« Attendez une minute, Doc. Êtes-vous en train de me dire que vous avez construit une machine à remonter le temps... à partir d’une DeLorean? »
- Marty McFly, Retour vers le futur, 1985
Depuis mars 2020, nous sommes coincés dans ce qui semble être une réalité alternative et nous essayons de revenir à notre mode de vie d’avant la pandémie. Après de multiples tentatives de réouverture et la mort tragique de plus de 3,5 millions de personnes dans le monde, nous progressons rapidement vers cet objectif. Mais plutôt qu’une DeLorean équipée d’un convecteur temporel, ce sont les vaccins qui nous permettront de revenir à la maison.
L’avenir, cependant, ne sera plus le même. Un changement important en faveur des investissements dans les infrastructures durables et renouvelables est en cours. Le président des États-Unis, Joe Biden, n’obtiendra peut-être pas la totalité des 2 300 milliards de dollars américains qu’il a demandés pour des investissements dans les infrastructures, mais nous pouvons cependant nous attendre à des dépenses massives.
Cette transition vers une énergie plus propre a été mise en évidence par trois défaites historiques pour les grandes pétrolières, le même jour, en mai. Premièrement, un petit fonds de couverture activiste a pris au moins deux sièges dans le conseil d’administration d’ExxonMobil; il a comme objectif de forcer la direction à commencer son abandon des combustibles fossiles. Deuxièmement, les actionnaires de Chevron ont voté en faveur d’une proposition demandant à la société de réduire son empreinte carbone. Troisièmement, un tribunal néerlandais a statué que Royal Dutch Shell a jusqu’à 2030 pour réduire ses émissions de carbone de 45 %.
Soyons clairs : le pétrole est essentiel à l’économie mondiale et il le restera dans un avenir proche. Nous ne conduirons probablement pas de sitôt des voitures dont le carburant est le plutonium, comme la DeLorean de Marty, même si l’on s’attend à une croissance exponentielle du marché des voitures électriques.
La plupart des grands marchés boursiers se sont bien comportés en mai, malgré une certaine volatilité et une hausse des tensions géopolitiques. Les taux obligataires restent stables après un pic au premier trimestre. Ils sont très proches de leur niveau de la mi-février 2020, moment à partir duquel ils ont commencé à fortement reculer à mesure que les craintes entourant la pandémie s’intensifiaient.
Canada – 1,21 gigawatt!
La plupart des provinces ont maintenu leur confinement pour faire face à la troisième vague de COVID-19, mais le nombre total de cas a commencé à baisser à mesure que les taux de vaccination augmentaient. À la fin du mois de mai, environ 60 % des Canadiens étaient au moins partiellement vaccinés, soit un pourcentage plus élevé qu’aux États-Unis, l’un des chefs de file mondiaux en matière de vaccination.
L’objectif de l’Ontario est que la plupart de ses résidents soient complètement vaccinés d’ici la fin de l’été et la province s’apprête à assouplir graduellement les restrictions à la fin du mois. Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré qu’il souhaitait que 75 % des Canadiens soient vaccinés et que le nombre de cas quotidiens diminue avant d’envisager la réouverture de la frontière terrestre entre le Canada et les États-Unis.
Après la pire année jamais enregistrée, l’économie canadienne a connu une croissance de 6,5 % au premier trimestre de 2021. En mars, le PIB a augmenté de 1,1 %, soit une hausse de 6,6 % sur 12 mois, malgré des confinements intermittents dans de nombreuses régions. La réouverture est prévisible dans les prochaines semaines et les économistes s’attendent à une forte croissance pour le reste de l’année. Dans l’ensemble, l’économie canadienne devrait progresser de plus de 6 % en 2021 (à partir d’un creux) et de 4 % en 2022.
La Banque du Canada (BdC) continue de réduire ses achats d’obligations du gouvernement du Canada. En avril, la BdC a déclaré qu’elle pourrait relever son taux directeur – qui se situe à un très faible niveau de 0,25 % – plus tôt que prévu et probablement avant que la Réserve fédérale américaine ne fasse de même.
Les marchés financiers sont restés vigoureux après une saison des bénéfices impressionnante, surtout pour les banques. Les prix des produits de base ont également donné un coup de pouce considérable; l’indice S&P/TSX a progressé de 3,45 % et a atteint des sommets record en mai, en se rapprochant au plus près du seuil de 20 000 pour la toute première fois. Le West Texas Intermediate et le Western Canadian Select ont grimpé à 67 $ US et 52 $ US le baril, respectivement. L’or s’est hissé à 1 900 $ US en raison des préoccupations inflationnistes. En mai, le huard s’est apprécié de 2 % par rapport au billet vert, les marchés ayant commencé à tenir compte des hausses de taux d’intérêt au Canada.
La courbe des taux des obligations canadiennes est restée relativement plate pendant le mois, après s’être redressée au premier trimestre. Le taux de rendement du billet à 10 ans est de 1,48 % et celui du billet à 3 ans est de 0,51 %.
États-Unis – 150 km/h
En mai, la plus grande économie du monde a poursuivi sa reprise. Pendant la dernière semaine du mois, les demandes initiales de prestations d’assurance-chômage sont tombées à leur plus bas niveau depuis le début de la pandémie et le nombre de chômeurs a diminué pour une quatrième semaine d’affilée.
La moyenne mobile sur sept jours des nouveaux cas de COVID-19 est passée sous les 30 000 pour la première fois depuis juin 2020. La moitié de tous les Américains adultes sont maintenant entièrement immunisés, mais l’hésitation à se faire vacciner a ralenti la progression ces dernières semaines.
Tous les mois, la Réserve fédérale américaine achète 120 milliards de dollars américains de titres adossés à des créances hypothécaires et d’obligations du Trésor américain. Ces achats, conjugués à des taux d’intérêt historiquement bas, ont fortement soutenu les actions. Les investisseurs se demandent maintenant à quel moment la Fed commencera à réduire ses achats d’actifs. Les prix à la consommation ont augmenté de 0,8 % en avril par rapport à mars; il s’agit d’une hausse annuelle de 4,2 %, soit le double de la cible supérieure de 2 % de la Fed. La banque centrale américaine a insisté sur le fait qu’elle considère la hausse de l’inflation comme « passagère », mais le procès-verbal d’une réunion d’avril sur la politique monétaire révèle qu’elle est prête à agir si la hausse des prix devait se poursuivre.
À la fin de mai, le président Biden a ordonné aux services de renseignement américains de redoubler d’efforts dans leur enquête sur les origines de la COVID-19. Beijing a riposté et accusé les États-Unis de « manipulation politique et recherche de bouc émissaire ».
Le président Biden rencontrera le président russe Vladimir Poutine le 16 juin en Suisse, à un moment où les relations entre les deux puissances sont à leur plus bas niveau depuis la fin de la guerre froide. Les tensions ont récemment été exacerbées après l’imposition de sanctions aux entreprises russes et l’expulsion de diplomates russes par l’administration Biden, tandis que l’alliée de la Russie, la Biélorussie, a détourné un avion de Ryanair pour arrêter un dissident politique influent. À l’occasion du Memorial Day, les États-Unis et leurs alliés, dont le Canada, ont envoyé un message à la Russie avec l’opération baptisée « Allied Sky ». Sur une période de 12 heures, près de 100 aéronefs de 22 pays membres de l’OTAN se sont réunis pour survoler tous les pays qui composent l’Alliance de l’Atlantique Nord.
Les actions américaines ont légèrement progressé en mai et ont inscrit un rendement de 0,70 %. Selon le fournisseur de données des marchés financiers Refinitiv, les sociétés de l’indice S&P 500 ont dépassé les prévisions de bénéfices de 3,6 %, en moyenne, depuis 1994. Pendant cette période de publication des bénéfices, les sociétés ont fait mieux que les prévisions par une moyenne de 22,8 %. Grâce à ces solides résultats, l’indice S&P 500 est en voie d’afficher la plus forte croissance des bénéfices des sociétés depuis 2010 et continue de soutenir notre surpondération des actions américaines.
Europe et Royaume-Uni – Faire passer la COVID-19 à l’histoire
Dans ses perspectives économiques les plus récentes, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a considérablement amélioré les perspectives de croissance du Royaume-Uni. En revanche, elle a également déclaré que le Royaume-Uni subirait les dommages économiques les plus importants à long terme parmi tous les pays du G7 à cause de la double incidence de la COVID-19 et du Brexit.
L’OCDE, qui prévoit une croissance du PIB de 7,2 % en 2021, considère que celle-ci découle de l’efficace programme de vaccination du Royaume-Uni. Au 31 mai, selon Our World in Data, environ 60 % de la population avait reçu au moins une dose. La cible est une réouverture totale des lieux publics en juin, mais le premier ministre britannique Boris Johnson affirme que la prudence est de mise puisque le nouveau variant indien du virus pourrait faire dérailler ces plans.
Le marché boursier du Royaume-Uni reste en grande partie modéré. L’indice FTSE 100 (actions du Royaume-Uni) a progressé de 1,08 % en mai, ce qui en fait l’indice de référence le moins performant de l’Europe de l’Ouest. Les marchés semblent avoir déjà largement pris en compte la reprise, même si Bloomberg Intelligence estime que la valorisation de l’indice reste attrayante en se négociant à un prix inférieur d’environ 25 % par rapport à l’ensemble du marché de l’UE. L’action Stoxx 50 (actions de l’UE) a progressé de 2,5 % en mai.
Partout en Europe, l’intensification de la vaccination et l’assouplissement graduel des restrictions ont suscité de l’optimisme, en particulier dans les pays qui dépendent le plus du tourisme. L’économie espagnole a reculé de près de 11 % en 2020, mais le marché boursier espagnol (mesuré par l’indice IBEX 35) a progressé de plus de 3,9 % en mai. La Commission européenne a estimé que l’économie de l’UE connaîtra une croissance moyenne de 4,2 % cette année, soit une amélioration importante après une contraction économique de 6 % dans les pays membres en 2020.
Chine – Rapide comme l’éclair
Les exportations chinoises ont bondi grâce à la demande enthousiaste des économies mondiales, qui continuent de se redresser rapidement. En avril, les exportations chinoises ont progressé de 32,3 % par rapport à avril 2020, tandis que les importations bondissaient de 43,1 % grâce à l’accroissement de l’appétit national et à la hausse des prix des produits de base. Malgré cette excellente performance des importations, l’excédent commercial de la Chine s’élevait à 42,85 milliards de dollars américains en avril.
L’indice composé de Shanghai a progressé de 5 % en mai. À la fin du mois de mai, les investisseurs ont acheté près de 50 milliards de yuans (7,7 milliards de dollars américains) d’actions de catégorie A par l’intermédiaire du programme « China Stock Connect », qui permet aux investisseurs internationaux d’échanger des actions cotées sur le marché national chinois.
Japon – La COVID-19 aux commandes
Les Jeux olympiques d’été devraient débuter le 23 juillet, mais le Japon s’efforce de contrôler les infections au coronavirus. Le premier ministre Yoshihide Suga a récemment annoncé une prolongation de 20 jours de l’état d’urgence pour lutter contre la COVID-19. La lenteur du déploiement de la vaccination et les nouveaux variants du virus ont contribué aux pics atteints à Tokyo et à Osaka. Seulement environ 8 % de la population japonaise est vaccinée.
Selon de récents sondages, la plupart des Japonais sont en faveur de l’annulation ou du report, mais M. Suga est déterminé à aller de l’avant. Les investisseurs craignent également que les Jeux déclenchent une nouvelle éclosion et provoquent une instabilité politique qui exercerait des pressions sur le marché boursier japonais. Selon une étude de l’Université d’Oxford, le Japon dépensera environ 15,4 milliards de dollars américains pour accueillir les Jeux olympiques, ce qui en fera les Jeux les plus coûteux jamais organisés.
L’indice Nikkei s’est légèrement redressé après un repli en avril et a enregistré un rendement de 0,16 % en mai. L’optimisme provient principalement des efforts déployés par le gouvernement pour accélérer la vaccination, de la baisse du nombre de cas quotidiens et de la dévaluation du yen, qui devrait stimuler les exportations.
Notre stratégie
La hausse de l’inflation a été une priorité pour de nombreux investisseurs. Nous pourrions entrer dans une période de hausse continue de l’inflation. Ou nous traversons peut-être simplement une période de chiffres élevés temporaires en raison de la comparaison avec une base qui est inférieure, après des reculs abrupts en 2020 et des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. Nous en saurons plus les mois prochains, alors que nous commençons à nous éloigner de la pandémie.
Nous croyons que l’inflation pourrait rester légèrement plus élevée à cause de facteurs comme la hausse des prix des produits de base et les changements qui pourraient être apportés aux chaînes d’approvisionnement, mais nous pensons aussi que des taux d’inflation beaucoup plus élevés sont temporaires. Les taux obligataires sont stationnaires depuis le premier trimestre, preuve que de nombreux intervenants sur le marché sont d’accord. Notre exposition aux titres à revenu fixe de base est moins touchée par les fluctuations des taux, étant donné l’accent que nous mettons sur les obligations à court et à moyen terme.
Globalement, nous restons modérément optimistes et nous maintenons notre légère surpondération des actions américaines en raison de politiques budgétaires et monétaires toujours expansionnistes, ainsi qu’en raison de la diversité et de la qualité des sociétés aux États-Unis.
Le mot de la fin
« Tu vas faire comme dans l’infanterie, tu te tires ailleurs. »
- Biff Tannen, Retour vers le futur
La troisième vague de COVID-19 semble refluer dans la plupart des grandes économies. Le Canada est un peu au point mort quant à son état de préparation en vue de la réouverture, mais une forte hausse des taux de vaccination nous met sur la voie de sortie de la paralysie provoquée par la pandémie, ce qui devrait accélérer la croissance du PIB après un ralentissement prévu au deuxième trimestre.
Nous sommes enfin sur le point de revenir à notre ancien mode de vie. Peut-être que rien ne le symbolise plus que le retour des partisans dans les arénas de la LNH et de la NBA, et que l’effondrement des Leafs à la septième partie.
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