« Celui qui perd de l’argent, perd beaucoup; celui qui perd un ami, perd beaucoup plus; celui qui perd la confiance, perd tout. »
Eleanor Roosevelt
Selon votre point de vue, la rétrospective de 2022 évoquera différents sentiments. Pour les Ukrainiens, ce fut une annus horribilis, expression rendue célèbre par la défunte reine Elizabeth II. L’année a également été difficile pour les investisseurs en actions et en obligations. Sur une note plus positive, les adeptes du sport ont célébré les Jeux olympiques et la Coupe du Monde. Espérons qu’on se souviendra de 2022 comme de la dernière année marquant le pire de la crise de la COVID-19.
Au début de l’année, tout le monde souhaitait un retour à la normale. Les marchés financiers semblaient prêts pour une période de transition, malgré certaines incertitudes. Les restrictions liées à la COVID-19 ont fini par disparaître, tout comme le besoin de soutien budgétaire et monétaire pour contrer les effets dévastateurs de la pandémie.
Puis, le premier trimestre a mis un frein à tout. Nous avons été témoins d’une inflation galopante, d’une guerre en Europe, de sanctions mondiales contre la Russie, de politiques bâclées liées à la COVID-19 en Chine et d’une absence étonnante des travailleurs. Le chaos dans les chaînes d’approvisionnement, la hausse rapide des taux d’intérêt, la flambée des prix des aliments et des matières premières et les réévaluations brutales des risques géopolitiques sont devenus la nouvelle réalité vertigineuse.
Bien entendu, les marchés boursiers ont chuté. L’inflation s’est transformée en crise du coût de la vie. Les banques centrales et les politiciens ont été forcés de réagir. La Banque du Canada (la « BdC ») a été la première à relever ses taux en mars, suivie de la Réserve fédérale américaine (la « Fed »). À la fin de 2022, toutes les grandes banques centrales, à l’exception de celle de la Chine, étaient en mode resserrement. Le résultat net a été la pire année jamais enregistrée pour le marché obligataire canadien et un effondrement de l’indice S&P 500 et de l’indice S&P/TSX après avoir atteint des sommets record au début de l’année. En 150 ans de données aux États-Unis, le pire résultat combiné pour les actions et les obligations a été enregistré en 2022 – il est rare qu’une année soit aussi horrible pour ces deux catégories d’actif.
Les marchés financiers ont commencé à essayer de deviner jusqu’à quel point les taux d’intérêt et les taux obligataires devraient monter pour contenir l’inflation. L’éventualité d’une récession mondiale a été le principal sujet de discussion.
Ces courants contraires ont été observés toute l’année. Les signes indiquant un ralentissement de l’inflation ont fait grimper les prix des actions et des obligations, mais les dirigeants des banques centrales ont indiqué qu’ils n’avaient pas terminé de relever les taux. Le recul des prix des matières premières a donné des lueurs d’espoir. Les problèmes touchant les chaînes d’approvisionnement mondiales se sont apaisés, ce qui a permis aux sociétés de reprendre leurs activités avec tous les travailleurs supplémentaires qu’elles pouvaient trouver (les départs massifs à la retraite sont un phénomène bien réel). L’épargne accumulée a fait que les consommateurs ont continué de dépenser, permettant ainsi aux sociétés de transférer les hausses de prix pour protéger leurs marges bénéficiaires. Les sociétés ont dégagé des bénéfices supérieurs aux attentes, ce qui a soutenu les marchés boursiers. Ces facteurs n’ont toutefois pas réussi à annuler la négativité causée par la flambée de l’inflation, la hausse des taux d’intérêt, l’accès moindre aux liquidités, le ralentissement de la croissance et l’intensification des tensions géopolitiques.
L’inflation mondiale semble peut-être avoir atteint un sommet et commencé à ralentir, mais les services, la croissance des salaires et les coûts de l’habitation demeurent solides. L’année semblait vouloir se terminer avec ce que l’on appelle une reprise de Noël, jusqu’à ce que les dirigeants des banques centrales à l’échelle mondiale commencent à jouer aux « grincheux ». Ces derniers se sont engagés à relever les taux jusqu’à ce que l’inflation et la croissance des salaires reviennent à la normale, ce qui a fait fléchir les marchés en décembre. Les dirigeants des banques centrales ont indiqué que les marchés devraient se préparer à des « taux plus élevés pendant plus longtemps » en 2023.
Cependant, le marché obligataire a des doutes à l’égard de cette déclaration. L’histoire nous indique que les cycles de resserrement vigoureux ont tendance à s’inverser rapidement et que les antécédents des banques centrales quant au respect de leurs prévisions sont peu reluisants. Rappelons que la Fed avait prévu que le taux directeur terminerait l’année 2022 à 1,5 % (il est à 4,5 %). Il faut donc prendre avec un grain de sel les prévisions de celle-ci selon lesquelles le taux directeur dépassera les 5 % en 2023.
Selon l’avis général, nous serons en récession en 2023. Bien que leurs opinions puissent être biaisées, le président de la Fed, Jerome Powell, et la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, ont déclaré qu’il y avait un risque de récession, mais que celle-ci n’était pas inévitable. De plus, l’opinion impartiale du marché boursier (que nous suivons attentivement) laisse entrevoir de curieux événements qui n’ont aucun lien avec une récession, certains secteurs très sensibles à la conjoncture économique ayant dégagé des rendements supérieurs. Sans compter que si le marché de l’habitation aux États-Unis est sur le point de s’écrouler à cause de la hausse des coûts d’emprunt, il est également curieux de constater que les actions des grandes entreprises américaines de construction résidentielle enregistrent aussi des rendements supérieurs.
Pour connaître notre point de vue sur ce qui se produira en 2023 (alerte au divulgâcheur, nous ne nous attendons pas à une récession), consultez notre rapport Perspectives du marché pour 2023 : La fin du tout gratuit?.
Canada – Le marché baissier a à peine été évité
En 2022, l’indice composé S&P/TSX a été l’un des rares indicateurs des marchés boursiers mondiaux à éviter un marché carrément baissier (c’est-à-dire un recul de 20 % ou plus par rapport au sommet précédent). Les baisses du sommet au creux ont varié de -17,5 % pour le TSX à -41,7 % pour l’indice MSCI Marchés émergents. Le TSX a reculé de 5,2 % en décembre et de 8,7 % en 2022. Le secteur de l’énergie s’est nettement démarqué en progressant de 24,4 % pour l’année, même si le prix du pétrole a clôturé l’année 2022 à un niveau presque inchangé. Le prix du baril de pétrole West Texas Intermediate a augmenté de 6,7 % durant l’année pour s’établir à 80,26 $ US. En 2022, le dollar canadien a perdu 6,8 % en raison de la vigueur généralisée du dollar américain, clôturant l’année à 0,738 $ US, soit 1,36 $ CA.
Au Canada, le taux d’inflation a chuté à 6,8 % en novembre par rapport à son sommet de 8,1 % atteint en juin. En décembre, la Banque du Canada a relevé son taux du financement à un jour à 4,25 %, sa septième hausse en 2022, clôturant l’année par un resserrement de 400 points de base. Dans ce contexte d’inflation et de hausse des taux d’intérêt, les taux obligataires ont augmenté et ont été très volatils. Pour l’année, le taux des obligations du gouvernement du Canada à 2 ans est passé de 0,95 % à 4,05 %, tandis que celui des obligations à 10 ans a plus que doublé, passant de 1,42 % à 3,30 %. En décembre, l’indice des obligations universelles FTSE Canada a reculé de 1,7 % pour terminer l’année en baisse de 11,7 %. Même s’il s’agit d’une piètre consolation, le marché obligataire canadien a surpassé ses homologues mondiaux. Les rendements des obligations américaines, européennes et des marchés émergents ont été jusqu’à 7 % inférieurs à ceux du Canada.
États-Unis – Que des marchés baissiers
Les quatre grands indices boursiers américains ont été malmenés par les marchés baissiers en 2022. Les baisses du sommet au creux de l’indice S&P 500, de la moyenne Dow Jones des valeurs industrielles, de l’indice NASDAQ et de l’indice Russell 2000 ont varié de -36,4 % pour l’indice NASDAQ à forte teneur technologique à -21,9 % pour la moyenne Dow Jones des valeurs industrielles. En décembre, l’indice S&P 500 a reculé de 5,9 % pour terminer l’année en baisse de 19,4 %, soit un meilleur résultat comparativement à sa baisse record de 25,4 % enregistrée à la mi-octobre.
Au début de 2022, les marchés américains se sont classés en tête de liste des marchés boursiers surévalués et faisant preuve de complaisance à l’égard du risque. Beaucoup de travail a été fait pour enrayer cette situation. Les actions de sociétés qui ont monté en flèche uniquement parce que l’on croyait qu’une pandémie changerait leur sort à jamais ont subi des baisses spectaculaires. Le cours des actions de nombreuses sociétés a grimpé de centaines de points de pourcentage (des milliers dans certains cas) depuis mars 2020, pour ensuite subir un revirement complet avant la fin de 2022.
Il ne s’agit pas non plus uniquement de titres à la mode pendant la pandémie ou d’actions-mèmes. Le Dow Jones et le S&P 500 ont atteint un sommet le 3 janvier 2022, le même jour où Apple est devenue la première société d’une valeur de plus de 3 000 milliards de dollars américains. Apple est une excellente société, mais son action a reculé de 27 % durant l’année. Amazon, une autre grande société, affiche actuellement un cours de 84 $ US, qui a peu varié par rapport à son cours d’avant la pandémie, mais qui a reculé par rapport à son sommet de 186 $ US atteint au milieu de 2021. Ces ajustements reflètent également le délaissement des faibles taux d’intérêt. En 2022, la Fed a relevé les taux d’intérêt de 425 points de base, et le taux des obligations du Trésor américain à 10 ans a plus que doublé, passant de 1,42 % à 3,87 %.
Europe – Encaisser le coup
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a déclenché une crise humanitaire et énergétique, créant de la misère pour le peuple ukrainien qui s’est propagée dans la majeure partie de l’Europe. Néanmoins, les marchés boursiers européens se sont mieux comportés en monnaie locale pendant l’année que bon nombre de leurs homologues mondiaux. Les chiffres sont inférieurs de 6 % à 10 % si l’on tient compte de la baisse de l’euro et de la livre sterling.
Les économies européennes, et en particulier leurs marchés boursiers fortement axés sur les exportations, sont très sensibles à la croissance mondiale. Les attentes d’un ralentissement mondial pèsent sur les marchés. Puisque les banques centrales ont relevé les taux pour contrer l’inflation galopante, les taux obligataires européens ont fortement augmenté. Les taux de rendement sont inférieurs à ceux de l’Amérique du Nord, mais comme ils sont partis de niveaux plus bas, ils ont entraîné des pertes plus importantes pour les investisseurs en obligations européennes. L’indice Bloomberg Pan-European Aggregate Bond a reculé de 18,9 % pour l’année.
Les rendements des marchés boursiers pour décembre et pour l’année sont les suivants : -4,3 % et -11,7 % pour l’Euro Stoxx 50; -3,3 % et -12,4 % pour le Dax en Allemagne; et -1,6 % et 0,9 % pour l’indice FTSE au Royaume-Uni.
Asie – Rebond des marchés baissiers
Les actions chinoises, qui étaient dans un marché fortement baissier, ont touché un creux en octobre 2022, lorsque l’indice MSCI Chine a chuté de 63 % par rapport à son sommet du début de 2021. Beijing croyait avoir évité le pire de la COVID-19 et a rapidement commencé à resserrer sa politique monétaire. Par ailleurs, l’effondrement des secteurs de l’immobilier et des technologies qui a commencé à la fin de 2020 s’est poursuivi pour une troisième année. Ces problèmes se sont aggravés lorsque la COVID-19 a réussi à contourner les mesures de confinement strictes et est revenue en force. Pour faire face au ralentissement de l’économie, la Chine a fait fi de la tendance mondiale et a assoupli sa politique monétaire – avec un impact minimal. Cependant, les efforts redoublés pour stimuler l’économie et l’abandon abrupt des restrictions liées à la COVID-19 ont renversé la vapeur pour les actions chinoises, entraînant une forte remontée de 35 % en fin d’année par rapport à leur creux d’octobre.
Les marchés boursiers japonais ont été relativement calmes en 2022. Le Nikkei 225 a connu de nombreuses fluctuations supérieures à plus ou moins 10 %, mais a réussi à éviter le territoire baissier. La monnaie a été le principal attrait pour les actifs japonais, car la Banque du Japon (la « BdJ ») a maintenu sa politique monétaire expansionniste. Le yen a reculé de 23 % par rapport au dollar américain avant de rebondir de 15 % à la fin de l’année, la BdJ ayant laissé croire qu’elle pourrait resserrer sa politique monétaire.
Les rendements pour décembre et pour l’année sont les suivants : 5,2 % et -23,5 % pour l’indice des actions MSCI Chine; et -6,7 % et -9,4 % pour l’indice des actions Nikkei 225.
Notre stratégie – L’équilibre
En 2022, notre stratégie de répartition des éléments d’actif comportait généralement une légère surpondération des actions et une sous-pondération des titres à revenu fixe. Nous avons réduit la surpondération des actions nord-américaines au début de l’année, abaissé la sous-pondération des liquidités, puis vendu des actions internationales au troisième trimestre et utilisé le produit de la vente pour réduire notre sous-pondération des titres à revenu fixe.
Les actions et les obligations ont chuté en même temps, de sorte qu’il y avait peu d’endroits où se réfugier. Parmi les autres opérations notables effectuées dans le cadre de notre stratégie de répartition des éléments d’actif pour nos modèles de base, mentionnons le rééquilibrage en juin de notre sous-pondération des marchés émergents. Pendant l’été, alors que les marchés boursiers tournaient au ralenti, nous avons augmenté la pondération des actions, qui s’était éloignée de notre surpondération cible, notamment celle des actions américaines.
Nous croyons qu’il demeure préférable de conserver une répartition de l’actif assez proche de celle de nos indices de référence stratégiques à long terme, tout en apportant quelques ajustements tactiques prudents. En période de turbulences, les investisseurs sont en position de force lorsqu’un portefeuille bien équilibré s’appuie sur une base solide.
Dans nos portefeuilles d’obligations, nous réinvestissons le revenu des coupons et les titres arrivant à échéance afin d’obtenir des taux de rendement plus élevés. En cas de récession, nous croyons que nos obligations procureront un niveau de protection.
Nous maintenons la légère surpondération des actions. Nos répartitions géographiques reflètent notre point de vue quant aux régions qui promettent le meilleur rendement ajusté au risque. Nous sous-pondérons les marchés développés internationaux (principalement l’Europe et le Japon) et surpondérons les actions nord-américaines.
Le mot de la fin – Remerciements
En ce qui concerne 2022, une annus horribilis, il est impossible de sous-estimer l’horreur de ce qui se passe en Ukraine; tout le reste n’est rien en comparaison.
Nous demeurons convaincus que le capitalisme et ses canaux, les marchés financiers, peuvent – et vont – surmonter les obstacles financiers auxquels ils font face, comme ils l’ont toujours fait. Nous avons également confiance que l’humanité peut surmonter les épreuves à venir.
Nous tenons à vous remercier du fond du cœur pour la confiance que vous nous accordez et qui nous donne le privilège de travailler en votre nom. Notre responsabilité envers vous demeure une priorité.
Notre travail est une vocation privilégiée, mais nous demeurons humblement conscients du fait que les marchés financiers ont une incidence sur une économie réelle dans laquelle beaucoup de gens éprouvent des difficultés.
Lorsque nous choisissons une voie, notre but est de rester objectifs. Bien que nous élaborions souvent des stratégies définies et prenions des mesures décisives, nous savons aussi que l’orgueil n’est pas payant. Nous sommes ouverts aux occasions, et nous allons de l’avant en nous efforçant de faire preuve de souplesse dans nos choix afin d’éviter les écueils du dogmatisme.
Les paroles d’Eleanor Roosevelt nous rappellent que même si l’on a perdu de l’argent en 2022, on peut le regagner. Les amis sont irremplaçables et la confiance exige du courage.
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