Une nouvelle version du film Le jour de la marmotte
« Toute votre vie, on vous répète de ranger votre chambre, de vous tenir droit, de cesser de vous traîner les pieds, de prendre vos responsabilités, d’être gentil avec votre sœur, de ne jamais mélanger la bière et le vin. Et, bien sûr, de ne pas conduire sur la voie ferrée. » – Phil Connors, Le jour de la marmotte
En 2020, et maintenant en 2021, nous avons tous eu parfois le sentiment d’être figés dans le temps. Comme si rien ne bougeait. La COVID-19 nous a plongés dans un confinement qui a provoqué un ralentissement économique.
Le jour de la Marmotte, le 2 février, Phil, la marmotte de Punxsutawney, en Pennsylvanie, a vu son ombre à la sortie de son terrier, prédisant ainsi six autres semaines d’hiver. Dans la comédie classique de 1993, Le jour de la marmotte, Bill Murray incarne Phil Connors, météorologue vedette d’une chaîne de télévision, qui est condamné à revivre le jour de la marmotte jusqu’à ce qu’il change sa façon de voir la vie.
Un membre de la garde rapprochée de la marmotte Phil de Punxsutawney a évoqué le caractère particulier de 2020 lors d’une conversation avec un journaliste. « Nous avons tous parfois eu l’impression de revivre la même journée, encore et encore. Le jour de la Marmotte nous permet aussi de comprendre que l’impression de tourner en rond prendra fin, que le cycle sera rompu. »
Les nombreux vaccins qui seront distribués nous permettront, espérons-le, de sortir de cette boucle sans fin.
Avant la dernière semaine de janvier, les marchés boursiers semblaient faire fi des données économiques plus faibles. Or, ils ont clôturé le premier mois de 2021 en légère baisse, comme en témoigne l’indice MSCI Monde qui affichait un recul de 0,70 %, en dollars canadiens. La Réserve fédérale américaine a de nouveau lancé une mise en garde contre les difficultés économiques à court terme. Les bénéfices, bien qu’ils aient été solides, n’ont pas été exceptionnels. Si l’économie se redresse plus rapidement que prévu pendant que les mesures de relance budgétaires et monétaires sont toujours en vigueur, nous pouvons nous attendre à une certaine inflation.
Canada – En attendant le printemps
Le Canada déplore plus de 20 000 décès liés à la COVID-19. La distribution de vaccins au pays a été ralentie par des retards et des perturbations de livraison. Ainsi, seulement 2,5 % de la population a été vaccinée. En revanche, le nombre de nouveaux cas quotidiens commence à diminuer depuis que de sévères mesures de confinement ont été instaurées dans de nombreuses provinces.
Le président Joe Biden a choisi de s’entretenir avec le premier ministre Justin Trudeau pour son premier appel téléphonique officiel à l’étranger, un signe qui montre sa volonté d’améliorer les relations entre les deux pays. L’approche du nouveau président fondée sur la science pour lutter contre la pandémie s’apparente beaucoup aux politiques du Canada, ce qui a également plu aux marchés.
Cette bonne nouvelle a néanmoins été tempérée par la rapidité avec laquelle M. Biden a mis fin au projet de pipeline Keystone XL qui visait à assurer le transport du pétrole brut de l’Alberta vers les États-Unis. La décision n’est pas surprenante, si l’on tient compte des propos tenus par M. Biden pendant la campagne électorale. Elle ne devrait pas nuire aux exportations actuelles de pétrole brut canadien vers les États-Unis. Une autre source de préoccupation est le décret signé par M. Biden qui vise à privilégier l’achat de produits américains (Buy American), car on ne sait pas quelles en seront les conséquences sur les intérêts canadiens.
L’indice S&P/TSX a commencé l’année 2021 du bon pied, profitant de la belle tenue des actions des producteurs de cannabis pour se hisser à des niveaux proches de ceux atteints avant la COVID avant de se replier en raison des craintes que suscite la recrudescence des infections. Au cours des dernières séances boursières de janvier, la volatilité a effectué un retour et a effacé la plupart des gains réalisés durant le mois. À la fin du mois, l’indice S&P/TSX avait progressé de 12,1 % depuis sa reprise amorcée en novembre, mais affichait une baisse de 0,32 % pour janvier.
L’optimisme des investisseurs canadiens a été alimenté grâce aux secteurs de la santé, de l’énergie et, dans une moindre mesure, des technologies. Les actions des producteurs de cannabis, comme Canopy et Aphria, ont stimulé le secteur de la santé, car les investisseurs espèrent que l’administration Biden se montrera plus favorable à la légalisation du cannabis. Du côté des technologies, le cours de l’action de BlackBerry s’est envolé, propulsé par les commentaires des internautes sur Reddit, et ce, malgré le communiqué publié par la société dans lequel elle affirmait que rien ne justifiait une hausse. Ce sont les secteurs des matières premières et des mines qui ont été principalement à la traîne. Les matières premières se sont repliées, en raison de l’appréciation du dollar canadien qui a fait fléchir les prix de l’or et du piètre rendement des sociétés d’engrais.
La Banque du Canada (BdC) a maintenu les taux d’intérêt à un creux record de 25 points de base, car elle estime que la résurgence du coronavirus et le prolongement des restrictions continueront de freiner notre économie. Sur une note plus positive, les perspectives globales sont plus favorables qu’en octobre, puisque la BdC considère maintenant les vaccins comme un remède à la paralysie de l’économie. La croissance de la consommation devrait rebondir au deuxième trimestre, grâce à l’argent injecté par le gouvernement dans le cadre de ses programmes d’aide. L’inflation s’établit à 0,7 % à l’heure actuelle et pourrait augmenter pour s’approcher de la cible.
Le marché du logement continue de jouer un rôle clé dans la reprise économique au Canada. Les longs déplacements ont fait place au travail à domicile, ce qui rend les maisons de banlieue plus attrayantes que les copropriétés en ville. Traditionnellement, la faiblesse des taux hypothécaires favorise la croissance des prix des logements à l’extérieur des agglomérations.
Le huard continue de se raffermir par rapport au billet vert.
États-Unis – Les enjeux politiques font de l’ombre
Au début de la nouvelle année, des émeutiers ont pris d’assaut le Capitole pour tenter de bloquer la confirmation de la victoire de Joe Biden par le collège électoral. Malgré la violence et les morts qui ont eu lieu durant l’émeute du 6 janvier, les membres du Congrès se sont réunis à nouveau plus tard ce soir-là pour voter et officialiser la victoire de M. Biden comme 46e président des États-Unis.
Le 20 janvier, quelques heures à peine après son investiture, le nouveau président a commencé à signer une série de décrets visant à annuler bon nombre des politiques de son prédécesseur. De fait, M. Biden a annoncé la réintégration des États-Unis à l’Accord de Paris sur le climat et à l’Organisation mondiale de la santé ainsi que la révocation de l’interdiction de l’immigration des musulmans.
Il a également tenu sa promesse électorale d’annuler le projet de pipeline Keystone XL et de favoriser les énergies renouvelables et propres. Le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, et le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, ont immédiatement critiqué cette décision. M. Trudeau fonde de grands espoirs pour un réchauffement de la relation entre les États-Unis et le Canada sous l’administration Biden, mais les choses ont plutôt mal commencé. M. Biden s’est empressé d’imposer des règles strictes pour inciter le gouvernement à acheter davantage de biens et services auprès d’entreprises américaines, ce qui devrait favoriser les fabricants américains au détriment des exportateurs canadiens.
Le secteur américain de la fabrication demeure résilient malgré les dommages causés par la pandémie, mais le secteur des services commence à montrer de nouveaux signes de faiblesse. En décembre, l’économie américaine a enregistré des pertes d’emplois pour la première fois depuis avril, au moment où les mesures de confinement ont entravé la reprise de façon temporaire. La baisse du nombre d’emplois non agricoles a été surtout concentrée dans le secteur des loisirs et de l’hôtellerie, où il s’est perdu près d’un demi-million d’emplois. Le ralentissement devrait être temporaire et il est peu probable que l’économie retombe en récession. À la fin de décembre, le Congrès a adopté d’autres mesures de relance à hauteur d’environ 900 milliards de dollars américains. Maintenant que les démocrates contrôlent à la fois la Chambre des représentants et le Sénat, les probabilités de voir d’autres mesures d’aide sont plus élevées. À la fin de janvier, le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, a réaffirmé son engagement à maintenir les taux d’intérêt bas jusqu’à ce que la reprise économique soit bien enclenchée et a déclaré que les achats d’obligations se poursuivraient.
La croissance du nombre de nouveaux cas de COVID-19 a atteint un sommet au début de janvier, mais les mesures de confinement semblent fonctionner. À la fin du mois, le taux d’infection était revenu à un niveau observé pour la dernière fois en novembre. L’administration Biden a commencé à mettre en œuvre un vaste programme fédéral pour lutter contre la pandémie. Grâce à la vaccination qui se poursuit, il semble que le pire soit passé pour les États-Unis.
Le mois de janvier a commencé en force, mais la volatilité qui est apparue à la fin du mois a effacé les gains réalisés; l’indice S&P 500 a reculé de 1,02 % au cours du mois.
Pendant ce temps, la saga électorale se poursuit. Le siège du Capitole a entraîné une nouvelle procédure en destitution de Donald Trump, dont le procès au Sénat pour « incitation à l’insurrection » commence le 9 février. Il devrait être acquitté à moins que les démocrates ne parviennent à convaincre assez de républicains pour obtenir les deux tiers des votes en faveur d’une condamnation.
Europe et Royaume-Uni – L’hiver se prolonge
Le Brexit est entré en vigueur à minuit le Jour de l’An à Bruxelles, mettant fin à la libre circulation des personnes, des biens et des services entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Le Royaume-Uni peut maintenant établir des politiques et négocier des accords commerciaux avec des États, membres ou non de l’Union européenne. De nombreuses questions sur la relation demeurent toutefois sans réponse.
Un variant du coronavirus plus contagieux et plus meurtrier a été découvert en Grande-Bretagne, ce qui a contraint le premier ministre britannique Boris Johnson à imposer un nouveau confinement à l’échelle nationale. Un litige concernant les exportations de vaccins d’AstraZeneca en Grande-Bretagne a jeté une ombre sur la nouvelle relation entre le Royaume-Uni et l’UE.
La Banque centrale européenne a acheté environ 1 850 milliards d’euros (2 250 milliards de dollars américains) d’obligations dans le but de maintenir les coûts d’emprunt bas et de soutenir les économies des pays membres. Les prévisions de croissance du PIB s’établissaient à 3,9 % pour 2021, mais l’atteinte de cette cible dépendra de la capacité de l’Europe, qui peine à se relever, à vacciner sa population contre la COVID-19.
L’incertitude politique plane à l’horizon. La chancelière allemande Angela Merkel quittera son poste en septembre, après l’élection du nouveau parlement national d’Allemagne. La démission du premier ministre italien Giuseppe Conte prolonge le chaos politique dans lequel est plongé le pays.
Les marchés ont eu de la difficulté à trouver une direction de sorte que l’indice FTSE 100 (actions du Royaume-Uni) et l’indice STOXX 50 (actions de l’UE) ont peu bougé en janvier.
Chine – La lumière au bout du tunnel
La Chine est la seule grande économie à avoir enregistré une croissance en 2020. Alors que la plupart des pays s’efforcent de soutenir les entreprises et de lutter contre une deuxième et une troisième vague de coronavirus, la Chine prend des mesures pour éviter une surchauffe de son économie. Beijing tente de limiter les prêts hypothécaires et de freiner la croissance galopante du marché immobilier.
Le pays devrait dépenser 10 600 milliards de yuans (1 600 milliards de dollars américains) d’ici 2025 pour développer des infrastructures de prochaine génération, notamment le réseau 5G et des bornes de recharge pour véhicules électriques. Ces dépenses s’inscrivent dans le grand projet de la Chine qui cherche à se transformer et devenir un géant des technologies plutôt qu’un fabricant de biens destinés à l’exportation.
La relation entre les États-Unis et la Chine évoluera sous l’administration Biden, mais il est trop tôt pour évaluer toutes les répercussions du changement à la présidence.
En janvier, l’indice composé de Shanghai a légèrement progressé de 0,29 %.
Japon – Un retour à l’hibernation
Le nombre de cas de coronavirus a bondi à Tokyo et dans les régions avoisinantes, forçant le gouvernement à déclarer l’état d’urgence pour une deuxième fois. Malgré l’engagement du gouvernement à soutenir l’économie, comme en témoigne son budget récemment adopté, les entreprises privées locales ont réduit leurs dépenses d’investissement de 3 %, ce qui en fait la baisse la plus importante depuis les années 1990. La campagne « Go To Travel » qui a pour objectif de relancer les secteurs populaires du tourisme et de la restauration a été suspendue afin de dissuader les gens de se rassembler.
Sur une note positive, l’économie japonaise a profité de la reprise en Chine, son marché d’exportation le plus important. En décembre, les exportations ont augmenté pour la première fois en deux ans, ce qui permet d’espérer une reprise. L’indice Nikkei a essentiellement fait du surplace, enregistrant un gain de 0,8 % en janvier.
Notre stratégie
Nous demeurons optimistes à l’égard des actions dans l’ensemble. Nos prévisions reposent sur l’appui des gouvernements et des banques centrales, des données économiques supérieures aux attentes au quatrième trimestre et de faibles perspectives de rendements des titres à revenu fixe. Les États-Unis demeurent notre région préférée, car bon nombre des sociétés qui profitent des changements liés à la pandémie y sont situées et d’autres mesures de relance devraient être déployées. Néanmoins, nous tenons compte des ratios plus élevés que présentent les actions américaines et d’une possible hausse de l’inflation. Les actions d’autres régions nous inspirent également une plus grande confiance étant donné les opérations de vaccination qui sont en cours dans le monde.
Le mot de la fin
« Vous savez, certaines personnes verront le verre à moitié vide, tandis que d’autres diront que le verre est à moitié plein. » Le jour de la marmotte
Oui, les inquiétudes persistent. La distribution de vaccins se fait lentement et les nouveaux variants représentent une menace. L’incertitude politique continue de planer. Le volume de liquidités est considérable en raison des mesures de relance et les taux d’intérêt sont faibles.
Même si nous demeurons piégés dans un cycle de COVID-19 qui nous semble interminable, il y a de l’espoir. La vaccination progresse. Les données économiques dépassent les attentes et les perspectives de croissance s’améliorent légèrement. Le FMI a récemment revu à la hausse ses prévisions de croissance mondiale, les faisant passer de 5,2 % à 5,5 % pour 2021, et à 4,2 % pour l’année prochaine.
Cette année, Phil de Punxsutawney a prédit que l’hiver se prolongerait de six autres semaines contrairement à la célèbre marmotte canadienne, Wiarton Willie, qui a annoncé un printemps hâtif. Pourquoi accordons-nous autant d’importance aux prévisions de ces rongeurs? À l’origine, le rituel du jour de la marmotte serait lié à l’astronomie. Le 2 février se présente à mi-chemin entre le solstice d’hiver et l’équinoxe du printemps de notre hémisphère. Au cours de cette période, les jours s’allongent et la noirceur cède tranquillement plus de place à la lumière.
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