraude électorale n’a émergé et le président a concédé que le président élu Joe Biden entrera en fonction le 20 janvier. Néanmoins, le président Trump s’en tient à son discours trompeur selon lequel les élections ont été truquées. Le collège électoral a officialisé la victoire de Joe Biden le 14 décembre. Le processus de certification, qui se déroule traditionnellement sans incident en janvier a pris fin, malgré la prise d’assaut du Capitole américain, qui a entraîné une émeute retardant le processus.
Une histoire parallèle s’est déroulée en Géorgie, où deux sièges clés du Sénat ont été gagnés par des sénateurs démocrates. Puisque les démocrates ont gagné les deux sièges, Kamala Harris obtient le vote décisif à titre de vice-présidente et les démocrates ont pris le contrôle du Congrès. Ainsi, le président Biden aura beaucoup plus de chances d’apporter des changements importants. Parmi ces changements, mentionnons la politique fiscale et un train de mesures de relance budgétaire.
Europe et Royaume-Uni – Fin de la saga du Brexit
Le chaos a été évité lorsque le Royaume-Uni et l’Union européenne ont finalement conclu un accord sur le Brexit – soit près de cinq ans d’incertitude après le vote de la Grande- Bretagne pour un départ de l’UE. Ce nouvel accord couvre tout, du commerce au nombre de poissons que les deux parties peuvent pêcher. Les deux économies continueront de faire du commerce sans tarifs douaniers, mais la libre circulation des travailleurs entre elles est terminée.
L’enthousiasme suscité par l’approbation et la distribution du premier vaccin contre la COVID-19 s’est rapidement dissipé lorsque la Grande-Bretagne a découvert une nouvelle souche très contagieuse du coronavirus. De nombreux pays ont immédiatement fermé leurs frontières aux voyageurs britanniques et une grande partie du Royaume-Uni s’est confiné pour endiguer la propagation.
Même si les actions européennes se sont redressées après une vente massive provoquée par la pandémie, elles ont clôturé l’année 2020 en baisse de 5 % (selon l’indice Euro Stoxx 50). En Europe, la reprise a été plus lente à cause de la gravité de l’épidémie dans les régions touristiques de l’Italie et de l’Espagne. L’anxiété persistante à l’égard des négociations sur le Brexit a fait en sorte que les actions du Royaume-Uni ont été à la traîne des marchés européens : elles ont reculé de plus de 14 % en 2020.
Chine – La grande histoire de cette année
Au début de janvier 2020, la Chine annonçait ses premiers cas d’un nouveau coronavirus. Les marchés mondiaux ne l’ont pas pris en considération avant la fin de janvier, lorsque le nombre de cas a commencé à monter et que les voyageurs ont exporté la COVID-19 partout dans le monde. En février, les actions ont fait fi des craintes d’une pandémie et ont atteint des sommets record. La contagion a ensuite tout changé, provoquant des interdictions de voyager, la fermeture des frontières et l’annulation des sports professionnels.
À ce moment-là, la Chine était en bonne voie d’éradiquer le virus grâce à des mesures de confinement draconiennes. Elle a été la première grande économie à trébucher à cause de la COVID-19 et la première à maîtriser la maladie. Les actions chinoises ont été parmi les premières à se redresser, mais elles n’ont pas suivi le rythme des marchés mondiaux au cours des derniers mois de 2020, alors que d’autres marchés reprenaient du poil de la bête. L’indice composé de Shanghai a inscrit un rendement positif de 13,9 % en 2020.
Le PIB du pays a rebondi rapidement dans la foulée d’un retour à la normale des activités sociales et économiques et d’une hausse des exportations. La Chine est la seule grande économie qui a enregistré une croissance économique positive au cours des 12 derniers mois. L’empire du Milieu s’attend à une reprise complète et à une croissance du PIB de 8 % l’an prochain. Beijing tournera son attention vers la mise en oeuvre de son 14e plan quinquennal (2021-2025). Parmi les priorités de ce plan, mentionnons la stimulation de la demande intérieure, la bonification de la sécurité sociale, la modification de la fiscalité pour améliorer l’égalité en matière de revenu et de richesse, et l’investissement dans la technologie.
Japon – Une histoire de reprise
Tout au long de 2020, la plupart des pays développés ont lutté contre la COVID-19, mais l’économie japonaise était déjà aux prises avec les conséquences d’une hausse de la taxe de vente. Heureusement, la reprise en Chine a contribué à celle du Japon. La croissance du PIB du Japon est redevenue positive au troisième trimestre pour atteindre 5 % et a encore progressé de 1,8 % en octobre. Les actions japonaises se sont bien comportées en 2020, le Nikkei ayant progressé de 16 %.
Sous la gouverne du nouveau premier ministre Yoshihide Suga, le gouvernement est resté déterminé à soutenir l’économie. Pour le prochain exercice, le budget du Japon sera de 107 000 milliards de yens (1 300 milliards de dollars US), le plus important de son histoire.
Notre stratégie
La prudence tempère notre optimisme pour l’avenir, car il est rare que les choses se déroulent exactement comme prévu. Une grande partie de cet optimisme repose sur le déploiement harmonieux du vaccin contre la COVID- 19 à l’échelle mondiale, même si d’importants défis de distribution pourraient rendre incertain l’échéancier de la vaccination de masse.
Nous croyons qu’une nouvelle administration américaine n’apportera pas de changements majeurs aux politiques actuelles. En fait, elle pourrait accroître la stabilité et réduire les tensions commerciales. Néanmoins, de nouvelles turbulences politiques inattendues pourraient très bien se manifester.
Nous resterons concentrés sur les principaux facteurs du marché, pas sur les nouvelles du jour. Dans l’ensemble, nous continuons de privilégier les actifs risqués (comme les actions et les titres de créance mondiaux) plutôt que les obligations d’État.
Le mot de la fin
Cette année nous a rappelé pourquoi il est essentiel de respecter les règles d’or du placement.
Premièrement, n’allez pas à l’encontre de la Fed. Lorsque la Fed et d’autres banques centrales sont intervenues en mars pour fournir de la liquidité et un soutien aux actifs, tout en baissant les taux d’intérêt pour les emprunteurs, elles ont établi un plancher pour les actifs risqués.
Deuxièmement, la durée des placements est plus importante que le moment de l’achat et de la vente. Cette année, il aurait été coûteux de rater les meilleurs jours de la bourse. L’idéal aurait été d’éviter la dégringolade de février et de mars, mais il n’a fallu que quelques mois pour recouvrer ces pertes. Le plus important rebond du marché s’est produit un jour après son creux du 23 mars. L’indice S&P 500 a progressé de 9 % et l’indice S&P/TSX de 12 %.
Troisièmement, investissez en fonction de votre tolérance au risque, de votre horizon de placement et de vos objectifs de placement. De cette façon, la discipline l’emportera sur les émotions.
Dans l’ensemble, l’année 2020 a été longue et difficile pour de nombreuses personnes, et pas seulement pour les investisseurs. Si le marché boursier est véritablement un indicateur avancé de l’avenir, il laisse présager d’une année qui sera plus prometteuse pour nous tous.
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