« L’humanité joue depuis longtemps la montre à l’égard du changement climatique. Il est minuit moins une à l’horloge de la fin du monde et nous devons agir maintenant. »
Boris Johnson, premier ministre du Royaume-Uni
Le monde affronte dorénavant deux grandes menaces qui pèsent sur sa santé et sa prospérité : la pandémie et le réchauffement climatique. Pour trouver des solutions, les dirigeants des plus grandes économies mondiales se sont rencontrés en personne pour la première fois depuis le début de la pandémie, pendant le sommet du G20 en Italie et la conférence des Nations Unies sur le climat, en Écosse.
À Rome, la vaccination était en tête de l’ordre du jour. Les pays riches comme le Canada se sont engagés à donner des centaines de millions de doses de vaccin et d’apporter de l’aide aux pays les plus pauvres. L’attention s’est reportée sur les négociations sur le climat, qui se sont poursuivies à Glasgow. L’objectif de la COP26 est de s’entendre sur suffisamment de mesures concrètes pour réduire les émissions et plafonner la hausse moyenne de la température mondiale à 1,5 degré Celsius, en visant un monde carboneutre d’ici 2050. Une crise ne se transforme pas nécessairement en catastrophe, mais le temps presse.
Par ailleurs, le nombre de décès liés à la pandémie a atteint 5 millions à l’échelle mondiale. Dans la plupart des pays, le nombre de cas de COVID-19 et de décès qu’elle a provoqués a montré des signes de ralentissement par rapport aux pics du printemps et de l’été (à l’exception des points chauds en Europe et en Russie). Puisque plus de 3 milliards de personnes sont complètement vaccinées, cette tendance à la baisse persistera, espérons-le, et permettra aux économies de se rapprocher du mode de vie d’avant la pandémie.
Une nouvelle ère en matière de politique monétaire pourrait se profiler à l’horizon. La forte inflation, les données positives en matière d’emploi et la croissance économique incitent les banques centrales à réduire progressivement leurs massives dépenses de relance. Viendra ensuite une accélération de la hausse des taux d’intérêt par rapport à leurs niveaux extrêmement bas actuels. La Banque du Canada (BdC) a fait preuve d’audace, ce qui a provoqué un bond des taux obligataires canadiens en octobre. La Réserve fédérale américaine (la Fed) commencera à réduire ses achats d’obligations ce mois-ci.
Après un fort recul en septembre, les marchés boursiers ont repris leur ascension. Les bénéfices demeurent robustes et l’optimisme demeure, compte tenu de la demande refoulée et de l’énorme surabondance d’épargne que les consommateurs ont hâte de dépenser.
Canada – La première grande nation à mettre fin à l’assouplissement quantitatif
À la fin du mois d’octobre, la Banque du Canada (BdC) a annoncé qu’elle maintiendrait son taux directeur à 0,25 %, où il se trouvait depuis le début de la pandémie, mais a indiqué qu’elle augmenterait les taux à partir du deuxième trimestre de 2022. Tiff Macklem, le gouverneur de la BdC, a ajouté que la hausse des prix de l’énergie et les goulots d’étranglement de l’offre continueront de pousser l’inflation à la hausse avant qu’elle ne redescende aux alentours de 2 % l’année prochaine. La banque centrale a mis fin à son programme d’achat d’obligations, qu’elle avait mis en place pour que les prêts restent bon marché dans le but de stimuler l’économie. La BdC a agi en raison de la forte croissance de l’emploi, de taux de vaccination élevés, de la robuste croissance économique et des préoccupations liées à la persistance de l’inflation.
En août, le PIB a progressé de 0,4 %. Les données préliminaires de septembre sont essentiellement stables, ce qui place l’économie canadienne 1 % en dessous du sommet qu’elle avait atteint avant la pandémie. Les secteurs les plus touchés – l’hébergement, la restauration et le transport aérien – se redressent. Cependant, les ventes manufacturières et au détail sont à la traîne à cause d’une pénurie de matières premières et de produits. La BdC a récemment révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour le troisième trimestre, les faisant passer de 7,3 % à 5,5 %. Signe encourageant, 157 000 nouveaux emplois ont été créés en septembre; les données sur l’emploi sont donc meilleures qu’avant la pandémie de coronavirus.
Les prix du pétrole ont retenu l’attention; ils ont atteint leur plus haut niveau depuis octobre 2014, le baril de West Texas Intermediate (WTI) atteignant 85,40 $ US le baril. Bien que la demande globale reste bien en deçà des niveaux d’avant la pandémie, les prix du pétrole ont augmenté de 20 %. Le resserrement de l’offre, l’épuisement des stocks et la substitution de combustible provoquée par les pénuries de charbon et de gaz ont contribué à cette hausse. Les conditions météorologiques et la probabilité que les producteurs de pétrole comme l’OPEP+ n’augmentent pas leur production augmentent l’incertitude.
Le marché boursier a atteint des sommets historiques. L’indice composé S&P/TSX a inscrit un rendement de 5,1 % en profitant de l’optimisme du début du mois après le recul de 2,2 % enregistré en septembre, et d’une performance musclée du secteur de l’énergie. Le billet vert américain s’est déprécié, mais l’or s’est redressé, à 1 790 $ US l’once. Après l’annonce plus vigoureuse que prévu de la BdC, qui s’ajoute aux inquiétudes liées à la hausse de l’inflation, le taux de rendement des obligations d’État à 10 ans a grimpé à 1,69 %.
États-Unis – La réduction des mesures de relance est sur le point de commencer
Au troisième trimestre de 2021, la croissance de la plus grande économie mondiale a ralenti à un taux annualisé de 2 %, son rythme le plus lent depuis le milieu de 2020. La propagation du variant Delta a limité les dépenses de consommation liées aux loisirs et aux voyages. Les goulots d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement ont également rendu les produits difficiles à trouver, surtout les automobiles. Les dépenses de consommation, qui représentent environ 69 % de l’économie américaine, n’ont augmenté que de 1,6 % au troisième trimestre, après avoir progressé de 12 % au deuxième.
Vers la fin du troisième trimestre, le variant Delta a fait grimper le nombre de demandes de prestations d’assurance-chômage, mais un recul du nombre de cas en octobre a fait baisser le nombre de demandes hebdomadaires à un nouveau creux en période de pandémie. Les États-Unis ont perdu plus de 750 000 personnes à cause de la COVID-19, soit plus que tout autre pays. La moyenne des nouvelles infections quotidiennes oscille actuellement autour de 72 000, soit une baisse de 58 % depuis un sommet de 172 500 infections pendant la quatrième vague, le 13 septembre. Le nombre d’infections a chuté dans toutes les régions des États-Unis, surtout dans le Sud, qui a été le plus touché par l’éclosion du variant Delta. Les taux d’immunisation ont lentement augmenté : environ 58 % de tous les Américains sont entièrement vaccinés.
Lors du sommet des dirigeants du G20 à Rome, le président Joe Biden a reproché à la Russie et à la Chine de ne pas avoir soutenu les initiatives du G20 visant à lutter contre les changements climatiques. Il a souligné l’absence de mesures concrètes de la part de ces pays, alors qu’elles sont nécessaires pour atteindre les cibles énoncées dans l’Accord de Paris sur le climat. Il a averti les dirigeants mondiaux qu’il fallait en faire plus et les a invités à relever le défi à l’occasion de la conférence sur les changements climatiques de la COP26, qui se tient en Écosse jusqu’au 12 novembre.
L’inflation aux États-Unis a atteint son plus haut niveau en près de 30 ans. Le 3 novembre, la Fed a annoncé qu’elle allait commencer à réduire ses achats mensuels d’obligations de 120 milliards de dollars américains. Habituellement, une fois l’assouplissement quantitatif terminé, les banques centrales relèvent les taux d’intérêt pour contrer l’inflation.
Stimulés par la solidité des données fondamentales, les marchés boursiers américains ont poursuivi leur ascension jusqu’à des sommets historiques. L’indice S&P 500 a progressé de 7,01 % en octobre.
Europe – La courbe des cas va dans la mauvaise direction
En octobre, l’inflation globale de la zone euro a dépassé les attentes et s’est établie à 4,1 %, grâce à des prix de l’énergie élevés, à la hausse de la demande et au resserrement actuel de l’offre. Les décideurs de la Banque centrale européenne (BCE) s’attendent à ce que l’inflation dépasse 2 % l’an prochain, mais n’arrivent pas à s’accorder sur son maintien à un niveau supérieur à la cible en 2023. La BCE a résisté au marché qui avait misé sur une hausse de taux d’intérêt l’an prochain.
Au troisième trimestre, le PIB désaisonnalisé de la zone euro et de l’UE a augmenté de 2,2 % et de 2,1 %, respectivement. Par ailleurs, l’Allemagne a éprouvé des difficultés lorsque la pénurie de puces a paralysé la fabrication automobile. La plus grande économie d’Europe a réduit ses prévisions de croissance pour 2021 à 2,6 %. Cependant, elle s’attend à une forte expansion l’année prochaine et a relevé ses prévisions à 4,1 % avant que la croissance ne se normalise à 1,6 % en 2023. Selon l’indice GfK Consumer Climate, la confiance des consommateurs allemands s’est améliorée : elle est passée de 0,4 point en octobre à 0,9 point en novembre. D’autres hausses de prix semblent probables, de sorte que les citoyens passent de l’épargne à l’achat.
L’Europe est la seule grande région où les chiffres de la COVID-19 vont dans la mauvaise direction. Au cours de la dernière semaine d’octobre, les cas et les décès ont augmenté de 18 % et 14 %, respectivement. La faiblesse des taux de vaccination en Europe de l’Est a contribué à cette tendance haussière; les taux de vaccination complets en Roumanie et en Ukraine ne sont que de 30,7 % et 16,5 %, respectivement. Les gens évitent des inoculations facilement accessibles parce qu’ils ne font pas confiance aux autorités.
En octobre, les indices Euro Stoxx 50, FTSE 100 et DAX ont respectivement progressé de 5,9 %, 3,4 % et 4,2 %.
Japon – Une croissance anémique
Le Parti libéral-démocrate (LDP) au pouvoir sous la direction du nouveau premier ministre Fumio Kishida a remporté une majorité parlementaire aux élections générales d’octobre.
Au troisième trimestre, l’économie japonaise a progressé à un taux annualisé de 0,8 %. La banque centrale japonaise s’est engagée à maintenir une politique monétaire expansionniste, même si les autres pays réduisent leurs dépenses de relance. La cible pour les taux d’intérêt à court terme reste à -0,1 % et autour de 0 % pour les taux de rendement des obligations à 10 ans. L’inflation devrait rester bien en deçà de 2 % pendant au moins deux années supplémentaires. Bien que la hausse des prix des matières premières ait propulsé l’inflation des prix de gros à un sommet de 13 ans en septembre, la faiblesse de la demande intérieure a maintenu l’inflation proche de zéro. Les ventes au détail ont reculé de 3,2 % et de 0,6 % en août et en septembre, respectivement.
En octobre, l’indice Nikkei a inscrit un rendement de 4,2 %, s’étant redressé après un recul en début de mois.
Chine – Un PIB décevant
Le 29 octobre, Evergrande, un promoteur immobilier chinois lourdement endetté, faisait face à la date limite finale du paiement d’un coupon de 47,5 millions de dollars américains dû un mois plus tôt. Il a fait son paiement en évitant le défaut de paiement pour plus de 19 milliards de dollars américains d’obligations internationales. C’était un peu moins d’une semaine après un autre paiement de coupon de 83,5 millions de dollars américains à la dernière minute. Les difficultés d’Evergrande ont pris le devant de la scène lorsque Beijing a accru les restrictions sur les niveaux d’endettement excessifs dans le secteur de l’immobilier, qui représente environ 25 % du PIB de la Chine, lorsque l’on intègre les secteurs connexes. Le secteur immobilier chinois a une dette totale de 5 000 milliards de dollars américains, ce qui est à peu près égal au PIB du Japon, la troisième économie mondiale. L’accroissement des restrictions touche d’autres promoteurs chinois. Kaisa Group et Yango Group ont vu leur cote de crédit baisser et le cours de leur action reculer en raison d’un accès médiocre au financement.
Au troisième trimestre, le PIB de la Chine a augmenté d’un décourageant 4,9 % par rapport à il y a un an, en baisse face à des attentes d’expansion de 5,2 %. La production industrielle n’a progressé que de 3,1 % en septembre, soit moins que les 4,5 % prévus. La hausse des prix du charbon et une pénurie d’électricité ont poussé les autorités à imposer des coupures d’électricité, forçant de nombreuses usines à interrompre la production. Beijing a depuis souligné qu’elle veillera à la disponibilité du charbon et de l’électricité à l’avenir. La croissance a également été entravée par le resserrement de la réglementation dans des secteurs comme les technologies et l’immobilier.
L’indice Hang Seng a progressé de 4,65 % en octobre. En ce qui concerne l’indice composé de Shanghai, des chiffres de croissance inférieurs aux attentes ont provoqué une chute de 1,3 % à la fin du mois d’octobre.
Notre stratégie
Après avoir fait une pause pendant un mois, les marchés boursiers atteignent de nouveau des sommets record. L’indice S&P 500 a progressé de 110 % depuis les creux de mars 2020. Nous ne nous attendons pas à ce que les rendements futurs correspondent à l’exubérance des 18 derniers mois, mais les actions font preuve de vitalité et présentent un potentiel de rendement, même si des risques importants persistent.
À l’inverse, nous nous attendons à ce que le resserrement de la politique monétaire mette les obligations en difficulté. En plus de la réduction de l’offre d’obligations par les banques centrales, les taux d’intérêt devraient augmenter au début ou au milieu de 2022. Notre positionnement dans des obligations moins sensibles aux taux d’intérêt devrait atténuer une bonne partie des répercussions, mais il est peu probable que les rendements à court terme de cette catégorie d’actif soient positifs.
Pour être clairs, nous croyons fermement que les obligations sont une composante essentielle d’un portefeuille équilibré et diversifié, mais selon nous, les actions offrent actuellement une meilleure proposition de valeur. En plus de notre claire surpondération des actions américaines, nous avons laissé progresser nos pondérations des actions canadiennes et internationales, tout en demeurant dans une fourchette étroite, les actions surpassant les obligations.
Le mot de la fin
L’avenir nous dira si nous sommes à un tournant dans la pandémie, l’inflation et les changements climatiques.
Le 4 novembre, l’Agence internationale de l’énergie a déclaré que l’on pourrait limiter le réchauffement climatique à une hausse de 1,8 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels d’ici 2100, si tous les engagements de la COP26 sont respectés à temps. Ce serait une bonne nouvelle, puisque l’ONU a annoncé en septembre que la planète se dirigeait vers une hausse de 2,7 degrés.
Le Oxford Dictionary vient de faire de « vax » son mot de l’année, un hommage aux 3,9 milliards de personnes qui sont au moins partiellement vaccinées et un coup de chapeau à la science qui nous a libérés des menaces que faisait peser la COVID-19 sur la santé et économie.
Les banques centrales ferment le robinet des mesures de relance extraordinaires en tentant de trouver un équilibre entre le soutien à l’optimisme et la gestion de l’inflation.
Rien n’est acquis, mais il y a des signes d’espoir.
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