Réimprimé avec la permission de Robert Kavcic, économiste principal et directeur général, BMO Marchés des capitaux.
Nous sommes au cœur de la période de présentation des budgets des provinces. Certaines provinces ont déjà dévoilé leur budget pour l’exercice 2022-2023. Nous présentons ici cinq thèmes émergents pour le groupe, d’un point de vue économique et budgétaire.
Croissance équilibrée
Même si les importantes disparités régionales en matière de croissance sont bien connues au Canada, cette année, toutes les provinces vont rebondir et connaître une croissance très forte supérieure au potentiel. Cela dit, nous plaçons l’Alberta en tête du peloton, grâce à l’effet important sur les revenus de la hausse des prix du pétrole, de la reprise du secteur de l’habitation et de ce qui semble être un niveau de confiance des consommateurs et des entreprises inégalées depuis la chute des prix du pétrole en 2014. Souvent, lorsque l’Alberta (et d’autres provinces productrices de pétrole) connaît un essor, d’autres régions du Canada tombent dans le marasme. Souvenez-vous que lorsque l’Alberta a affiché une croissance moyenne de 5,5 % entre 2011 et 2014, l’Ontario et le Québec n’ont enregistré qu’une croissance moyenne de 1,7 % et, durant deux de ces années, leur croissance s’était située dans la fourchette inférieure de 1 %. Il est cependant peu probable que ce soit le cas cette fois, puisque le centre du Canada devrait connaître, en moyenne, une croissance d’environ 3 % jusqu’en 2023. La vigueur du marché de l’emploi local et la faiblesse persistante du huard jouent en cette faveur.
Gains inespérés liés au pétrole
La province de l’Alberta prévoit un léger surplus de 511 millions de dollars canadiens pour l’exercice 2022- 2023. Ce sera le premier en huit ans. Le budget a été établi en fonction d’un cours de 70 $ CA pour le West Texas Intermediate (WTI) et d’un fonds d’urgence de près de deux milliards de dollars canadiens, ce qui laisse beaucoup de marge de manœuvre pour dégager ce surplus. La sensibilité de base de l’Alberta à ces niveaux signifie qu’une augmentation d’un dollar canadien du prix du pétrole ajoute environ 500 millions de dollars canadiens aux revenus de la province. De plus, compte tenu de la stabilité de la monnaie et de l’écart entre pétrole léger et pétrole lourd, il n’est pas difficile de concevoir une hausse des revenus de l’ordre de cinq à dix milliards de dollars canadiens, toutes choses étant égales par ailleurs. Les provinces de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Saskatchewan (en ajoutant le prix de la potasse) verront également d’importantes hausses.
Regard sur les élections
L’amélioration spectaculaire de la situation financière par rapport à l’année dernière ne pourrait pas survenir à un meilleur moment pour les quelques provinces dont la population se présentera aux urnes dans un proche avenir. Alors que l’exercice 2021-2022 se termine, rappelezvous que le déficit combiné des provinces (actuellement évalué à 24,6 milliards de dollars canadiens) était estimé à 76,2 milliards de dollars canadiens après la période du budget initiale il y a un an, ce qui représente une diminution considérable en cours d’exercice. Avec des coffres beaucoup mieux garnis (ou moins vides), l’Ontario a reporté le dépôt de son budget de 2022 à l’approche des élections du 2 juin; le Québec a déployé une mesure estimée à plus de 3 milliards de dollars (500 $ par personne ayant déclaré un revenu inférieur à 100 000 $ en 2021) sous la forme de versements remis directement aux contribuables avant les élections d’octobre 2022, et l’Alberta décidera sûrement de la meilleure façon de déployer ses gains inespérés avant mai 2023. Cela pourrait, dans l’ensemble, ajouter un soutien budgétaire supplémentaire, au moment où Ottawa diminuera le sien.
Emprunts
Comme la plus grande province n’a pas encore déposé son plan pour 2022, nous ne connaissons pas encore le montant final des emprunts, mais le total devrait demeurer élevé. Selon nos estimations, il se situerait entre 110 et 115 milliards de dollars canadiens, ce qui représente une baisse par rapport au sommet d’environ 150 milliards atteint lors de la pandémie, mais resterait tout de même supérieur au revenu annualisé avant la pandémie, qui se rapprochait de 80 milliards de dollars canadiens. Même si certaines provinces, comme l’Alberta, auront très peu à faire cette année, d’autres (voir Colombie-Britannique ci-dessous) envisagent un programme d’emprunt beaucoup plus actif.
Accent sur les écarts de taux
Tenez compte de deux grands thèmes dans les écarts de taux des obligations provinciales, à l’approche de la fin de la période des budgets. Premièrement, les tensions géopolitiques et les cycles de resserrement potentiellement dynamiques du gouvernement fédéral et de la Banque du Canada ont sérieusement ébranlé l’humeur à l’égard du risque et les actifs connexes. En effet, l’ensemble du groupe des provinces a vu les écarts de taux à 30 ans s’élargir jusqu’à 94 points de base (pdb) comparativement à ceux des bons du Trésor et des obligations du Canada au cours des derniers jours, alors qu’ils dépassaient à peine 70 pdb au début de l’année. Il ne s’agit pas d’une tarification de crise (elle avait atteint 130 pdb au début de la pandémie), mais elle est notamment dans la mesure où l’élargissement des écarts et la hausse des taux sous-jacents des obligations du gouvernement du Canada ont fait grimper les nouveaux coûts d’emprunt bien au-dessus des creux pour l’ensemble du groupe. Deuxièmement, il y a eu quelques changements significatifs dans les prix relatifs, sous la surface. Les rendements obligataires à long terme de l’Alberta s’approchent maintenant de ceux de l’Ontario, ce qui représente une légère augmentation de 23 pdb par rapport à l’année dernière (grâce au prix du pétrole, bien sûr). Pour la Colombie-Britannique en revanche, ce chiffre atteint des niveaux rarement observés en dehors des situations de crise. En outre, les perspectives budgétaires à court terme de la province sont moins prometteuses.
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