Persévérance
« Je suis en sécurité sur Mars. Peu importe où vous choisirez d’aller, je vous y mènerai. »
Gazouillis de l’astromobile Perseverance envoyé sur Mars par la NASA
Près de sept mois après son lancement de Cap Canaveral, en Floride, et un parcours de 470 millions de kilomètres dans l’espace, l’astromobile Perseverance de la NASA a atterri sur Mars le 18 février. L’objectif principal de la mission lancée en 2013 est de trouver des traces d’une vie microbienne passée. La mission repose sur la quête perpétuelle qui consiste à savoir si nous sommes seuls dans notre univers.
Perseverance s’est posé près du cratère de Jezero, une région qui, selon les scientifiques, était autrefois couverte de cours d’eau, un élément essentiel à la vie. Le robot collecte des échantillons de sol et de l’air de la planète rouge qui seront analysés sur Terre.
Perseverance dispose d’un petit hélicoptère appelé Ingenuity, qui a déjà appelé à la maison. Si tout va bien, l’appareil deviendra ce printemps le premier à voler sur une autre planète. Ingenuity offrira une meilleure compréhension d’autres atmosphères et aidera à orienter les prochaines missions dans le système solaire.
Pendant ce temps sur la Terre nous sommes toujours aux prises avec une pandémie qui a coûté la vie à plus de 2,5 millions de personnes en plus de plonger l’économie dans le chaos. Pourtant, le développement étonnamment rapide de vaccins contre la COVID-19 est porteur d’espoir. À mesure que la vaccination progresse, quoique lentement, nous anticipons une reprise généralisée de l’activité qui devrait donner lieu à un fort rebond de l’économie à court terme.
Tout comme les sept minutes d’angoisse pendant lesquelles l’astromobile a traversé à toute vitesse le ciel martien avant de toucher le sol, le mois de février a été marqué par de la turbulence sur les marchés des actions et des titres à revenu fixe.
Même si la plupart des marchés boursiers ont clôturé la période en territoire positif, leur parcours a été plutôt cahoteux. Durant la deuxième moitié de février, la soudaine hausse des taux des obligations d’État a fait reculer les marchés. Les observateurs du marché s’inquiétaient d’une surchauffe de l’économie, compte tenu des bénéfices supérieurs aux attentes, de la réouverture des entreprises et de l’ampleur des mesures de relance budgétaires annoncées. La situation a fait reculer les actions, surtout dans le secteur effervescent des technologies.
Canada – Un atterrissage en douceur
Le mois de février a donné des signes encourageants de diminution des cas de COVID-19 partout au Canada. Au début de mars, les nouveaux vaccins d’AstraZeneca et de Johnson & Johnson ont été approuvés, ajoutant ainsi aux vaccins existants de Pfizer et de Moderna. Même si le taux de vaccination au Canada est en net retard par rapport à celui d’autres pays développés, le pays devrait avoir reçu un total de huit millions de doses de vaccin d’ici la fin mars, ce qui porte à croire que cette pandémie pourrait bientôt ne plus être qu’un douloureux souvenir.
Le marché boursier canadien a progressé en février, comme en témoigne le rendement de 4,03 % enregistré par l’indice S&P/TSX pour le mois. Dans un récent sondage de Reuter, les gestionnaires de portefeuille ont exprimé un regain d’optimisme à l’égard de la reprise économique au Canada, estimant que l’indice allait poursuivre sa hausse d’ici la fin de l’année. Les prix de divers produits de base, dont le pétrole, étaient en forte augmentation à la fin de février. La tonne de cuivre a franchi la barre des 9 000 $ US, atteignant un sommet de huit ans. Le prix du baril de Western Canadian Select (WCS) demeure inférieur à celui du West Texas Intermediate (WTI) qui s’est approché des 64 $ US. Grâce à la vigueur des produits de base et du pétrole, les sociétés des secteurs de l’énergie et des mines, comme Whitecap Resources et Franco Nevada, sont devenues des locomotives du S&P/TSX.
Les bénéfices de toutes les banques canadiennes ont dépassé les prévisions du marché. Les secteurs de l’énergie et des services financiers ont tous deux contribué à la solide performance de l’indice. La technologie semble perdre la faveur des investisseurs. Shopify a encore une fois fait les manchettes, mais cette fois-ci, comme étant l’un des principaux titres ayant miné le rendement de l’indice. Les services publics et les matières premières continuent d’éprouver des difficultés. Les prix de l’or ont chuté sur fond de hausse des taux obligataires et d’appréciation du dollar.
L’augmentation du taux des obligations canadiennes à 10 ans a entraîné une accentuation de la courbe des taux. La hausse des taux de rendement a favorisé le dollar canadien, mais elle a exacerbé les inquiétudes concernant les valorisations élevées du secteur des technologies.
Le marché canadien de l’habitation continue de battre des records. Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a mentionné que le marché canadien de l’habitation commençait à montrer des signes de surévaluation et a rappelé aux acheteurs que la hausse vertigineuse des prix ne durerait pas indéfiniment. Malgré la flambée des prix sur le marché de l’habitation, nous nous attendons à ce que la banque centrale maintienne son taux d’intérêt de 25 points de base jusqu’à ce que le taux de chômage de 9,4 % s’améliore et que l’inflation de base se rapproche de sa cible de 2 %.
Le 2 mars, Statistique Canada a publié une estimation éclair selon laquelle le PIB avait augmenté d’environ 0,5 % en janvier, ce qui témoigne bien de la résilience économique du Canada.
États-Unis – En quête d’optimisme
Le mois de février a été marqué par la volatilité sur les marchés financiers et les conditions météorologiques extrêmes. Les indices boursiers américains se sont redressés au début du mois après avoir reculé à la fin de janvier en raison de la spéculation engendrée par Reddit. La progression des marchés s’est effectuée dans le sens contraire des températures qui ont chuté dans le sud des États-Unis. Les tempêtes hivernales et le long épisode de froid ont provoqué des pannes d’électricité dans de nombreux États, en particulier au Texas. Les prix du gaz naturel ont monté en flèche et les prix du pétrole brut ont dépassé les 60 $ US, atteignant des niveaux d’avant la pandémie.
La remontée des titres technologiques a été brusquement interrompue par la hausse vertigineuse des taux des obligations d’État américaines causée par les perspectives d’une reprise économique rapide. La hausse des taux de rendement est un signe d’optimisme à l’égard des perspectives de l’économie, mais elle peut aussi annoncer une hausse potentielle de l’inflation qui inciterait les banques centrales à relever les taux d’intérêt. Une telle situation a un effet négatif sur les cours des actions et une incidence démesurée sur les sociétés technologiques, en particulier en raison de leurs multiples de capitalisation plus élevés.
La dégringolade rapide du secteur des technologies qui a eu lieu en février a été freinée par le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell qui a dissipé les craintes d’une hausse des taux. Il a souligné que l’inflation, la production et l’emploi demeurent bien en deçà des cibles de la Fed. Même si le taux des obligations du Trésor américain à 10 ans a atteint 1,37 %, son plus haut niveau en un an, il est peu probable que cela entraîne une rotation des actions vers les titres à revenu fixe.
Les progrès se poursuivent sur le front de la lutte contre la COVID-19. Le nombre quotidien de cas diminue depuis six semaines et les hospitalisations ont baissé pour atteindre des niveaux d’avant l’Action de grâce américaine. Les États-Unis, avec le Royaume-Uni, demeurent en tête des pays du G7 pour ce qui est du nombre de doses administrées, et ont l’intention d’accélérer le rythme de vaccination. À la fin de février, la Food and Drug Administration américaine a autorisé l’utilisation d’urgence du vaccin à dose unique de Johnson & Johnson (J&J), ce qui en fait le troisième vaccin de l’arsenal américain. La société a commencé à expédier des doses deux jours plus tard. D’ici la fin de juin, J&J devrait livrer 100 millions de doses aux gouvernements des États et aux administrations locales.
L’optimisme quant à la pandémie s’est propagé aux marchés du travail. Le nombre de travailleurs qui ont demandé des prestations d’assurance-chômage a continué de diminuer. Le taux de chômage en janvier a reculé, passant de 6,7 % en décembre à 6,3 %. Cette tendance devrait se poursuivre tant et aussi longtemps que les opérations de vaccination se dérouleront sans accroc.
L’indice S&P 500 affichait un rendement de 1,71 % à la fin de février, même après avoir cédé une partie de ses gains impressionnants réalisés au début du mois. La volatilité devrait persister, mais les investisseurs s’attendent à ce que le programme de relance du président Joe Biden, dont la valeur s’élève à 1 900 milliards de dollars américains, apporte un soutien supplémentaire à court terme. Ils craignent toutefois que ce vaste train de mesures provoque une surchauffe de l’économie.
Europe et Royaume-Uni – Lancement de la relance
L’économie européenne a fortement rebondi après la levée des mesures de confinement, rebond qui a connu néanmoins quelques soubresauts récemment. En Europe, l’indice des directeurs d’achats (PMI) du secteur des services est demeuré inférieur à 50, le point de bascule entre la croissance et la contraction. L’indice PMI du secteur manufacturier a continué de se rapprocher de 55. Même si la distribution des vaccins s’effectue plus lentement qu’aux États-Unis, il semble que l’inflation continuera de s’accélérer dans la région, principalement en raison de la hausse de la demande d’exportations.
L’Union européenne (UE) a démontré son soutien indéfectible à l’économie en déployant son plus important train de mesures de relance. Le plan de relance « Next Generation EU », d’une valeur de 750 milliards d’euros (917 milliards de dollars américains), a pour but de stimuler la croissance à long terme et d’atténuer les contrecoups de la pandémie sur les États membres.
La succession de bonnes nouvelles sur le plan de la vaccination à l’échelle mondiale et les perspectives d’un regain de la demande ont insufflé un vent d’optimisme chez les investisseurs à l’égard de la région. En février, l’indice FTSE 100 (actions du Royaume-Uni) et l’indice STOXX 50 (actions de l’UE) ont progressé de 0,78 % et de 2,65 %, respectivement.
Chine – Nouvel An lunaire
Chaque année, en janvier et février, le Nouvel An lunaire est l’une des fêtes les plus célébrées de la Chine. Au cours de ces deux mois, la consommation et les déplacements atteignent des sommets, ce qui donne un bon aperçu des tendances globales de la demande au cours d’une année normale. Or, les célébrations entourant le Nouvel An lunaire en 2020 et 2021 ont été exceptionnelles à bien des égards en raison de la COVID-19. Les restrictions sévères visant à prévenir la propagation du virus ont entraîné une réduction de 70 % des déplacements durant les festivités de 2021 célébrant le début de l’année du Buffle. Malgré les restrictions, la consommation intérieure a continué de se redresser, mais à un rythme plus lent qu’au cours des années précédentes.
La croissance de la production est demeurée vigoureuse, la Chine ayant rouvert ses entreprises bien avant les autres pays, ce qui a fait augmenter la demande de biens chinois. La reprise économique a été inégale, ce qui a retenu l’attention de Beijing. Le gouvernement a mis en place des mesures visant à éviter une surchauffe du secteur industriel et du marché de l’immobilier.
L’indice composé de Shanghai a enregistré un faible rendement de 1,04 % pour février.
Japon – Un atterrissage contrôlé
L’état d’urgence a été maintenu dans les régions les plus peuplées du Japon, celles de Tokyo, d’Osaka et de Kyoto. Le premier ministre Yoshihide Suga a décidé d’adopter une approche prudente et de chercher à limiter la propagation du virus afin d’éviter d’avoir à déclarer à nouveau l’état d’urgence.
La reprise rapide de la Chine depuis le milieu de 2020 a stimulé la demande d’exportations japonaises. La croissance de son PIB au quatrième trimestre de 2020 a dépassé les prévisions. L’économie a progressé à un rythme annualisé de 12,7 %, une cadence qui s’approche de celle d’avant la crise, et ce, malgré un recul de 4,8 % sur 12 mois. Toutefois, la progression demeure fragile, comme en témoigne le PIB réel de décembre qui a ralenti de 0,4 % par rapport au mois précédent.
Dans l’ensemble, le marché s’est principalement intéressé aux événements positifs; le Nikkei 225 a avancé de 5,59 %.
Notre stratégie
Malgré une soudaine hausse des taux obligataires, nous continuons de privilégier les actions par rapport aux titres à revenu fixe. D’un point de vue historique, les taux de rendement restent faibles. Nous trouvons le rapport risque-rendement des actions plus intéressant, même si la volatilité cette année pourrait persister en raison des valorisations élevées.
Nous préférons les actions américaines, car c’est aux États-Unis que se trouvent bon nombre des sociétés qui ont profité des nouvelles habitudes de travail et de divertissement à domicile en raison de la pandémie. Les perspectives favorables reposent également sur les généreuses mesures budgétaires et monétaires. L’accélération de la vaccination qui se déroule à un rythme soutenu est également une bonne nouvelle. Les vaccins placent les États-Unis en position de tête à l’échelle mondiale pour atteindre une immunité collective (bien que les variants du virus, ainsi que les enjeux de fabrication et de distribution, pourraient compromettre l’atteinte de l’objectif). Dans l’ensemble, nous croyons que l’économie américaine est bien placée pour rebondir cet été.
Même si nous surpondérons les actions depuis un certain temps, nous surveillons toujours de près le niveau préoccupant des valorisations et les nouvelles occasions qui pourraient se présenter dans la composante des titres à revenu fixe.
Le mot de la fin
L’incertitude persiste sur les marchés des obligations et des actions. On craint que les taux d’intérêt très bas, conjugués aux généreuses mesures de relance budgétaires et au taux d’épargne personnelle élevé, entraînent une forte croissance de la demande des consommateurs et une inflation galopante. Les banques centrales seraient alors obligées de relever les taux plus rapidement que prévu. Dans les circonstances actuelles, le marché pourrait voir une hausse des taux comme un facteur négatif. Cela dit, nous croyons que cette situation est improbable.
D’autres sources d’incertitude continuent de planer. Les opérations de vaccination, qui requièrent le déploiement d’importantes ressources et une grande logistique, se déroulent plus lentement que nous l’avions espéré. Nous ne savons pas si la possibilité de retourner au bureau de façon sécuritaire mettra fin au travail à distance. Nous ne savons pas non plus si les consommateurs diminueront leurs achats en ligne pour retourner en magasin lorsque l’économie reprendra.
Or, nous avons la certitude que : la persévérance et l’ingéniosité, deux qualités qui ont servi à envoyer des astromobiles sur Mars, nous permettront également de gagner la bataille mondiale contre le virus.
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